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Liban - L’éclairage

Le dialogue de Aïn el-Tiné serait-il piégé ?

Les regards restent braqués sur la conférence (marathon) du dialogue national ouverte hier et étalée sur trois jours, avec un ordre du jour qui ne rassure pas les composantes du 14 Mars, dans la mesure où tous les dossiers conflictuels y sont liés de manière à paver la voie à un marchandage qui reléguerait la Constitution au second plan.

Le président de la Chambre, Nabih Berry, à l'origine de cette initiative, se défend en affirmant que l'ordre du jour ne diffère pas de celui de toutes les sessions précédentes du dialogue et reprend la même hiérarchie des sujets, à commencer par la présidentielle, en passant par la loi électorale, pour finir avec les législatives. Il y avait cependant ajouté un élément : le gouvernement, c'est-à-dire sa présidence, sa composition et la répartition des portefeuilles. Il explique aussi qu'il avait voulu initier un « Doha libanais », en proposant de plancher sur tous les dossiers en même temps, dans l'espoir de dégager une solution globale, une fois pour toutes, afin d'en finir avec le blocage politique qui paralyse toutes les institutions.

S'il souhaite un accord global, c'est parce qu'il considère que tous les dossiers sont forcément liés. Dans les milieux de Aïn el-Tiné, on exclut ainsi une entente autour de la présidentielle sans accord préalable sur la présidence du Conseil, la composition du gouvernement et la répartition des portefeuilles, ainsi que sur la formule de la nouvelle loi électorale.

 

(Lire aussi : Pas de percée, mais une progression sérieuse : la primauté de Taëf et de la présidentielle consacrée)

 

Dans les milieux du 14 Mars, on considère que cette explication ne tient pas et on rappelle que lors des pourparlers de Doha, en mai 2008, il y avait eu une première tentative sournoise d'amender l'accord de Taëf lorsque le tiers de blocage avait été validé, pavant ainsi la voie à un « triumvirat » indirect en Conseil des ministres. Aujourd'hui, le 14 Mars a tout simplement peur que le mode de règlement proposé à Aïn el-Tiné ne consacre encore une fois un procédé qui outrepasse la Constitution et les institutions.

Le courant du Futur en particulier reste attaché à l'élection d'un chef de l'État en premier lieu ainsi qu'au maintien de Taëf. Il rejette l'idée d'un package deal qui, estime-t-il, compliquerait davantage les choses et ne permettrait surtout pas une libanisation de la présidentielle. Si le principe du package deal était accepté, le dossier de la présidentielle serait tributaire des développements dans la région, d'accords extérieurs ou encore d'une éventuelle réconciliation irano-saoudienne.

 

 

(Lire aussi : « Nous soutiendrons tout ce qui contribue à la stabilité interne du Liban », affirme Boroujerdi)

 

Le parti de Saad Hariri soutient que le problème ne se pose plus à son niveau et rappelle, pour ce qui a trait aux tractations autour de la présidentielle, qu'il a déjà effectué la moitié du chemin, d'abord en appuyant la candidature du chef du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme, sans réussir à rallier les formations chrétiennes autour d'elle, puis en soutenant celle d'un autre dirigeant du 8 Mars, le chef des Marada, Sleiman Frangié. Le courant du Futur reste persuadé que le Hezbollah ne veut pas qu'un nouveau chef de l'État soit élu, sinon il aurait facilité une entente autour de l'une des deux figures de son camp. Il redoute notamment une tactique hezbollahi dont la finalité serait un amendement de la formule politique sur laquelle le pays repose, pour pouvoir la remplacer par une autre qui tiendra compte de l'équilibre des forces dans le pays.

Certains observateurs mettent ainsi en relief le timing de la visite du président de la commission de la Sécurité nationale et de la Politique étrangère au Parlement iranien, Alaeddine Boroujerdi, à la veille de l'ouverture des sessions marathon du dialogue national. Un timing qui n'a rien d'anodin, selon eux, tout comme ses propos selon lesquels « le Liban reste le pays de la moumanaa et de la Résistance ». Dans les milieux du 14 Mars, on a vu dans ce discours une atteinte au dialogue ainsi qu'au système libanais fondé sur la démocratie et sur des institutions constitutionnelles. Le message de Boroujerdi a été bien reçu, estime-t-on dans ces milieux, où l'on croit ferme que l'Iran souhaite une couverture officielle libanaise aux activités extrafrontalières du Hezbollah, ce qui veut dire, en d'autres termes, que le Liban devrait être gouverné, non pas conformément à la Constitution, mais en fonction de la logique et des intérêts de la Résistance.

Comment dès lors peut-on s'attendre à une entente à Aïn el-Tiné, d'autant que les propos du responsable iranien non seulement rejoignent ceux que le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait tenus vendredi dernier, mais les confirment ? La question se pose, relèvent des responsables du 14 Mars.

 

 

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commentaires (1)

Je dédie la déclaration ci-après, elle vient d'être dite par Samy Gemayel, je la dédie aux sourds-muets des politicards qui nous gouvernent : "Le Président de la République, ce n'est le résultat d'une entente mais d'une élection." Tout ce qui fricote actuellement c'est mijoter des galets.

Un Libanais

16 h 09, le 03 août 2016

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Commentaires (1)

  • Je dédie la déclaration ci-après, elle vient d'être dite par Samy Gemayel, je la dédie aux sourds-muets des politicards qui nous gouvernent : "Le Président de la République, ce n'est le résultat d'une entente mais d'une élection." Tout ce qui fricote actuellement c'est mijoter des galets.

    Un Libanais

    16 h 09, le 03 août 2016

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