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Lifestyle - Positive Lebanese

Élias Maalouf : « Où est le train ? »

C'est probablement la question que se posent quotidiennement des millions de Libanais excédés, coincés dans les embouteillages inextricables de ce pays qu'on ne sait arpenter qu'en voiture. Et pourtant? Pourtant... Serait-ce possible? Pouvons-nous prétendre avoir un jour un réseau de chemin de fer fonctionnel et salutaire?

Élias Maalouf, président de l'association Train/Train, en est très convaincu. Et il sait parfaitement de quoi il parle. Quand en 2005, et à l'occasion d'un reportage qu'il effectuait pour sa faculté sur le départ des Syriens du Liban, Élias se retrouve dans la gare de Rayak et sauve des documents concernant les chemins de fer, l'émotion le submerge et le sujet devient vite une passion. Il collecte des archives, interroge de vieux cheminots, rejoint des groupes intéressés, questionne des spécialistes, remonte le temps et la passion devient obsession et conviction.

Il fonde alors en 2010 Train/Train qui rassemble des mordus des chemins de fer prêts à tout pour que la belle aventure des rails suive de nouveau son cours dans un Liban asphyxié par le manque d'infrastructure de transport. Aujourd'hui, Train/Train regroupe 32 membres et draine beaucoup de volontaires qui ont compris l'importance de la réhabilitation des chemins de fer. Et c'est là une des victoires de cette ONG qui a éveillé les Libanais à la nécessité de ce moyen de transport. Élias Maalouf insiste également beaucoup sur le dynamisme des groupes qui travaillent à ses côtés et qui se partagent les rôles entre la collecte d'informations, l'archivage avec souvent des photos ramenées de l'étranger, les études sur le terrain, le côté juridique et politique, sans oublier la faisabilité du projet.

Et on comprend vite que c'est du très sérieux. Oui, on peut tout à fait prétendre avoir une voie ferrée qui désengorgera les principaux axes, qui couvrira une large partie du territoire puisque l'on parle de plus de 402 kms de rails (qui existent déjà) et qui redynamisera le pays. Oui, on peut tout à fait réhabiliter les gares. Oui, les terrains appartiennent toujours à l'État. Les infractions ne sont que de l'ordre de 3%, et des locomotives polonaises arrivées durant la guerre civile et ayant donc peu servi sont en parfait état de marche. Des études ont été établies pour construire des tunnels qui iront à l'assaut des montagnes et ces tunnels pourraient assurer l'acheminement d'eau, de gaz et créeront assez d'énergie pour fournir les villes en courant électrique. Train/Train, dont le nom veut dire trains du passé vs trains du futur, qui regroupe des spécialistes passionnés, ne lâche pas prise.

Participant à des événements culturels, aidée pas des ambassades étrangères, cette association n'hésite pas à proposer régulièrement à l'État des solutions peu coûteuses comme par exemple réhabiliter la ligne Batroun-Tripoli en trois mois. Mais les autorités concernées restent intransigeantes et refusent de considérer le chemin de fer au Liban comme une solution envisageable. Et pourtant, l'asphyxie guette le pays qui étouffe dans les embouteillages et la pollution. Et pour Élias Maalouf, le pire est à venir, puisqu'aucun plan de réorganisation du trafic ne semble envisagé. Il évoque la reconstruction de la Syrie dont les matériaux seront forcément acheminés via les ports de Tripoli et de Beyrouth. Il reste cependant résolument optimiste et continue vaille que vaille son combat sans jamais baisser les bras, aidé par des groupes motivés et animés par une conviction sans faille et surtout une passion pour les trains, l'histoire du chemin de fer, le futur de la voie ferrée, la collecte de données, la création de solutions adéquates, la relance de l'économie et les doux bruits chuintants des locomotives qui n'attendent qu'un mot d'ordre ou plutôt une compétence politique pour dévaler les collines, partir à l'assaut des montagnes, longer la mer et prouver que le train au Liban aujourd'hui n'est pas un luxe, mais vraiment une nécessité.

 

Positive Lebanon est un concept basé sur les initiatives concrètes de la société civile libanaise. Ces initiatives qui font que le pays tient encore debout. Mais derrière chaque initiative se tient une Libanaise ou un Libanais courageux, innovant, optimiste et plein d'amour pour son pays. (voir ici)

 

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