L’affaire fait grand bruit en France. Dans une lettre dont le quotidien économique Les Echos publie une copie, le PDG de Titan international, qui a renoncé à reprendre l'usine de pneus Goodyear d'Amiens-Nord (nord de la France), se livre à un exercice de "French-bashing" de haut vol.
La lettre en anglais datée du 8 février est adressée au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, et dit répondre à un courrier du 31 janvier du ministre demandant à l'Américain Titan d'entamer des discussions pour une reprise de l'usine d'Amiens menacée de fermeture.
"Goodyear a essayé pendant plus de quatre ans de sauver une partie des emplois à Amiens, qui sont parmi les mieux payés, mais les syndicats et le gouvernement français n'ont fait rien d'autre que de discuter", écrit le PDG Maurice M. Taylor, selon une traduction de l'AFP.
"J'ai visité cette usine plusieurs fois. Les salariés français touchent des salaires élevés mais ne travaillent que trois heures. Ils ont une heure pour leurs pauses et leur déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures", écrit encore M. Taylor au ministre. "Je l'ai dit en face aux syndicalistes français. Ils m'ont répondu que c'était comme ça en France!", affirme-t-il, selon le fac-simile de la lettre lisible sur le site.
"Monsieur, votre lettre signale que vous voulez que Titan démarre une discussion. Vous pensez que nous sommes si stupides que ça ?", lance M. Taylor. "Titan est celui qui a l'argent et le savoir-faire pour produire des pneus. Qu'a le syndicat fou ? Il a le gouvernement français", ironise-t-il, avant de résumer les grandes lignes de la mondialisation économique sauvage.
"Le fermier français veut des pneus pas chers. Il se moque de savoir s'ils viennent de Chine ou d'Inde (...)". "Titan va acheter un fabricant de pneus chinois ou indien, payer moins d'un euro l'heure de salaire et exporter tous les pneus dont la France a besoin", menace-t-il.
"Vous pouvez garder les soi-disant ouvriers, se moque encore le PDG américain. Titan n'est pas intéressé par l'usine d'Amiens Nord".
Interrogé mercredi soir, Arnaud Montebourg a refusé de commenter cette lettre. "Je ne veux pas nuire aux intérêts de la France", a-t-il dit.
Le représentant de la CGT, majoritaire à l'usine Goodyear d'Amiens-Nord, Mickaël Wamen a estimé, pour sa part, que la lettre du PDG de Titan international était une "insulte totale", et jugé Maurice M. Taylor proche de l'"asile psychiatrique".
Au passage, dans sa missive, le PDG du groupe américain prévoit un avenir sombre aux activités du géant français du pneumatique Michelin en France. "Dans cinq ans, Michelin ne pourra plus produire de pneus en France", dit-il.
Goodyear a annoncé fin janvier que l'usine d'Amiens Nord allait fermer, menaçant 1.173 postes, provoquant un tollé politique en France, où plusieurs sites industriels sont promis à la fermeture, mettant le gouvernement en difficulté. M. Montebourg avait annoncé le 12 février que Titan, société américaine spécialisée dans la fabrication des pneus agricoles notamment, ne reviendrait pas à la table des négociations pour une reprise de l'usine. Des premières négociations entre le groupe et titan International avaient déjà échoué l'automne dernier.
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commentaires (3)
Qu'il aille se faire voir chez ...les Grecs...aux dernières nouvelles,et selon ,excusez du peu, l'OCDE,la France était en tête de la productivité par tête en Europe dans le secteur privé,s'entend...pour le public,c'est une autre paire de manches(un qui travaille et trois qui le regardent)...qu'est ce qu'il veut,cet abruti...que les Français travaillent au salaire du Bangla Desh?Y a des jours où je serais presque ...humain!Taille-toi...Taylor...il y en aura un autre.
GEDEON Christian
09 h 51, le 20 février 2013