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À La Une - insolite

Liban : Quand le débat vire au match de boxe

En matière de débats, nos politiciens n'en finissent pas de nous surprendre.

Hier soir, les politiciens libanais se sont, une nouvelle fois, "illustrés" par le sens du débat et de la répartie.

 

Invités sur le plateau de l’émission "Bimawdouiya" présentée par Walid Abboud sur la chaîne de télévision MTV, Moustapha Allouche, ancien député et membre du bureau politique du Courant du Futur, et Fayez Chokr, secrétaire-général du parti Baas, devaient débattre sur la révolte en Syrie et l'avenir du régime de Bachar el-Assad. Mais les deux hommes, au lieu de débattre, ont fini par se battre.

Le tournant a lieu quand M. Allouche déclare ne "pas croire" le président syrien et le traite de "menteur". Des propos qui rendent M. Chokr blanc de rage. "C'est toi le menteur. Et ton maître aussi", rétorque le responsable baasiste. "Je n'ai rien à apprendre d'un garçon de moukhabarat", réplique l'ancien député su 14 Mars.

 

Et quand les mots ne suffisent plus pour exprimer les (brillantes) idées, les deux hommes en viennent aux poings.

Walid Abboud tente de s'interposer, avant que l'émission ne soit interrompue. Elle reprendra néanmoins quelques minutes plus tard, avec les mêmes invités, comme si de rien n'était.

 

Avec leur performance, MM. Allouche et Chokr rejoignent la longue cohorte des politiciens libanais qui sont passés du débat civilisé à l'insulte, voire aux coups.


 

En juillet 2011, lors d'un débat parlementaire, l’élément marquant de l’intervention du député du 14 Mars, Khaled Daher, fut l’échange d’injures avec son collègue Assem Kanso (Baas pro-syrien). Pour résumer, Kanso traita Daher de "chien" après l'hommage rendu par ce dernier au peuple syrien en révolte contre le régime de Assad.

Les images étant plus éloquentes, voir la vidéo en bas de page.

 

En août 2008, également lors d'un débat parlementaire, les Libanais avaient eu droit à une autre "scène" jouée par les députés Élias Atallah (Gauche démocratique) et Ali Ammar (Hezbollah) qui avait, sans aucune autre forme de procès, demandé à son collègue de "parfumer sa gueule avant de parler de la Résistance", avant de le traiter de "valet" (voir la vidéo en bas de page).

 

Le goût de certains responsables pour la bagarre et l'insulte n'est pas récent.

Le 17 août 1970, la présidentielle, qui s’était conclue par la victoire de Sleiman Frangié, avait également donné lieu à une violente bousculade au sein du parlement.

Voici le compte-rendu de cette élection, tel que publié dans L’Orient, du 18 août 1970. Épique…

 

"La tension était à son point culminant. Le dépouillement du second tour de scrutin était terminé à un bulletin près. Il en restait un seul dans l’urne. Le décompte des voix donnait 49 suffrages à M. Frangié et 49 à M. Elias Sarkis. C’est le dernier bulletin qui restait dans l’urne qui allait départager les deux candidats. (...)

M. Abdo Saab, scrutateur, déplie le dernier bulletin et annonce : Sleiman Frangié.

Aussitôt, c’est une explosion de cris de joie dans l’hémicycle. M. Nadim Naïm, comme catapulté par un ressort, se précipite sur M. Frangié, et l’embrasse. M. Kamel el-Assaad suit son exemple.

Malgré le bruit des applaudissements et des vivats, on entend la voix du président Hamadé qui annonce : +M. Sleiman Frangié a obtenu 50 voix et M. Elias Sarkis 49. Comme aucun des deux candidats n’a recueilli la majorité absolue, requise par la constitution, il faudra procéder à un nouveau tour de scrutin+.

Tout se passe alors avec une rapidité extraordinaire. M. Sleiman Frangié, assis au banc du gouvernement, se lève et donne un violent coup de poing sur son pupitre, en signe de protestation. Il saisit le micro qui se trouve devant lui et frappe violemment son pupitre. Les députés PNL et du Centre lancent des cris de protestations.

Cependant, M. Hamadé a déjà quitté son siège et se prépare à gagner la sortie. Il trouve sur son chemin M. Sleiman Frangié qui le repousse en arrière en lui criant : +Tu ne me feras pas un coup pareil+.

M. Frangié et M. Hamadé se bousculent l’un l’autre. Des députés accourent. Les uns tentent de séparer les deux hommes, les autres s’empoignent et bientôt, on assiste à une véritable mêlée. Dans l’hémicycle, la confusion est totale.

 

 

Mais elle augmente encore lorsque des partisans de Sleiman Frangié et des partisans de M. Hamadé font irruption dans la salle et se jettent dans la mêlée. Le fils de M. Hamadé se précipite aux côtés de son père et lui fraye à coups de poings un passage jusqu’à la porte. M. Bakhos Hakim, qui est l’un des députés qui protestent avec le plus de fougue contre la décision du président Hamadé, est coincé dans un coin par un partisan du chef de l’Assemblée et brutalisé.

Les députés qui ne participent pas à la bagarre courent dans tous les sens, lançant des cris de protestation.

Au banc du gouvernement, le président du Conseil, M. Rachid Karamé, garde son calme. Mais deux énergumènes, qui échangent des coups de poings, sont sur le point de le bousculer. Il quitte son siège et gagne la sortie, les bras tendus en avant, presque comme un boxeur en position de garde. Comme s’il était indifférent à ce qui se passe autour de lui, M. Pierre Gemayel se tient à sa place, immobile comme une statue, les mains croisées et posées sur son pupitre.

La bagarre continue. Le tumulte provoqué par les vociférations est dominé par le bruit des coups de feu, qui éclatent place de l’Étoile, tirés pour saluer l’élection du nouveau chef de l’État.

M. Frangié prend la place de M. Hamadé, qui a quitté la salle. Mais M. Edmond Rizk appelle M. Michel Sassine et lui demande de proclamer, en sa qualité de vice-président de l’Assemblée, l’élection de M. Frangié. M. Sassine gagne la place du président Hamadé, tire un texte de sa poche et en donne lecture. Les députés du camp qui a voté pour M. Frangié déclenchent un tonnerre d’applaudissement.

(…)

Brusquement, M. Sabri Hamadé revient dans l’hémicycle et somme M. Sassine de quitter sa place.

Le vice-président de la Chambre poursuit la lecture de son texte, tandis qu’une nouvelle bousculade se produit autour de M. Hamadé. Celui-ci sort de nouveau et la police de la Chambre et des agents de la Brigade 16 font irruption dans l’hémicycle.

(…)

Après trois quarts d’heure de bagarres et de confusion, l’atmosphère commence à se calmer. M. Michel, Sassine, sur le conseil du président Camille Chamoun, veut faire approuver le procès-verbal de la réunion. Il le demande aux fonctionnaires de la Chambre et le signe. (…)

Dans l’hémicycle, la fièvre commence à tomber. (…)

A 19h25, l’atmosphère s’est presque complètement calmée. M. Hamadé revient à sa place suivi de la plupart des députés et, sous les applaudissements, déclare : +Le résultat du scrutin est le suivant : M. Sleiman Frangié a recueilli 50 voix et M. Elias Sarkis 49. Le nombre de votants est de 90 députés, et la Constitution stipule qu’au second tour de scrutin le candidat élu est celui qui a obtenu la moitié des voix, plus une+".

 

 



Hier soir, les politiciens libanais se sont, une nouvelle fois, "illustrés" par le sens du débat et de la répartie.
 
Invités sur le plateau de l’émission "Bimawdouiya" présentée par Walid Abboud sur la chaîne de télévision MTV, Moustapha Allouche, ancien député et membre du bureau politique du Courant du Futur, et Fayez Chokr, secrétaire-général du parti Baas, devaient...

commentaires (10)

Ce qui n'a malheureusement pas été relevé est le fait que M. Chokr a été impoli sur toute la ligne en ne laissant pas M. Allouche dire se qu'il pense, ne le laissant pas continuer son argumentation et en prenant l'initiative de l'attaquer physiquement car a cours d'arguments. Cela démontre, en politique, la faiblesse de ceux qui se croient invincibles, les plus forts,ceux qui vont faire chuter l'occident, leurs plans, etc. sans oublier le destruction d’Israël qu'ils nous promettent depuis des lustres et au final seul le Liban l'est! M. Chokr nous a non seulement donné un aperçu du régime qu'il défend mais aussi la conviction qu'il nous faut tout faire pour détruire le régime Syrien a tout jamais! Merci M. Chokr et merci l'OLJ pour le rappel de toutes les rixes parlementaires ou autres. Vous remarquerez que toutes ont commencé par les représentants 8 marsiens! Cherchez les voyous!

Pierre Hadjigeorgiou

08 h 00, le 16 novembre 2011

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Commentaires (10)

  • Ce qui n'a malheureusement pas été relevé est le fait que M. Chokr a été impoli sur toute la ligne en ne laissant pas M. Allouche dire se qu'il pense, ne le laissant pas continuer son argumentation et en prenant l'initiative de l'attaquer physiquement car a cours d'arguments. Cela démontre, en politique, la faiblesse de ceux qui se croient invincibles, les plus forts,ceux qui vont faire chuter l'occident, leurs plans, etc. sans oublier le destruction d’Israël qu'ils nous promettent depuis des lustres et au final seul le Liban l'est! M. Chokr nous a non seulement donné un aperçu du régime qu'il défend mais aussi la conviction qu'il nous faut tout faire pour détruire le régime Syrien a tout jamais! Merci M. Chokr et merci l'OLJ pour le rappel de toutes les rixes parlementaires ou autres. Vous remarquerez que toutes ont commencé par les représentants 8 marsiens! Cherchez les voyous!

    Pierre Hadjigeorgiou

    08 h 00, le 16 novembre 2011

  • Lamentable de part et d'autre. Et dire qu'il y en a qui applaudissent.

    Robert Malek

    12 h 43, le 15 novembre 2011

  • De vrais gentlemen ces deux spécimens !!! allouch et chakar la honte pour les libanais, mais nous verrons bien aux prochaines élections, 2013 c'est pour bientôt. Marie José Malha

    Marie Jose Malha

    11 h 39, le 15 novembre 2011

  • Super ton jeu de mots Tina et merci pour la correction:)! Des fois quand je me relis, je comprend pourquoi beaucoup des mes amis ont voulu faire psy... J'étais en train de penser qu'à défaut d'avoir de bons débats, on pourrait organiser une compétition politique de lancée de chaises... ça coûte moins cher que des élections et c'est surtout plus drôle!

    Ali Farhat

    10 h 37, le 15 novembre 2011

  • Ovationner er remercier un tel quidam "pour son excellent spectacle" comme le fait le sieur Jabbour, montre aussi, pour tous ceux qui ne l'avaient pas encore mesurée, l'exigüité de sa pensée politique. Effectivement, il a la franchise de se révéler tel quel. Bravo!

    Paul-René Safa

    08 h 57, le 15 novembre 2011

  • Quand on commence à qualifier les insultes, les accusations, les menaces et les coups de démocratie, c'est la fin de la démocratie. Paroles contre paroles, avis contre avis, idée contre idée, c'est la règle du jeu. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    08 h 13, le 15 novembre 2011

  • Hyper cute votre uppercut Ali;) "Cut!" a du crier le réalisateur. Un peu trop tard. A coup (s) sûr (s), buzz médiatique garanti!

    Tina Chamoun

    08 h 00, le 15 novembre 2011

  • C'est dommage d'en arriver là... Mais ça fait partie du folklore national bien de chez nous... un petit hypercute par ci un ... œil au beurre noir par là (pour Allouch, en ce qui me concerne).... c'est chouette pour le show... tant que ça n'aura pas de conséquence dans les rues, pardonnez-moi... mais j'en redemande!

    Ali Farhat

    05 h 43, le 15 novembre 2011

  • Comme si vraiment le pays se préparait à une nouvelle guerre civile . Voir ainsi deux docteurs mais cette fois professionnels en vulgarité Fayez Chakar et Moustapha Allouch , s' insulter sur notre petit écran y apas de plus degoutant . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    05 h 37, le 15 novembre 2011

  • - - J'adooooore ... C'est un régal de voir une grande gueule et arroseur , arrosé en direct et en public . Cela lui servira de leçon dans le " futur " , dans le temps et non dans son parti ! de ne plus insulter les gens et les présidents gratuitement comme il le fait avec ses (z) amis , et leur coller des noms d'oiseaux en se croyant tout permis . Bravo et merci monsieur Chokr , pour cet excellent spectacle , qui nous montre que la démocratie et la liberté de paroles , ont des limites , sinon , c'est la douche certaine à tous les coups .. Évidement , vous n'êtes pas obligé de me croire , mais vous êtes obligé de constater et respecter ma franchise ! Merci .

    JABBOUR André

    05 h 33, le 15 novembre 2011

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