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À La Une - Répression

Les observateurs arabes, des "faux témoins" de la situation en Syrie ?

Le chef de la mission qualifie la situation de "rassurante" ; des conclusions contestées par Paris et l'OSDH.

Les observateurs arabes en mission à Homs. Photo d'une vidéo Youtube/

Les observateurs de la Ligue arabe ont pu visiter mercredi des quartiers rebelles de Homs, dans le centre de la Syrie, où ils ont rencontré des habitants, a annoncé la télévision syrienne. Ils devaient se rendre également à Deraa (sud), Hama (centre), Idleb (nord-ouest) et près de Damas, des foyers de la révolte.

 

Selon des militants sur place, cités par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), des observateurs ont accédé finalement au quartier rebelle de Baba Amro après en avoir été empêchés par des habitants en raison de la présence avec eux d'un officier de l'armée syrienne.

Les habitants ont demandé aux observateurs de "venir voir les personnes blessées et les parents des martyrs, et non pas des membres du parti Baas" au pouvoir.

 

Le comité des observateurs s'est rendu ensuite dans un autre quartier rebelle, Bab Sebaa, où le régime avait préparé un défilé de partisans du président Assad.

 

L'OSDH a dit "craindre que (...) les observateurs arabes ne deviennent les faux témoins" de la situation en Syrie et quittent le pays sans avoir pu voir la réalité.

 

Les mêmes craintes ont été soulevées par Paris. "La brièveté de leur séjour n'a pu leur permettre d'apprécier la réalité de la situation prévalant à Homs", a estimé Bernard Valero, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

 

Moscou, fidèle allié du régime syrien, a demandé de son côté à Damas de faciliter le travail des observateurs.

"Nous sommes en relation permanente avec les dirigeants syriens et les appelons à coopérer pleinement avec les observateurs de la Ligue arabe et à créer des conditions de travail aussi agréables et libres que possible", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

 

Le département d'Etat américain a quant à lui pressé la Syrie de permettre aux observateurs de la Ligue arabe d'assister à toutes les manifestations contre le régime mais a refusé de commenter le déroulement de la première journée des observateurs sur place.
"Ce n'était que le premier jour et c'était un petit quartier de Homs", a déclaré à la presse le porte-parole du département d'Etat, Mark Toner.

 

Le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi, chef de la mission des observateurs, a pour sa part qualifié de "bonne" leur première visite à Homs mardi, jour où plus de 70.000 manifestants ont défilé dans un quartier de cette ville contestataire, l'une des principales cibles de la répression.

"Dès ce soir (mercredi, ndlr) et jeudi à l'aube, les observateurs vont se déployer à Idleb, Hama, Deraa, et dans un périmètre de 50 à 80 km autour de Damas", a déclaré à l'AFP le général al-Dabi.

 

Il a annoncé l'arrivée de 16 observateurs arabes supplémentaires, qui ont rejoint les cinquante déjà présents depuis lundi soir pour surveiller la situation en Syrie, où un soulèvement contre le régime est réprimé dans le sang et a fait depuis mars plus de 5.000 morts, selon l'ONU.

 

La mission des observateurs fait partie d'un plan de sortie de crise qui prévoit également l'arrêt des violences, le retrait de l'armée des villes et la libre circulation dans le pays pour les observateurs arabes et la presse.

 

Mais les opposants et militants syriens doutent de l'efficacité de la mission arabe. Le Conseil national syrien (CNS), principal mouvement d'opposition au président Assad, a demandé à l'ONU d'envoyer ses propres observateurs.

Mardi, avant l'arrivée des observateurs, les forces de l'ordre syriennes avaient retiré les chars déployés dans les rues de la ville rebelle.

 

Human Rights Watch a par ailleurs accusé le régime syrien d'avoir transféré de nombreux détenus vers des sites militaires, interdits aux observateurs arabes. HRW a pressé la Ligue arabe de "réagir à ce subterfuge et d'insister clairement sur un accès complet à tous les détenus".

 

Parallèlement à la visite des observateurs arabes, les autorités syriennes ont annoncé mercredi la libération de 755 détenus "impliqués" dans le soulèvement populaire contre le régime de Bachar el-Assad qui secoue le pays depuis la mi-mars.

 

Sur le terrain, la répression a fait quatre nouveaux morts mercredi, d'après l'OSDH, tandis que 4 soldats ont été tués par des déserteurs à Deraa, berceau de la contestation.

Mardi, 20 civils avaient été tués par les forces de sécurité, dont huit à Homs.

 

 

Berlin interpelle Damas

 

Sur un autre plan, le ministère allemand des Affaires étrangères a reçu mercredi l'ambassadeur de Syrie, "invité" à s'exprimer après les accusations selon lesquelles Damas serait derrière l'agression d'un opposant au régime syrien à Berlin.

Ce rendez-vous a été l'occasion "de rappeler au diplomate que toute menace de violence ou tentative d'intimidation contre l'opposition syrienne sur le territoire allemand ne serait en aucune façon tolérée", a affirmé une porte-parole du ministère des Affaires étrangères à l'issue de la visite de l'ambassadeur. "Si de tels actes se produisaient, il n'y aurait pas d'hésitation" et Berlin "en tirerait les conséquences nécessaires", a-t-elle précisé.

 

Il ne s'agissait pas d'une convocation mais d'une "invitation" à venir "donner sa version sur les accusations" dont son pays fait l'objet, avait souligné le porte-parole adjoint du ministère, Martin Schäfer, lors d'une conférence de presse gouvernementale, plus tôt dans la journée.

M. Schäfer, ainsi qu'un porte-parole du ministère de l'Intérieur, a indiqué n'avoir aucune information concernant d'éventuelles agressions d'opposants par les services secrets syriens sur le sol allemand.

Il a demandé aux enquêteurs de "faire toute la lumière" sur le passage à tabac de Ferhad Ahma, "en particulier en ce qui concerne les accusations contre la Syrie".

 

Au cours de l'entretien avec l'ambassadeur, le gouvernement allemand a également demandé à la Syrie "de faire cesser les effusions de sang, de libérer les prisonniers politiques et d'opérer une transformation démocratique".

 

Dans la nuit de lundi à mardi, deux hommes affirmant être des policiers se sont présentés au domicile de M. Ahma, 37 ans, traducteur et élu municipal Vert à Berlin.

Originaire du Kurdistan syrien et membre du Conseil national syrien (opposition), il vit à Berlin depuis 1996.

Alors que le militant ouvrait la porte, il a été immédiatement frappé à coups de barre de fer et de matraque, occasionnant de graves contusions et des blessures multiples.

Les agresseurs, silencieux lors de l'agression, ont pris la fuite à l'arrivée d'un voisin. Les Verts ont précisé que M. Ahma avait auparavant été menacé et que les deux agresseurs semblaient d'origine arabe.

Après que les Verts eurent formulé leurs accusations, l'enquête policière a été confié au service en charge des délits à motivation politique.

 

Dans un entretien à l'agence allemande DPA mercredi, M. Ahma a enjoint aux autorités allemandes de prendre une position ferme car "cela servira aussi à la protection des autres opposants syriens en Allemagne".

Les observateurs de la Ligue arabe ont pu visiter mercredi des quartiers rebelles de Homs, dans le centre de la Syrie, où ils ont rencontré des habitants, a annoncé la télévision syrienne. Ils devaient se rendre également à Deraa (sud), Hama (centre), Idleb (nord-ouest) et près de Damas, des foyers de la révolte.
 
Selon des militants sur place, cités par l'Observatoire syrien des...

commentaires (3)

Il faudra le répéter désormais tous les jours. Les observateurs arabes sont là pour être observés par le régime syrien et non pour observer quoi que ce soit. Preuve en est qu'ils sont accompagnés par des officiers syriens. Ils le seront aussi par des "chabbiha", qui sait ? C'est la (tragi-) comédie arabe. Les jours qui viennent le montreront.

Halim Abou Chacra

12 h 17, le 28 décembre 2011

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Commentaires (3)

  • Il faudra le répéter désormais tous les jours. Les observateurs arabes sont là pour être observés par le régime syrien et non pour observer quoi que ce soit. Preuve en est qu'ils sont accompagnés par des officiers syriens. Ils le seront aussi par des "chabbiha", qui sait ? C'est la (tragi-) comédie arabe. Les jours qui viennent le montreront.

    Halim Abou Chacra

    12 h 17, le 28 décembre 2011

  • Les observateurs arabes toujours de grands passifs , ayant un seul objectif ni vu ni entendu . Nazira.A.Sabbagha

    Sabbagha A.Nazira

    09 h 35, le 28 décembre 2011

  • Tu vois ce que je veux que tu vois. Tu ne vois pas ce que je ne veux pas que tu vois. C'est la règle du protocole... Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    03 h 49, le 28 décembre 2011

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