Ne pas céder à l’utopie...

Je me suis permis de réagir à l'article concernant la construction d'une route à Kozhaya qui a paru dans L'Orient-Le Jour du 20 juillet 2016.
On parle souvent de «développer le tourisme religieux» dans la région de Qadicha. Cette vallée, aux villages et couvents millénaires, relativement épargnée jusque-là, n'échappera pas bien longtemps aux promoteurs et autres investisseurs sans vergogne. Pour qu'elle soit sauvée, il faudrait sans doute que l'État fasse primer la préservation du patrimoine de Qadicha sur l'appât du gain. Quand on sait que notre République est bâtie sur une triste réalité où les intérêts privés et publics se recoupent, souvent aux mains des mêmes personnes, on sait que cela, hélas, relève de l'utopie.
Le chemin – en terre – qui parcourt la Vallée sainte doit rester chemin de pèlerinage, où la difficulté, dans le silence, accompagne la prière.
À la lecture de cet article, je ne peux m'empêcher de citer Pierre Benoît qui, dans son roman La Châtelaine du Liban (1924), disait: «Ces vieux marchands phéniciens, dont les descendants continuent l'erreur millénaire, ont toujours eu un tort: le désir forcené de gain brutal, immédiat. Jamais ils n'ont compris le principe de solidarité des générations entre elles. Après moi le déluge, n'est-ce pas?»