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À La Une - Web culture

La philosophie du virtuel, selon Fred Forest

Les internautes du monde entier sont invités par l’artiste Fred Forest à participer à une œuvre d’art multimédia dont la partie « physique » se trouve dans le Sud de la France, au sous-sol des Moulins d’Albi. Le reste vogue librement dans le cyberspace...

Fred Forest, artiste pionnier du multimédia.

Son site Internet le présente comme étant à l’origine de deux mouvements artistiques contemporains importants, l’art sociologique et l’esthétique de la communication. Il faut dire que Fred Forest a toujours été une sorte d’explorateur. D’expérimentateur. Depuis plus de trois décennies, il fabrique d’étonnantes œuvres multimédias qu’il expose virtuellement sur le Net, mais aussi dans de nombreuses galeries à travers le monde. En 2007, la Slought Foundation de Philadelphie lui a même consacré une grande rétrospective.
Autodidacte, il est titulaire d’un doctorat d’État de la Sorbonne et enseigne les sciences de l’information et de la communication... Depuis quelques jours donc, Fred Forest met en relation des internautes du monde entier avec une installation physique mise en œuvre dans la salle basse des Moulins d’Albi du centre d’art le LAIT.
Si l’œuvre, intitulée Flux et reflux, la caverne d’Internet, a pour lieu géographique les Moulins albigeois, elle se déploie aussi dans le cyberespace grâce à la participation notamment des Instituts français à l’étranger et plusieurs universités, dont celles de Brasilia, Sao Paulo, Porto Alegre, la New York University, la Slought Foundation de Philadelphie, la MSH de Paris Nord et... bonne nouvelle, l’Académie libanaise des beaux-arts de Beyrouth.
Une façon de concilier par l’art, selon l’artiste, la modernité la plus débridée à la tradition la plus reconnue, la ville d’Albi étant passé l’année dernière au patrimoine mondial de l’Unesco.
Voilà pour la forme. Pour le fond, Forest affirme que Flux et reflux, la caverne d’Internet revisite le mythe de la caverne de Platon. Trop intello ? Voyons plutôt ses
explications.
L’idée ? Elle lui serait venue en découvrant le site où il expose aujourd’hui, une immense salle en sous-sol faite de pierres rongées par le salpêtre et l’humidité des eaux du Tarn, qui envahissent les lieux une partie de l’année. « Dans le livre La République, Platon fait allusion au sort de l’homme qui croit voir des ombres danser sous ses yeux au fond d’une caverne et les prend pour la réalité. La salle du sous-sol des Moulins albigeois sera notre caverne moderne à l’heure d’Internet... », s’est alors dit l’artiste. « Dans la caverne de Platon se cristallise l’idée selon laquelle l’homme tend à comprendre le monde tel qu’il le perçoit et non tel qu’il est. Platon prétend que le monde des idées est le seul vrai. Pour notre part, nous doutons de cette affirmation. Nous pensons que pour tout esprit raisonnable, le doute le plus profond subsiste quant à la capacité des individus à faire la distinction entre le bien et le mal, l’authentique et le frelaté. Notre projet développera cette ambiguïté dans les images qui animeront les parois de notre caverne... à l’heure de l’Internet. »

Philosophie, quand tu nous tiens...
Que se passe-t-il donc concrètement ? Des vidéos commandées par les internautes ou produites par eux sur You Tube ou DailyMotion sont projetées sur de nombreux écrans selon des thèmes choisis par l’artiste. Sur un grand écran central, les visiteurs et/ou les internautes inscrivent des commentaires grâce à leurs smartphones, iPad ou ordinateurs. Leurs ombres sont captées dès qu’ils pénètrent dans la « caverne » et diffusées en temps réel sur les voûtes et les murs. Des webcams tous azimuts renvoient tout dans tout. Au milieu de cette confusion générale et de la fureur des images et du son, selon un cycle programmé en boucle, une rupture intervient : la caverne est rendue à son silence originel, tandis que ne subsiste plus que le goutte-à-goutte d’une source naturelle qui se trouve là depuis des temps reculés.
Dans sa définition du projet, Fred Forest indique que cette création collective est une métaphore d’une dynamique démocratique.
Il est évident que l’artiste vise ici la critique d’un monde où la saturation d’informations tue l’information. « Avec, précise l’artiste au cours d’une interview pour le site “artsthree”, d’une façon sous-jacente, ce que j’appelle l’utopie réaliste qui consiste à faire prendre conscience des aspects négatifs de notre société pour tenter d’inverser la vapeur. Jeu qui consiste pour les artistes à exacerber les états de crise pour que se produise enfin le sens. Un sens attendu par tous, comme une étape nécessaire de progression. La mécanique ne peut plus nous faire accélérer, seule une forme informatique collective le pourra. Chacun doit contribuer à cette recherche avec passion. »
Pour y participer, il suffit donc de se connecter à
http//www.fluxetreflux.net et de suivre les instructions.
Côté participation libanaise, le responsable de l’art numérique à l’école des arts visuels à l’ALBA, Ricardo Mbarkho, s’occupe de la coopération avec Fred Forest pour cette action. À cet effet, il se charge d’en informer les étudiants, d’organiser des workshops autour du site http//www.fluxetreflux.net et d’envoyer des vidéos réalisées par les étudiants. « L’objet recherché de cette expérience étant aussi de déclencher, tant faire se peut, une opération de diffusion en chaîne (un buzz) à partir de cette URL », conclut l’artiste multimédia. À vos cavernes, prêts, filmez...
Son site Internet le présente comme étant à l’origine de deux mouvements artistiques contemporains importants, l’art sociologique et l’esthétique de la communication. Il faut dire que Fred Forest a toujours été une sorte d’explorateur. D’expérimentateur. Depuis plus de trois décennies, il fabrique d’étonnantes œuvres multimédias qu’il expose virtuellement sur le Net, mais...

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