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À La Une - France

Sarkozy ne se « dérobera pas » au rendez-vous avec les Français

Le président s’est exprimé « en tant que chef de l’État » et non en candidat lors d’une intervention télévisée diffusée en direct par au moins six chaînes.

« Ça approche, de toute façon il y a une date limite », qui est fixée au 16 mars, a déclaré hier Nicolas Sarkozy, justifiant cet attentisme concernant sa candidature à la présidentielle par la nécessité de continuer à gouverner le pays pendant les semaines à venir. Lionel Bonaventure/AFP

Le président français Nicolas Sarkozy, venu hier soir à la télévision, a refusé de dire s’il était candidat ou non à sa réélection, tout en dévoilant des mesures « choc » antichômage, dont des hausses de TVA et de CSG.

Logement, apprentissage, financement de l’industrie et de la protection sociale : M. Sarkozy a profité de sa prestation diffusée en direct par au moins six chaînes (TF1, France 2, BFMTV, ITélé, LCI, LCP) pour abattre une carte politique majeure, à moins de trois mois de la présidentielle.

Il s’est exprimé « en tant que chef de l’État » et non en candidat, alors que dans son camp on le presse de se déclarer pour contrer l’avance du PS François Hollande.

 

« La crise financière s’apaise, on n’est plus au bord du gouffre », a-t-il assuré, en ouverture de cette émission peu après 20h10. Il a indiqué que les chiffres de déficit français seraient meilleurs que prévu.

Dix jours après son « sommet social », M. Sarkozy a aussi annoncé ses arbitrages sur des réformes d’urgence destinées à doper la compétitivité des entreprises, et donc favoriser l’emploi. « La France se vide de son sang industriel, il faut arrêter ça », a-t-il dit.

Le chômage a retrouvé en 2011 son plus haut niveau depuis 12 ans : 150 000 personnes supplémentaires sans emploi en un an, un million de plus depuis 2007. Cette année-là, le candidat Sarkozy avait promis de ramener le taux de chômage à 5 %. Il frôle la barre des 10 %.

 

Par ailleurs, Nicolas Sarkozy a déclaré que le retour à la retraite à 60 ans était « une folie », « un mensonge », ajoutant que « cela ne se ferait pas », en faisant allusion à la proposition de François Hollande de revenir à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont leur durée de cotisation. « Si ça devait se faire, ça conduirait le pays à la ruine, pour une raison simple : nous gagnons une année d’espérance de vie tous les quatre ans. Si on vit plus longtemps (...) et si les gens travaillent moins longtemps, qui va payer leurs pensions ? Qui va le faire ? » a-t-il questionné.

Peaufinées lors d’une ultime réunion d’arbitrage samedi, les annonces du président sont déjà largement connues. L’hostilité qu’elles suscitent aussi.

À commencer par la hausse de la TVA. Nicolas Sarkozy a annoncé un relèvement de 1,6 point de son taux normal (19,6 % à 21,2 %) à partir du 1er octobre. Quant à la Contribution sociale généralisée, elle sera augmentée de deux points sur les revenus financiers.

 

Cette réforme de la TVA, qui rabotera le pouvoir d’achat, suscite de nombreuses critiques. François Hollande a dénoncé « un mauvais principe et un mauvais instrument ». Cette mesure « n’aura aucun effet sensible sur le coût du travail », a tranché le candidat du MoDem François Bayrou. « Très mauvaise idée », a déploré la candidate EELV Eva Joly.

M. Sarkozy a aussi annoncé que toute construction pourrait s’agrandir de 30 % pour tenter de faire face à la crise du logement. Le quota de jeunes en apprentissage dans les entreprises de plus de 250 salariés sera élevé à 5 %, avec sanctions aggravées pour les contrevenantes.

 

Dans la majorité aussi, ministres et députés s’inquiètent des effets de cette hausse de la TVA, envisagée entre les deux tours des législatives de 2007 et qui leur avait coûté plusieurs dizaines de sièges. « Un suicide politique », a soupiré le député UMP Lionel Luca.

Même si la plupart n’entreront pas en vigueur avec la présidentielle, Nicolas Sarkozy espère un choc positif dans l’opinion et veut s’ériger en président du « courage ». Un peu à l’image de l’ex-chancelier allemand Gerhard Schröder, qui avait lancé en 2003-2004 des mesures impopulaires pour muscler l’industrie et redresser les finances de son pays, avant d’être battu par Angela Merkel.

« La seule manière de rebondir pour Nicolas Sarkozy, c’est de faire des choses lourdes », a résumé un des « visiteurs du soir » de l’Élysée, Alain Minc.

 

Mais en coulisses, nombre de responsables et d’élus de droite ne cachent plus leurs doutes sur cette stratégie, alors que le président sortant est toujours donné largement battu par François Hollande.

Des cadres de la majorité le pressent d’anticiper l’annonce de sa candidature, programmée pour mars.

« Sa prestation télé constitue de toute façon une manière d’entrée en campagne avec déclinaison d’un projet », relève un cadre de la majorité, « mais je doute qu’elle inverse la tendance. Cette élection est mal partie ».

Enfin, le président a affirmé que c’était « aux Français » de juger son bilan.

« J’accepte les critiques sur le sujet et que l’on me dise aujourd’hui que je n’ai pas fait assez, a-t-il dit. J’avais cru comprendre que pendant cinq ans le thème c’était : on en fait trop. »

 

Le président français Nicolas Sarkozy, venu hier soir à la télévision, a refusé de dire s’il était candidat ou non à sa réélection, tout en dévoilant des mesures « choc » antichômage, dont des hausses de TVA et de CSG.
Logement, apprentissage, financement de l’industrie et de la protection sociale : M. Sarkozy a profité de sa prestation diffusée en direct par au moins six...

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