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Liban - La situation

Le dialogue s’ouvre sur fond de tensions entre le courant du Futur et le Hezbollah

Saad Hariri a reçu hier en soirée, à la Maison du Centre, le chef du Rassemblement démocratique, Walid Joumblatt, et le ministre Waël Bou Faour, en présence de Ghattas Khoury. Photo Dalati et Nohra

Au lendemain de la fête de l'Armée célébrée sans cérémonie, le dialogue national reprend aujourd'hui sans expectatives. Les effets du vide sont d'autant plus accablants que la politique parait interdite d'exercice : inhibée par l'impératif de consensus interne, suspendue aux développements régionaux, toute initiative de déblocage pèche par trop de complaisance à l'égard des boycotteurs de la présidentielle. Il n'est pas sûr toutefois que les trois jours de dialogue attendus dès aujourd'hui à Aïn el-Tiné parviennent à remplir leur vocation de base qui est celle d'assainir, ne serait-ce qu'en la forme, les rapports entre protagonistes.

La recrudescence du conflit irano-saoudien « désormais ouvert et déclaré », selon les termes hier de Ammar Moussaoui, responsable des affaires internationales du Hezbollah, pourrait marquer un tournant dans les relations entre le Hezbollah et le courant du Futur au Liban. « À cours d'initiatives de déblocage », ce dernier semble de moins en moins disposé à caresser le parti chiite dans le sens du poil. La réponse immédiate et virulente du chef du courant du Futur aux accusations adressées à l'Arabie saoudite par le secrétaire général du Hezbollah signale un net durcissement de ton.

Des tensions qui pourraient affecter le dialogue, surtout que les divergences de fond entre les deux partis sont difficilement contournables. À supposer en effet qu'un déblocage soit envisagé par Téhéran, la seule solution acceptable – défendue par le président de la Chambre lui-même – est celle qui débloquerait simultanément les trois institutions-clés (la présidence de la République, le Conseil des ministres et la Chambre). Autrement dit, selon la lecture d'une source du 14 Mars, le Hezbollah ne concéderait la relance institutionnelle qu'en contrepartie de sa mainmise sur les trois pôles du pouvoir. Pour l'Iran, ce serait marquer une victoire certaine et stratégique au Liban, la Syrie demeurant un pari aléatoire.

 

(Lire aussi : L’initiative Berry sacrifiée sur l’autel d’une recrudescence du bras de fer irano-saoudien)

 

Pour sa part, le courant du Futur, représenté au dialogue par l'ancien Premier ministre Fouad Siniora, pourrait donner aujourd'hui le signal d' « une résistance au chantage du Hezbollah », selon la source précitée. Ce chantage aurait d'ores et déjà compromis Taëf aux yeux du courant du Futur : lier la présidentielle à la configuration du cabinet, au nom du Premier ministre et à la répartition des sièges parlementaires sur la base d'une nouvelle loi électorale – le fameux « package deal » en question – serait enfreindre d'emblée le mécanisme prévu par la Constitution, qui pose l'élection d'un chef de l'État comme préalable à la formation du cabinet. La démarche du Hezbollah est d'autant critiquable qu'elle s'éloigne de la logique du compromis (comme celui de Doha) et sert au final à court-circuiter la Constitution à des fins hégémoniques.
L'échec de l'option Aoun comme candidat de consensus à la présidence de la République est symptomatique de l'impasse entre le Hezbollah et le courant du Futur.

Envisagée longuement par Saad Hariri, qui prenait conseil du ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk, elle n'a pu aboutir pour au moins deux raisons : l'inutilité (coûteuse) de soutenir un candidat ne bénéficiant, in fine, que de l'appui verbal du Hezbollah ; et l'enjeu d'interrompre une fois pour toutes les velléités d'un package deal que le Hezbollah entendrait réaliser par le biais de la candidature de Michel Aoun.

Le chef du courant du Futur, qui s'est rendu à Aïn el-Tiné dimanche soir, aurait confié au président de la Chambre qu'il avait « tout fait », actes à l'appui, pour faciliter un compromis autour de la présidentielle. Cela vaudrait autant pour son appui au député Sleiman Frangié que pour ses pourparlers – directs et indirects – en deux temps avec le chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun. Ayant fait preuve d'ouverture à toutes les possibilités, y compris les moins populaires, M. Hariri attendrait désormais que les autres parties proposent à leur tour des initiatives concrètes dans le sens du compromis, apprend-on d'un député du courant du Futur, qualifiant de « tiède » la rencontre avec M. Berry. C'est la même attente d'une initiative sincère que le chef du courant du Futur aurait adressée au chef du Rassemblement démocratique, le député Walid Joumblatt, avec lequel il s'est entretenu hier soir.

Cette position a du reste été communiquée hier par M. Hariri aux députés du bloc du Futur au cours d'une « réunion longue et franche », selon un participant. L'accent a été mis sur une nuance importante : la présidentielle étant la clé de voûte de la relance institutionnelle, c'est à elle que devrait se restreindre toute initiative de déblocage.

 

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