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À La Une - Liberté d'expression

Tunisie : Jugé pour "atteinte au sacré", le patron de Nessma TV condamné à une amende

L’avocat de Nabil Karoui, qui avait diffusé Persepolis, dénonce une "atteinte à la liberté de la presse".

Nessma TV était poursuivi pour la diffusion de Persepolis, un film irano-français. En cause : une scène du film qui décrit le régime iranien de Khomeiny à travers les yeux d'une fillette parlant à Dieu personnifié, la représentation d'Allah étant proscrite par l'islam.

Le patron de la chaîne Nessma jugé pour "atteinte au sacré" après la diffusion du film franco-iranien Persepolis a été condamné jeudi par un tribunal tunisien au paiement d'une amende de 2.400 dinars (1.200 euros environ). Le film a été diffusé en octobre 2011, quinze jours avant la première élection post-Ben Ali gagnée par le parti islamiste Ennahda, qui dirige depuis le gouvernement.

 

"Nabil Karoui a été condamné au versement d'une amende de 2.400 dinars pour la diffusion au public d'un film troublant l'ordre public et portant atteinte aux bonnes moeurs", selon le jugement du tribunal de première instance de Tunis. Le tribunal a également condamné un responsable de la production et un technicien de la chaîne au paiement d'une amende de 1.200 dinars chacun, selon le jugement.

 

En cause : une scène du film qui décrit le régime iranien de Khomeiny à travers les yeux d'une fillette parlant à Dieu personnifié, la représentation d'Allah étant proscrite par l'islam.

 

M. Karoui était absent à l'annonce du verdict qui coïncidait avec la Journée mondiale de la liberté de la presse célébrée en Tunisie depuis la chute de l'ex-président Ben Ali en janvier 2001.

 

"Ce jugement est une atteinte à la liberté de la presse. On espérait un acquittement pur et simple en cette journée mondiale de la liberté de la presse", a dit à l'AFP Me Abada Kefi. La défense va interjeter appel, a ajouté l'avocat de la chaîne.

 

"M. Karoui aurait pu être condamné à une peine allant de trois à six mois de prison ferme au regard des chefs d'accusation", a estimé un avocat de la partie civile, Rafik Ghak ajoutant qu'il allait examiner avec ses clients l'intérêt de faire appel.

 

Quelques personnes ont manifesté leur colère à l'annonce du jugement. "C'est aberrant, 2.400 dinars pour quelqu'un qui se moque d'Allah et offense le sentiment des musulmans", a estimé un homme en pleurs. "On se moque d'Allah et on prétend que c'est la liberté d'expression", a renchéri une femme voilée devant le palais de justice, soigneusement gardé par la police.

 

Le procès ouvert le 16 novembre 2011 et reporté deux fois a déchaîné les passions entre défenseurs des libertés et milieux islamistes extrémistes responsables de violences en octobre peu avant le premier scrutin libre de l'après Ben Ali.

 

L'affaire Nessma n'est pas la seule du genre en Tunisie.

 

Le 19 avril dernier, les autorités tunisiennes ont annoncé la condamnation de deux jeunes Tunisiens à des peines de sept ans de prison ferme pour avoir diffusé sur le réseau social Facebook des caricatures de Mahomet. "Ils ont été condamnés(...) à sept ans de prison pour attentat à la moralité et trouble à l'ordre public", a déclaré Chokri Nefti, porte-parole du ministère de la Justice.

 

L'un des deux, Djabeur Mejri, a été incarcéré, tandis que le second, Ghazi Bedji, est toujours recherché par la police et a été condamné par contumace. La sentence avait été rendue le 28 mars mais n'avait été annoncée que le 19 avril, lorsque des blogueurs ont commencé à diffuser sur Internet des informations concernant cette affaire.

 

"Les peines sont très lourdes et sévères, même si ces jeunes gens étaient en tort, avait déclaré à Reuters un blogueur tunisien. Cette décision vise à étouffer la liberté d'expression même sur Internet".

 

Le gouvernement tunisien déclare avoir le devoir de défendre la morale publique mais ses adversaires laïques l'accusent d'utiliser l'appareil judiciaire pour réprimer les milieux qui ne se soumettent pas à l'orthodoxie religieuse.

Le patron de la chaîne Nessma jugé pour "atteinte au sacré" après la diffusion du film franco-iranien Persepolis a été condamné jeudi par un tribunal tunisien au paiement d'une amende de 2.400 dinars (1.200 euros environ). Le film a été diffusé en octobre 2011, quinze jours avant la première élection post-Ben Ali gagnée par le parti islamiste Ennahda, qui dirige depuis le...

commentaires (2)

On se croirait dans l'Iran des "mollahs enturbannés" !

Antoine-Serge KARAMAOUN

09 h 05, le 03 mai 2012

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Commentaires (2)

  • On se croirait dans l'Iran des "mollahs enturbannés" !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    09 h 05, le 03 mai 2012

  • - - Comment peuvent-ils encore célébrer en Tunisie la journée mondiale de la liberté de la presse ou toute autre liberté , après l'instauration de la Charia comme seul et unique droit et constitution ? Personnellement je trouve que le jugement est " juste et bon " et correspond aux lois en vigueur qui ne doivent pas être transgressées ni piétinées .. Je trouve aussi que les juges ont été très cléments avec les accusés puisqu'ils n'ont pas réclamé des flagellations ni des coupures de bras de pieds ou de têtes comme le font d'autres pays bien connus qui pratiquent la Charia , quand la religion est insultée .. Vous l'avez voulue votre révolution mesdames et messieurs les Tunisiens , alors subissez et ce n'est que le début .. elle se met en place petit à petit .

    JABBOUR André

    08 h 19, le 03 mai 2012

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