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À La Une - Répression

Pour l'ONU, c'est la guerre civile en Syrie

Moscou a livré des missiles de croisière à Damas.

Le dernier bilan de l'ONU sur la répression en Syrie datait du 8 novembre et faisait état de 3.500 morts. Photo archives/

Le bilan des victimes de la répression contre la contestation en Syrie est d'au moins 4.000 morts, a déclaré jeudi la Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Navi Pillay lors d'une conférence de presse.

"Selon les informations qui nous parviennent c'est beaucoup plus que cela et l'on peut désormais parler de guerre civile", a ajouté Mme Pillay, à la veille d'une session spéciale du Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Syrie à la lumière du récent rapport d'une commission d'enquête. "J'avais dit en août devant le Conseil de sécurité que lorsqu'un nombre croissant de déserteurs menaceraient de prendre les armes, il y aurait guerre civile. Désormais, c'est ainsi que je caractérise ce qui se passe", a-t-elle ajouté.

 

Le dernier bilan de l'ONU sur la répression en Syrie datait du 8 novembre et faisait état de 3.500 morts. Lundi, la commission d'enquête mandatée par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU avait en outre conclu que les autorités syriennes avaient commis des crimes contre l'humanité dans leur répression des manifestations d'opposants au régime depuis mars. Une session spéciale sur ce rapport doit se tenir demain vendredi.

Un projet de résolution préparé par l'UE prévoit de condamner "les graves violations systématiques des droits de l'homme" commises par les autorités syriennes et que le rapport de la commission d'enquête soit soumis à l'Assemblée générale de l'ONU et au Conseil de sécurité de l'ONU.

 

L'opposition et les rebelles armés s'engagent à coordonner leurs efforts

 

Face à un régime qui persiste dans la violence, l'opposition resserre les rangs. Des membres du Conseil national syrien (CNS), qui regroupe une bonne partie de l'opposition syrienne, et de l'Armée syrienne libre (ASL), formée de soldats ayant déserté l'armée régulière syrienne, ont eu une première rencontre en Turquie, a indiqué jeudi un responsable du CNS à l'AFP. Ce contact s'est déroulé lundi dans la province turque de Hatay (sud), frontalière avec la Syrie, et les deux parties ont convenu que "le devoir de l'Armée syrienne libre est de protéger le peuple et de ne pas attaquer" le régime syrien, a dit Khalid Hodja. "Nous sommes tombés d'accord pour que le Conseil et l'armée soient en coordination", a dit ce responsable, membre du comité des relations étrangères du CNS. Riad al-Assaad, un colonel de l'armée syrienne qui commande l'ASL depuis la Turquie, où il s'est réfugié, s'est entretenu avec six membres du CNS, dont Burhan Ghalioun, son chef.

 

 

Les sanctions arabes frapperaient au plus près de Bachar el-Assad

 

Parallèlement, une source proche de la Ligue arabe indiquait à l'AFP que le frère du président Bachar el-Assad, Maher, et son richissime cousin Rami Makhlouf figurent parmi 17 personnalités syriennes dont les comptes seront gelés et qui seront interdits de voyage dans les pays arabes.

Préparée par une commission spécialisée de la Ligue arabe, la liste des personnes visées par les sanctions doit être soumise samedi à l'approbation d'une réunion à Doha d'un comité ad hoc comprenant le Qatar, l'Egypte, l'Algérie, le Sultanat d'Oman et le Soudan, mais ouverte à tout autre pays qui souhaiterait y participer.

Les 17 personnes figurent sur une liste des personnalités syriennes qui seront frappées par les sanctions décidées dimanche par la Ligue arabe contre le régime syrien devant son refus de mettre fin à la répression sanglante de la révolte.

Outre Maher el-Assad, le "numéro deux" du pays qui commande la Garde républicaine et la quatrième division mécanisée, les sanctions visent aussi le cousin du président, le magnat des télécoms Rami Makhlouf, accusé de "fournir un soutien financier au régime". Le ministre de la Défense, Daoud Rajha, celui de l'Intérieur Mohammad Al-Chaar, ainsi que plusieurs responsables des services de sécurité et de renseignements figurent également sur la liste.

 

Rami Makhlouf, cousin du président syrien et Maher,

son frère devraient être visés par les sanctions de la Ligue arabe. 

 

 

Dimanche, la Ligue arabe a adopté des sanctions économiques sévères contre la Syrie. Sanctions qui comprennent également un gel des transactions commerciales avec le gouvernement syrien et des comptes bancaires du gouvernement dans les pays arabes, ainsi que la suspension des liaisons aériennes entre les pays arabes et la Syrie.

 

De leur côté, les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé jeudi de durcir leurs sanctions économiques contre la Syrie, en ciblant les secteurs de la finance, du pétrole et du gaz notamment, ont indiqué à l'AFP des sources diplomatiques. Dans le cadre de ce dixième train de sanctions, l'UE a également décidé d'ajouter onze nouvelles sociétés, et douze personnes à ses listes de gels d'avoirs et d'interdictions de visa.

 

Damas de plus en plus isolé

 

Quelques heures plus tard, les Etats-Unis ont annoncé à leur tour de nouvelles sanctions contre le régime syrien, qui vont toucher cette fois-ci un oncle maternel du président syrien et un général, selon le département du Trésor.

Celui-ci précise que l'oncle maternel du président Assad, Mohammed Makhlouf, est la cible de ces sanctions en raison de l'aide "matérielle" et "financière" qu'il a fournie au régime syrien. Le général Aus Aslan est pour sa part un officier du gouvernement syrien en poste dans "une unité de protection clé du régime" syrien, souligne le Trésor.

Les Etats-Unis sanctionnent également deux nouvelles entités appartenant au gouvernement syrien: la deuxième banque du pays "Real Estate Bank" et la société de travaux publics "Military Housing Establishment", indique le département du Trésor dans un communiqué.

Par ailleurs, le Koweït a appelé ses ressortissants à quitter la Syrie, devenant la quatrième monarchie du Golfe à lancer un tel appel. Mardi, le royaume saoudien avait annoncé une mesure similaire, deux jours après Bahreïn et le Qatar qui, comme le Koweït, sont membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

 

Damas peut toutefois toujours compter sur le soutien de Moscou.

La Russie a livré à la Syrie un système mobile de défense côtière comportant des missiles de croisière anti-navires dans le cadre d'un contrat conclu en 2007, a ainsi indiqué jeudi une source russe militaro-diplomatique à l'agence Interfax. "Les missiles anti-navires supersoniques Iakhont ont été livrés à la Syrie dans le cadre du système mobile de défense côtière Bastion", a précisé cette source, refusant de préciser le volume et la date de cette livraison.

Selon une autre source citée par Interfax, Damas compte recevoir au moins deux systèmes Bastion composés chacun de jusqu'à 36 missiles de croisière Iakhont. Ce contrat est estimé à environ 300 millions de dollars, d'après Interfax.

Le ministre russe de la Défense, Anatoli Serdioukov, avait indiqué en février que Moscou entendait remplir son contrat de livraison de missiles de croisière à la Syrie -alors en phase de réalisation-, malgré l'opposition d'Israël, inquiète que ces armes ne parviennent au Hezbollah.

Allié de la Syrie depuis la période soviétique, la Russie a réaffirmé à plusieurs reprises ces derniers mois qu'elle entendait poursuivre ses livraisons d'armes à ce pays, en dépit des appels notamment de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, à se ranger du "bon côté de l'Histoire".

 

 

Sur le terrain, quinze civils ont encore été tués jeudi, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Neuf civils ont été tués par les tirs des forces de l'ordre qui ont procédé à des perquisitions et des ratissages dans la localité d'Al Tremsé" dans la région de Hama, 210 km au nord de Damas, selon l'OSDH.
Plus au sud, quatre civils ont péri dans divers quartiers de la ville de Homs sous les balles des forces de sécurité et de tireurs embusqués. En outre, une femme et sa fille ont été tuées à Tal Kalakh, dans la région de Homs, lors du pilonnage de leur maison à la mitrailleuse lourde, a précisé l'OSDH. "Le bruit des mitrailleuses lourdes était entendu aux abords de Tal Kalakh", a indiqué la même source, selon qui les habitants craignent un assaut de l'armée contre cette localité.
Les forces de sécurité ont mené également des perquisitions dans la province de Deraa (sud) où huit personnes ont été blessées et 28 autres arrêtées. A Harasta, près de Damas, dix jeunes ont été arrêtés dans les perquisitions, selon la même source.

Le bilan des victimes de la répression contre la contestation en Syrie est d'au moins 4.000 morts, a déclaré jeudi la Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Navi Pillay lors d'une conférence de presse.
"Selon les informations qui nous parviennent c'est beaucoup plus que cela et l'on peut désormais parler de guerre civile", a ajouté Mme Pillay, à la veille d'une session...

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Les liaisons aériennes entre la syrie et les pays arabes suspendus? Cool c'est tout bénéf pour notre aeroport de Beyrouth qui va récupérer aussi bien les passagers ( citoyens syriens) que marchandises sortant ou rentrant en Syrie. A moins de renforcer notre liaison maritime (la frontière maritime avec Chypre) mais notre seule frontière terrestre, à ce jour: C'est avec la Syrie. On ne peut pas fermer cette frontiere. Un blocus libanais contre la syrie sera un blocus contre le Liban aussi. Seul poumon du Liban vers les pays arabes.

Jean Pierre EL KHOURY

07 h 06, le 01 décembre 2011

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Commentaires (1)

  • Les liaisons aériennes entre la syrie et les pays arabes suspendus? Cool c'est tout bénéf pour notre aeroport de Beyrouth qui va récupérer aussi bien les passagers ( citoyens syriens) que marchandises sortant ou rentrant en Syrie. A moins de renforcer notre liaison maritime (la frontière maritime avec Chypre) mais notre seule frontière terrestre, à ce jour: C'est avec la Syrie. On ne peut pas fermer cette frontiere. Un blocus libanais contre la syrie sera un blocus contre le Liban aussi. Seul poumon du Liban vers les pays arabes.

    Jean Pierre EL KHOURY

    07 h 06, le 01 décembre 2011

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