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À La Une - Syrie

Indignation générale après le veto sino-russe à l’ONU

Pour Moscou, les Occidentaux sont responsables de l’échec du vote ; Lavrov se rend à Damas demain.

Des centaines d’opposants syriens et de militants libanais ont manifesté hier devant l’ambassade russe à Beyrouth contre le veto sino-russe au Conseil de sécurité. Photo Reuters

Le veto sino-russe samedi au Conseil de sécurité contre une résolution condamnant la répression en Syrie a provoqué hier l’indignation dans le monde arabe, en Occident et au sein de l’opposition syrienne. Le texte, approuvé par les 13 autres membres du Conseil de sécurité, condamnait les « violations flagrantes » des droits de l’homme par le régime syrien et appelait à une transition démocratique suivant le plan adopté par la Ligue arabe le 22 janvier. C’est la deuxième fois que Moscou et Pékin empêchent le Conseil de sécurité de sortir de près de 11 mois de silence sur la Syrie, pendant lesquels la répression a fait au moins 6 000 morts, selon les militants.

 

Après l’échec des efforts diplomatiques à l’ONU, les États-Unis ont annoncé leur volonté de renforcer les sanctions contre Damas afin d’assécher les sources de financement et les livraisons d’armes au régime du président Bachar el-Assad. « Nous démasquerons ceux qui financent encore le régime et envoient des armes qui sont utilisées contre des Syriens sans défense, dont des femmes et des enfants », a prévenu la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, qualifiant le vote à l’ONU de « parodie ».

 

À Paris, son homologue français, Alain Juppé, a assuré que l’Union européenne n’allait pas « rester les bras croisés » après cet échec diplomatique. « Nous allons aider l’opposition syrienne à se structurer, à s’organiser, l’Europe va encore durcir les sanctions qui sont imposées au régime syrien et puis nous allons essayer de faire monter cette pression internationale et il y a bien un moment où le régime sera obligé de constater qu’il est totalement isolé et qu’il ne peut pas continuer », a-t-il insisté. Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a également estimé que « de nouvelles mesures restrictives » devaient être prises à l’encontre du régime.

L’Organisation de la coopération islamique (OCI), qui regroupe 57 membres dont la Syrie, a quant à elle regretté le double veto et mis en garde contre le risque de guerre civile.

 

Le Premier ministre du Qatar, Hamad ben Jassem al-Thani, a estimé pour sa part que le double veto donnait « le droit de tuer » à M. Assad. Et le Premier ministre tunisien a appelé la communauté internationale à rompre ses relations diplomatiques avec Damas, demandant à « tous les pays » de suivre l’exemple de la Tunisie, qui a annoncé l’expulsion de l’ambassadeur syrien en poste à Tunis.

 

Pour le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la majorité des courants de l’opposition, le double veto donne au régime un « permis de tuer (...) dans l’impunité ». Le CNS a appelé « les pays arabes et amis à prendre toutes les mesures économiques et diplomatiques » contre les pays ayant bloqué le texte. Faisant écho à cet appel, les Frères musulmans jordaniens et syriens ont appelé à boycotter les produits russes et chinois.

Parallèlement, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil el-Arabi, a annoncé que l’organisation panarabe comptait poursuivre ses efforts avec le régime syrien et avec l’opposition pour mettre fin aux violences afin d’éviter une intervention militaire étrangère. Ce double veto « n’empêche pas qu’il y a un soutien international clair aux décisions de la Ligue », a estimé M. Arabi. Une réunion au niveau ministériel est prévue le 11 février pour examiner les suites éventuelles de la mission d’observation.

 

Par ailleurs, pour sortir de l’impasse, des voix s’élèvent pour réclamer une réforme du droit de veto à l’ONU. « C’est un droit dont on abuse. La communauté internationale doit réviser ce genre de mécanisme », s’est exclamé le Premier ministre tunisien. Et pour le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, « la Russie et la Chine n’ont pas voté en prenant en compte les réalités, mais contre l’Ouest (...). Nous devons maintenant discuter de l’utilisation du droit de veto. »

 

Malgré les vives réactions, la Russie persiste et signe, le vice-ministre russe des Affaires étrangères a estimé hier que les Occidentaux étaient responsables de l’échec du vote au Conseil de sécurité, n’ayant pas fait assez « d’efforts » pour atteindre un consensus. « À Moscou, on regrette que les auteurs du projet de résolution sur la Syrie n’aient pas voulu faire d’efforts », a ainsi déclaré sur son compte Twitter Guennadi Gatilov.

Moscou a par ailleurs assuré avoir « l’intention de faire tout son possible pour une stabilisation rapide » de la situation en Syrie, confirmant une visite demain à Damas de son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, pour évoquer la mise en place rapide de « réformes démocratiques indispensables ». « Nous continuons de penser que toutes les parties (...) doivent concentrer leurs efforts pour entamer un large dialogue national entre Syriens et contribuer à mettre un terme le plus vite possible à la violence », a précisé le ministère russe des Affaires étrangères.

L’ambassadeur russe Vitaly Tchourkine a estimé que « le Conseil de sécurité n’est pas le seul outil diplomatique sur cette planète », ajoutant que « d’autres outils vont être utilisés de manière énergique », a-t-il ajouté en référence à la démarche de M. Lavrov.

 

Téhéran, grand allié de la Syrie dans la région, a de son côté salué une position « juste » permettant de contrer « l’instrumentalisation » du Conseil de sécurité par l’Occident « pour ses actions d’intimidation et ses charges en solitaire contre d’autres nations ». Avant ces déclarations, le vice-Premier ministre turc Bülent Arinç avait ouvertement critiqué le mutisme observé par l’Iran au sujet de la répression.

Le veto sino-russe samedi au Conseil de sécurité contre une résolution condamnant la répression en Syrie a provoqué hier l’indignation dans le monde arabe, en Occident et au sein de l’opposition syrienne. Le texte, approuvé par les 13 autres membres du Conseil de sécurité, condamnait les « violations flagrantes » des droits de l’homme par le régime syrien et appelait à une...

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