Rechercher
Rechercher

À La Une - Tension

Génocide arménien : Erdogan dénonce une loi « raciste », motivée par des arrière-pensées électorales

Des députés français tenteront de faire annuler la législation au Conseil constitutionnel.

Des Turcs ont manifesté hier devant le consulat français à Istanbul, pour dénoncer la loi votée en France, pénalisant la négation du génocide arménien. Osman Orsal/Reuters

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié de « raciste » hier le texte de loi adopté la veille par le Sénat français pénalisant la négation du génocide arménien, sans cependant annoncer de riposte concrète.

M. Erdogan a aussi affirmé que cette loi est « entièrement nulle et non avenue » pour la Turquie et assuré que son pays imposera « étape par étape » les sanctions qu’elle a prévues contre la France, « sans nulle façon de faire marche arrière », tandis que la promulgation de la loi dans 15 jours était annoncée hier.

 

M. Erdogan a utilisé un ton plus modéré qu’attendu et émis l’espoir que la France « réparera son erreur », s’en prenant surtout aux ambitions de Nicolas Sarkozy à l’orée des présidentielles de mai pour séduire l’électorat d’origine arménienne et non à la France en général, alliée d’Ankara au sein de l’OTAN et partenaire stratégique commercial et politique. Il a ainsi précisé que son gouvernement s’efforçait d’obtenir que des sénateurs français saisissent le Conseil constitutionnel pour obtenir l’annulation du texte de loi. Le chef de l’État turc, Abdullah Gül, a lui aussi espéré que « 60 sénateurs français feront une démarche » en faveur de l’annulation du texte. En France, plusieurs députés du parti majoritaire UMP ont annoncé qu’ils vont tenter de rassembler 60 signatures de députés pour saisir cette instance. Signalons que le Conseil constitutionnel peut censurer une loi qu’il juge contraire à la Constitution s’il est saisi par 60 députés, 60 sénateurs, le chef de l’État, le président de l’Assemblée nationale ou celui du Sénat. Le président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer avait auparavant indiqué qu’il ne saisirait pas le Conseil constitutionnel malgré les réserves qu’il avait exprimées sur ce texte.

 

Pour l’instant, l’ambassadeur de Turquie restera à son poste à Paris mais Ankara, qui l’avait brièvement rappelé après un premier vote des députés français le 22 décembre, envisage cette fois de le rappeler sine die et de réduire son niveau de représentation en France lorsque le texte prendra force de loi, souligne-t-on de source informée. Après le premier vote déjà, Ankara avait annoncé le gel de la coopération politique et militaire avec la France, avertissant de nouvelles représailles.

 

Également, la presse turque n’était pas tendre hier envers la France. « C’est la liberté de pensée qu’on guillotine », estimait le Star, tandis que le quotidien Aksam parle de « l’histoire guillotinée », allusion à la Révolution française. Et pour certains Arméniens de Turquie, il vaudrait mieux ne pas rouvrir les plaies. « Tout cela ne sert qu’à exacerber le nationalisme turc », déclare ainsi Robert Koptas, rédacteur en chef du journal arméno-turc Agos et beau-fils de Hrant Dink, journaliste arménien assassiné en 2007 par des extrémistes à Istanbul.

 

Plus encore, l’Organisation de coopération islamique (OCI) a rejeté hier la loi pénalisant la négation du génocide arménien. Dans un communiqué, un responsable de l’OCI exprime « le rejet de cette loi qui est en contradiction avec des faits historiques et consacre une politique de deux poids, deux mesures dans le traitement des grandes questions historiques ». De plus, l’Azerbaïdjan, allié de la Turquie, a vivement protesté hier contre la loi. Cette mesure va à l’encontre des « principes de la démocratie, des droits de l’homme, de la liberté de parole et d’expression », a souligné le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères dans un communiqué. Seule voix discordante, l’Arménie a salué hier la « grandeur » et le « dévouement » de la France dans une lettre du président arménien Serge Sarkissian à son homologue français.

 

Face à ces réactions, le chef de la diplomatie française Alain Juppé a appelé la Turquie au « sang-froid » et à tendre « la main » à ce « grand pays, cette grande puissance économique, politique ». De leur côté, les États-Unis se sont déclarés favorables à de « bonnes relations » entre la France et la Turquie, souhaitant l’apaisement entre les deux pays.

La loi sanctionne d’un an de prison et 45 000 euros d’amende la négation de tous les génocides reconnus par la France, dont celui des Arméniens. La Turquie réfute le terme de génocide, même si elle reconnaît que des massacres ont été commis et que quelque 500 000 Arméniens ont péri en Anatolie entre 1915 et 1917, les Arméniens évoquant 1,5 million de morts.

 

(Source : AFP)

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié de « raciste » hier le texte de loi adopté la veille par le Sénat français pénalisant la négation du génocide arménien, sans cependant annoncer de riposte concrète.
M. Erdogan a aussi affirmé que cette loi est « entièrement nulle et non avenue » pour la Turquie et assuré que son pays imposera « étape par étape » les...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut