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À La Une - Syrie

Damas met en garde : "Si le combat nous est imposé, nous combattrons"

Mouallem accuse la Ligue arabe d'être instrumentalisée ; l'organisation rejette les demandes syriennes d'amender le plan de sortie de crise.

Une manifestation pro-Assad à Damas. Louai Beshara/

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a prévenu dimanche que son pays riposterait par le "combat" si cela lui était imposé. "Si le combat nous est imposé, nous combattrons", a affirmé M. Mouallem lors d'une conférence de presse. "Nous espérons que cela ne nous sera pas imposé (...), le problème en Syrie ne peut être résolu que pas les Syriens eux-mêmes", a-t-il ajouté.

 

 

Assad inflexible

 

Avant son ministre, le président syrien s'est lui-même dit prêt à mourir. Dans un entretien publié dimanche par l'hebdomadaire britannique The Sunday Times, Bachar el-Assad, au pouvoir depuis 2000, s'est dit prêt à combattre s'il devait affronter des forces étrangères. Neuf mois après le déclenchement d'une contestation sans précédent contre son régime, M. Assad reste inflexible en dépit de son isolement international croissant. Il a également affirmé qu'il ressent du chagrin à chaque goutte de sang versée, mais que son régime doit faire respecter la loi face à des bandes armées.

"Mon rôle de président est dans l'action, pas dans des discours ou du chagrin", a-t-il déclaré. "La seule solution est (...) de chasser les bandes armées, d'empêcher l'entrée d'armes et de munitions depuis des pays voisins, d'empêcher le sabotage et de faire respecter la loi et l'ordre".

 

Le président a également accusé la Ligue arabe de créer un "prétexte" à une intervention militaire occidentale qui provoquerait un "séisme" dans la région. Il a souligné que "la Syrie ne s'inclinera pas" en dépit des pressions croissantes de l'Occident et des Arabes et la multiplication des appels à son départ. Il s'est dit aussi "tout à fait" prêt à combattre et à mourir s'il devait affronter des forces étrangères - "cela va sans dire et c'est indéniable".

 


 

Le bras de fer continue

 

 

Sur le plan diplomatique, entre la Syrie et la Ligue arabe, rien ne va plus. Walid Mouallem a accusé dimanche certains membres de la Ligue d'utiliser l'organisation comme un "outil" pour parvenir au Conseil de sécurité de l'ONU.
"On ne peut pas prendre des décisions précipitées. Ce qu'il faut c'est une réflexion rationnelle car certains dans le monde arabe utilisent la Ligue arabe comme un outil pour parvenir au Conseil de sécurité", a déclaré le ministre au cours d'une conférence de presse à Damas.
La proposition "de la Ligue arabe comporte des articles reflétant les positions non équilibrées adoptées par certains Etats membres depuis le début de la crise", a-t-il ajouté. "Ce protocole accorde aux émissaires de la Ligue arabe de très amples prérogatives, voire impossibles, pouvant aller jusqu'à la violation de la souveraineté nationale", a-t-il souligné.
"Cela est sans précédent dans l'histoire des organisations régionales, qu'une organisation travaille contre l'intérêt d'un de ses membres", a-t-il dénoncé.

 

 

Quelques heures plus tôt dimanche, La Ligue arabe a rejeté une demande de Damas d'amender une proposition d'envoyer en Syrie une délégation de 500 observateurs, estimant qu'elle dénaturait le projet. Ces modifications "affectent le coeur" du projet et "changeraient radicalement le nature de la mission, qui consiste à superviser la mise en oeuvre du plan arabe pour mettre fin à la crise en Syrie et protéger les civils syriens", a déclaré l'institution panarabe dans un communiqué.

"La Ligue est résolue à résoudre la crise syrienne dans un cadre arabe, afin de mettre fin à la violence et aux meurtres et de répondre aux ambitions du peuple syrien pour le changement et les réformes politiques et économiques".

 

La Ligue arabe avait indiqué vendredi que le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, avait envoyé la veille à son secrétaire général Nabil al-Arabi une lettre pour réclamer des modifications au projet. Cette mission doit être composée de 500 membres d'organisations de défense des droits de l'Homme, de médias et d'observateurs militaires, pour s'assurer de la sécurité des populations civiles dans les zones en proie aux violences.

 

La Ligue arabe avait donné mercredi un délai de trois jours au président Assad pour qu'il mette fin à la répression sous peine de sanctions économiques, après avoir suspendu la participation de son pays de l'organisation panarabe. Damas a minimisé dimanche l'importance de cet ultimatum (qui a expiré samedi), affirmant qu'un accord était encore possible sur la proposition arabe de sortie de crise.

 

Le 2 novembre, Damas avait dit accepter un plan arabe de sortie de crise sans toutefois l'appliquer sur le terrain, où la répression, qui a fait plus de 3.500 morts depuis mi-mars selon l'ONU, n'a pas faibli.

 

 

Walid Mouallem lors de sa conférence de presse. Louai BESHARA/AFP 


 

"Wishful thinking"

 

Face à la recrudescence des violences, les Etats-Unis, la France, la Turquie mais aussi l'Iran ont dit craindre une "guerre civile" alors que les attaques de militaires dissidents se multiplient parallèlement aux manifestations pacifiques.

Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a estimé que le président syrien avait "franchi le point de non-retour" et risquait de connaître le même sort que les anciens dirigeants libyen Mouammar Kadhafi et irakien Saddam Hussein.

La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a évoqué la possibilité d'une "guerre civile, avec une opposition très déterminée, bien armée et finalement bien financée". Des déclarations rejetées, dimanche, par Damas. "Quand Mme Clinton dit que l'opposition est bien armée, (...) c'est comme on dit en anglais +wishful thinking+ (prendre ses désirs pour des réalités)", a affirmé le ministre syrien des AE, Walid Mouallem.

 

 

L'Armée syrienne libre (ASL), qui regroupe des soldats insoumis, a intensifié son action ces dernières semaines, menant des attaques à la roquette contre des centres des services secrets et du parti au pouvoir.

 

Ce matin, avant l'aube, au moins deux roquettes ont été tirées à Damas sur l'un des sièges du parti Baas, ont rapporté des habitants. Il s'agit de la première attaque de l'opposition dans la capitale depuis le début du soulèvement populaire mi-mars. "La place où est situé le siège local du parti Baas a été bouclée par la police. Mais j'ai vu de la fumée s'élever du bâtiment et des voitures de pompiers", a dit un des témoins qui a requis l'anonymat. "L'attaque s'est produite juste avant l'aube et le bâtiment était pratiquement vide. Il semble que l'intention était d'adresser un message au régime", a-t-il ajouté.

 

Sur le terrain aussi, au mois trois civils ont été tués dimanche matin par des tirs des forces de sécurité dans différentes localités du pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé au Royaume-Uni. Samedi, le bilan des violences s'était élevé à 17 morts.

 

 

Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a appelé l'opposition syrienne à éviter "le recours à l'insurrection armée".

Les Etats-Unis, l'Union européenne et la Turquie préconisent une accentuation des sanctions. Paris, Berlin et Londres veulent présenter au Comité des droits de l'Homme de l'Assemblée générale de l'ONU une résolution condamnant la répression et un vote devrait intervenir mardi.

 

Le président turc Abdullah Gül, dans un entretien dimanche au Sunday Telegraph, a assuré qu'il n'y avait "plus place pour des régimes autoritaires" tels que le régime syrien sur les bords de la Méditerranée.

Après avoir tenté de raisonner la Syrie avec laquelle elle avait spectaculairement amélioré ses relations au cours des dernières années, la Turquie a durci le ton à l’égard de son voisin et soutient désormais l'opposition.

 

Celle-ci, par la voix du Conseil national syrien (CNS), a annoncé dimanche un projet de programme politique ayant pour objectifs la chute du régime et la tenue d'élections d'une assemblée constituante à l'issue d'une période transitoire d'un an. Selon ce projet diffusé sur son site Internet, le CNS proclame que "la chute du régime syrien et de tous ses symboles est l'objectif de ce conseil qui représente la majeure partie des forces politiques, des groupes de l'opposition et des mouvements dirigeant la contestation".

Une fois cet objectif atteint, le conseil "dirigera le pays avec l'institution militaire pendant la période transitoire afin de préserver l'unité et la sécurité du pays". "Un gouvernement temporaire sera formé et il sera chargé d'organiser des élections libres au bout d'un an sous une supervision arabe et internationale pour désigner une assemblée constituante avec pour mission d'élaborer une nouvelle Constitution", ajoute le texte.

La nouvelle Constitution sera soumise à un référendum et, une fois adoptée, des élections législatives seront convoquées dans un délai de six mois.

 

Le CNS, lancé officiellement le 2 octobre à Istanbul, n'a été reconnu jusqu'à présent que par les nouvelles autorités libyennes.

 

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a prévenu dimanche que son pays riposterait par le "combat" si cela lui était imposé. "Si le combat nous est imposé, nous combattrons", a affirmé M. Mouallem lors d'une conférence de presse. "Nous espérons que cela ne nous sera pas imposé (...), le problème en Syrie ne peut être résolu que pas les Syriens eux-mêmes", a-t-il...

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