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À La Une - France

Guéant vs les étudiants étrangers : troisième round

Le gouvernement français inscrit dans son budget 2012 une nouvelle taxe sur le renouvellement du titre de séjour.

Claude Guéant, auteur d'une circulaire qui divise les Français et crée la polémique. Charles Platiau/

Le gouvernement français a décidé, le 28 décembre, de rehausser la taxe sur le renouvellement du titre de séjour pour les étudiants étrangers.
"Gratuit jusqu'en décembre 2008, le renouvellement d'un titre de séjour étudiant est actuellement soumis à une taxe comprise entre 55 et 70 euros. A partir du 1er janvier 2012, la taxe variera entre 200 et 385 euros. A cela s'ajoute une nouvelle contribution de 110 euros, payable dès le dépôt de la demande, et non remboursable même en cas de refus." Cette mesure a été promulguée dans la loi de finances 2012. Une énième manœuvre du gouvernement Sarkozy dans sa lutte contre l’immigration. 

 

"En psychiatrie, on appellerait ça une névrose obsessionnelle", a violemment réagi Vincent Chauvet, président du MoDem Sciences-Po, dans une tribune intitulée "Taxe sur les étudiants étrangers : l'Etre et le Guéant" et publiée sur le site des Echos.

 

"Névrose obsessionnelle", un terme fort renvoyant au fait que l'affaire de la circulaire Guéant remonte déjà au 31 mai dernier et à l'acharnement du ministre de l'Intérieur malgré les critiques. A cette date, une circulaire relative à la maîtrise de l'immigration professionnelle signée par les ministres français de l'Intérieur, Claude Guéant, et du Travail, Xavier Bertrand, restreint la possibilité pour les étudiants étrangers d'obtenir un statut de salarié pour travailler en France au terme de leur formation. La circulaire demande notamment aux préfets "d'instruire avec rigueur" les demandes d'autorisation de travail. Cette circulaire s'inscrit dans la volonté des autorités de réduire l'immigration légale, alors que le camp du président Nicolas Sarkozy entre en campagne électorale avec un discours très dur sur l'immigration, à quelques mois de l'élection présidentielle.

 

Après la publication de la circulaire, de nombreux diplômés étrangers, dont certains très qualifiés, qui avaient été recrutés dans des entreprises françaises, n'ont pas pu obtenir un changement de statut (d'étudiant à salarié), un sujet d'inquiétude pour les universités et les grandes écoles.

 

Qualifiée de "moralement méprisable, économiquement suicidaire", la circulaire du 31 mai a suscité un tollé. Une centaine de personnalités, dont le prix Nobel de Physique Albert Fert, ont mis en ligne, le 10 décembre, une pétition dans laquelle elles s'engagent à "parrainer les diplômés étrangers en les aidant concrètement dans leurs démarches dans les préfectures" et à les "protéger" pour qu'ils puissent rester en France car, selon l'intitulé de la pétition, "la matière grise est de toutes les couleurs". 

Pour eux, le "message" de la circulaire Guéant du 31 mai "est clair : étranger, ne viens pas étudier chez nous, et n’espère pas trouver un emploi au terme de tes études". "L'idée véhiculée est aussi mensongère que dangereuse", expliquent-ils, car "dire que l’embauche d’un étranger prend l’emploi d’un citoyen français, c’est faux! C’est un mensonge éhonté".

 

Critiques politiques aussi. "Seul un retrait immédiat de cette circulaire serait de nature à rassurer les étudiants du monde entier, les diplômés étrangers en France, les entreprises qui les recrutent et les établissements d'enseignement supérieur français", assurait, le 23 décembre, le député PS Jack Lang dans une lettre à François Fillon.

Des critiques émises jusqu'au sein de la majorité présidentielle.

 

"La première circulaire mérit(ait) d’être améliorée, tout le monde l'a dit,", a reconnu le député et responsable UMP Franck Riester. "Il y a au niveau des étudiants qui sont là depuis un certain nombre de mois ou d'années en France, qui sont des étudiants de l’enseignement supérieur, la nécessité d'être regardés avec un regard particulier", a-t-il ajouté.

 

Charles Givadinovitch, secrétaire national de l'UMP chargé de la lutte contre la précarité et la pauvreté, était allé plus loin encore en demandant à Claude Guéant de supprimer cette circulaire qui "va à l'encontre de toute logique économique puisque nos entreprises ont réellement besoin de ces salariés qualifiés qui apportent leur double culture, véritable richesse".

 

Face à la mobilisation grandissante dans les universités et aussi aux réserves au sein du gouvernement et du patronat, Claude Guéant a promis, le 23 décembre, de revoir sa circulaire controversée. Un nouveau texte spécifique sur le droit de travail des étudiants étrangers devrait être prêt début 2012 à la suite d'une concertation avec les acteurs concernés.

"Je note qu'il y a des malentendus, des interrogations. Je suis résolu à avoir une concertation avec les parties prenantes – universités, grandes écoles, patronat – et à faire une circulaire spécifique sur le travail des étudiants étrangers afin que les cas de figures soient examinés et que les choses soient plus claires", avait déclaré le ministre français sur Europe 1.

 

"Nous voulons participer à la concertation et nous allons demander à être reçus par Claude Guéant car nous pensons qu'il est loin d'imaginer les cas d'étudiants qui, sur le terrain, essuient des refus", a réagi Hajer Georgi, porte-parole du Collectif du 31 mai qui regroupe les étudiants concernés.

Le gouvernement français a décidé, le 28 décembre, de rehausser la taxe sur le renouvellement du titre de séjour pour les étudiants étrangers. "Gratuit jusqu'en décembre 2008, le renouvellement d'un titre de séjour étudiant est actuellement soumis à une taxe comprise entre 55 et 70 euros. A partir du 1er janvier 2012, la taxe variera entre 200 et 385 euros. A cela s'ajoute une...

commentaires (2)

- - Le ministre Guéant à raison dans sa démarche financière qui vient se rajouter à la sécuritaire concernant les étrangers qu'ils soient étudiants ou demandeurs d'asile ou autre . Mais , qu'a-t-il prévu pour les " sans papiers " qui arrivent par milliers de Lampedousa en Italie , qui se trouvent non seulement assistés et régularisés , mais quelques années plus tard , naturalisés Français .. !! ?? Peut-être que les étudiants devraient prendre le même chemin .

JABBOUR André

09 h 56, le 02 janvier 2012

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Commentaires (2)

  • - - Le ministre Guéant à raison dans sa démarche financière qui vient se rajouter à la sécuritaire concernant les étrangers qu'ils soient étudiants ou demandeurs d'asile ou autre . Mais , qu'a-t-il prévu pour les " sans papiers " qui arrivent par milliers de Lampedousa en Italie , qui se trouvent non seulement assistés et régularisés , mais quelques années plus tard , naturalisés Français .. !! ?? Peut-être que les étudiants devraient prendre le même chemin .

    JABBOUR André

    09 h 56, le 02 janvier 2012

  • La loi est discutable certes. Injuste et déloyale aussi mais bon, le gouvernement cherche des solutions même si elles sont démagogues et stériles. CEPENDANT ce qui me CHOQUE parce que c'est ce carrément du vol, cette arnaque et racket en lisant cette phrase ..... "A cela s'ajoute une nouvelle contribution de 110 euros, payable dès le dépôt de la demande, et non remboursable même en cas de refus."..... Ne pas rembourser cette somme à ce pauvre étudiant alors qu'il est refusé???????????? Là, je trouve HONTEUX de se faire du fric sur le dos de pauvres étudiants et pauvres parents qui se fendent en 4 pour assurer un meilleur avenir à leurs enfants. HONTEUX de ne pas rembourser cette somme en cas de refus ( déjà que c'est honteux de leur faire payer mais bon...)

    Jean-Pierre EL KHOURY

    07 h 15, le 02 janvier 2012

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