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À La Une - Syrie

Ouverture d'un nouveau front à Alep, contre-offensive du régime à Damas

Trois généraux font défection ; au moins 128 morts dans les violences ; l'ONU prolonge de 30 jours la mission de ses observateurs.

Les funérailles des trois dignitaires tués mercredi se sont deroulées en l'absence d'Assad. AFP

De violents combats ont éclaté vendredi dans plusieurs quartiers d'Alep, deuxième ville et capitale économique de Syrie, les premiers du genre en 16 mois de révolte, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

"De violents combats se déroulent dans les quartiers Salaheddine, Aazamiyé, Akramiyé et Ard el-Sabbagh entre l'armée régulière et des rebelles", a indiqué l'ONG, faisant état de "pertes humaines" sans plus de précisions. Les premiers combats avaient débuté jeudi soir.

 

Restée au départ comme Damas à l'écart de la révolte populaire contre le régime de Bachar el-Assad, cette grande ville commerçante du nord s'est mobilisée au cours des derniers mois, notamment à l'Université d'Alep, centre nerveux de la contestation dans la ville.

 

Ce deuxième front semble s'ouvrir au moment où de violents combats secouent depuis le 15 juillet la capitale Damas, où l'armée a repris plusieurs quartiers où s'étaient retranchés les rebelles.

 

"L'armée a lancé depuis jeudi une contre-offensive pour reprendre le contrôle des quartiers (de Damas) où s'étaient infiltrés des terroristes afin de garantir la sécurité aux habitants et leur permettre de rentrer chez eux", a en effet affirmé à l'AFP une source des services de sécurité syriens contactée par l'AFP à partir de Beyrouth.

 

Appuyée par des chars, l'armée, selon la télévision d'Etat, a "nettoyé" le quartier de Midane, près du centre de Damas, et saisi des quantités d'armes après de violents combats avec les rebelles qui ont lancé en début de semaine la "bataille de libération" de la capitale syrienne.

 

"C'est un repli tactique. Nous sommes toujours à Damas", a déclaré à Reuters, par téléphone, Abou Omar, commandant rebelle, ajoutant que les forces de l'armée syrienne avaient ensuite pénétré dans le quartier de Midane, appuyées par des blindés, et pris le contrôle de la zone du marché.

 

Emmenés par l'armée dans ce quartier fantôme à bord de transports de troupes blindés, les journalistes ont vu des douilles de tous calibres jonchant la chaussée, le minaret de la mosquée al-Majid troué par un obus et les façades d'immeubles criblées de balles. L'air sentait la poudre.

Devant cette mosquée, d'où partaient les manifestations contre le régime, deux blindés surmontés de mitrailleuses lourdes sont stationnés. Les devantures des magasins sont fermées, d'autres échoppes saccagées donnent le sentiment que les commerçants ont fui brusquement sans même avoir le temps de les fermer.

 

Après avoir donné l'assaut contre Qaboun la veille, l'armée a pénétré le matin dans les quartiers de Jobar (est) et Kafar Soussé (sud-ouest), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), alors que des milliers d'habitants fuyaient les violences dans la capitale.

 

Jeudi, une source de sécurité a affirmé à l'AFP que "l'armée avait fait preuve de retenue dans ses opérations mais depuis l'attentat" à Damas qui a coûté la vie à trois hauts responsables sécuritaires, "elle est décidée à utiliser toutes les armes en sa possession pour en finir avec les terroristes".

 

 

Funérailles

 

La télévision d'Etat a en outre annoncé aujourd'hui que le chef de la Sécurité nationale en Syrie, Hicham Ikhtiar, blessé dans l'attentat de mercredi, a succombé à ses blessures.

 

D'ailleurs, des funérailles officielles ont eu lieu vendredi pour le ministre de la Défense, Daoud Rajha, son adjoint et beau-frère de M. Assad, Assef Chawkat, et Hassan Turkmani, chef de la cellule chargée de réprimer la révolte qui secoue le régime depuis mars 2011, en présence du vice-président Farouk al-Chareh, a rapporté l'agence de presse officielle syrienne Sana.

 

Damas a fait ses adieux "aux héros martyrs lors d'une cérémonie officielle solennelle ce matin (vendredi) au Monument du martyr sur le mont Qassioun" qui surplombe la capitale, a rapporté l'agence.


Le même jour, les militants antirégime ont appelé à des manifestations à travers le pays sous le slogan "le ramadan de la victoire sera écrit à Damas" après l'offensive lancée par les rebelles. 



Frontières

 

Ces derniers ont enregistré jeudi des succès en prenant le contrôle de l'ensemble des postes-frontières avec l'Irak selon les autorités irakiennes et d'un poste-frontière avec la Turquie.

Selon un photographe de l'AFP, les rebelles exerçaient leur contrôle vendredi sur le poste-frontière de Baba al-Hawa avec la Turquie après de violents combats.

 

 


View Larger Map Bab al-Hala, poste frontière syrien avec la Turquie.

 

 

 

Des poids lourds turcs incendiés lors des combats gisaient à l'entrée du poste de Bab al-Hawa, contrôlé par environ 150 rebelles en treillis lourdement armés. Ce poste est situé en face du poste turc de Cilvegözü, dans la province de Hatay (sud), qui abrite des camps de réfugiés syriens.

 

"La totalité des postes-frontières entre l'Irak et la Syrie sont désormais sous le contrôle de l'Armée syrienne libre" (ASL, essentiellement composée de déserteurs), a annoncé à l'AFP le vice-ministre irakien de l'Intérieur Adnan al-Assadi.

 

  

 

Les rebelles au poste-frontière de Bab al-Hawa. 

 

Jeudi a été aussi la journée la plus meurtrière en 16 mois de conflit selon l'OSDH. Plus de 300 personnes, en majorité des civils, ont péri dans la répression, dont 139 civils, 98 soldats et 65 rebelles. Vendredi, ce sont au moins 128 personnes qui ont péri à travers le pays, 85 civils, 26 soldats et 17 rebelles.

 

Trois généraux de l'armée syrienne ont traversé la frontière pour se réfugier en Turquie, portant à 24 le nombre des généraux syriens qui ont fait défection au cours de la crise actuelle.

 

Sur le front diplomatique

 

A l'ONU, le Conseil de sécurité a prolongé vendredi pour une "dernière période de 30 jours" la mission des 300 observateurs des Nations unies en Syrie.

 

Le vote a été unanime sur cette proposition présentée par les Européens (France, Allemagne, Portugal, Royaume-Uni). Le Conseil devait se prononcer sur le sort de la Misnus (Mission de supervision de l'ONU en Syrie) avant l'expiration de son mandat vendredi soir.

 

La veille, la Russie et la Chine avaient provoqué la colère des Occidentaux en opposant leur veto à une résolution du Conseil de sécurité prévoyant des sanctions contre le régime, Washington promettant d'agir désormais "en dehors" du cadre de l'ONU dans ce dossier.

 

Le président russe Vladimir Poutine a estimé pour sa part que toute tentative d'agir en dehors du Conseil de sécurité de l'ONU concernant la Syrie serait "inefficace".

 

Il s'agit de leur troisième veto à une sanction contre le régime à l'ONU depuis mars 2011, qui remet en question la médiation de Kofi Annan et la mission des observateurs.

 

M. Annan s'est dit d'ailleurs "déçu" de cette désunion au Conseil, alors que les Etats-Unis ont estimé que "soutenir ce régime (d'Assad) au moment où il touche à sa fin représente une erreur".

 

La Russie a rétorqué en estimant "absolument inacceptable" de tenter de la rendre responsable de la situation en Syrie en raison de son veto. Moscou et Pékin ont justifié leur décision en affirmant que la résolution "ouvrait la voie" à une intervention militaire en Syrie.

 

Encore un signe de la division du pays, le régime et l'opposition ne commenceront pas cette année le ramadan le même jour, le premier ayant décrété samedi comme premier jour du mois de jeûne musulman sacré et la seconde, à majorité sunnite, vendredi, à l'instar de l'Arabie saoudite.

 

 

 

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De violents combats ont éclaté vendredi dans plusieurs quartiers d'Alep, deuxième ville et capitale économique de Syrie, les premiers du genre en 16 mois de révolte, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
 
"De violents combats se déroulent dans les quartiers Salaheddine, Aazamiyé, Akramiyé et Ard el-Sabbagh entre l'armée régulière et des rebelles", a indiqué...

commentaires (2)

Entre M. Annan qui se dit "déçu"et la Russie de rétorquer "absolument inacceptable" de tenter de la rendre responsable de la situation en Syrie , le drame continue dans le style de la guerre libanaise de 1975. Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

09 h 45, le 20 juillet 2012

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Commentaires (2)

  • Entre M. Annan qui se dit "déçu"et la Russie de rétorquer "absolument inacceptable" de tenter de la rendre responsable de la situation en Syrie , le drame continue dans le style de la guerre libanaise de 1975. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    09 h 45, le 20 juillet 2012

  • La "bataille de libération" de Damas semble donc dure dans une Syrie qui plonge dans une longue guerre civile avec le feu vert des grandes puissances . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    09 h 21, le 20 juillet 2012

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