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Lifestyle - Festival / Beirut Holidays

Elissa, anatomie d’un succès

Plus de quinze ans après le lancement d'une carrière plus que probante, Elissa embrasse toujours le succès à pleine bouche. Apaisée et aiguisée, elle se produira en concert le jeudi 4 août dans le cadre du festival Beirut Holidays. Une soirée qui retracera les deux versants de son répertoire, glamour pop et romantisme joliment désuet.

Photo DR

Elles parlent sans se presser, cherchent leurs mots, les articulent soigneusement, trébuchent parfois sur des hmm ou des yaané pour finir par libérer un sourire en coin. Ces lèvres, qui ont déchaîné tant de passions, sont ce qu'Elissa a de plus éloquent. Mais il serait dommage de se soucier tant de cette moue lippue, et si peu de ce qui en émerge: un chant de sirène, dont on ne peut s'empêcher de suivre le flot, que l'on aime ou pas ce qui vient avec, à moins d'être bouché. Chose qui a valu à la chanteuse plus de 30 millions de disques vendus à son actif, autant d'abonnés à ses réseaux sociaux et une base de fans sûrement plus colossale. Neuf disques caracolant sans exception au faîte des hit-parades, un dixième album qui sortira en septembre et un concert jeudi prochain sur la scène du Biel. Comment expliquer un tel succès?

« Baddi doub »
Elissa est un volcan. Patiente dans l'affirmation, constante dans la conviction et taisant, sous une inertie d'apparence, une opiniâtreté au fer rouge ; sous des douceurs très chatoyantes, une énergie fauve. C'est un talent multifonctions qui choisit d'empoigner le réel pour que rien ne lui échappe, quand les divas de ce monde préfèrent s'exiler sur leurs étoiles sauvages. Elle l'affirme ainsi: «Je me mêle de tout ce qui touche à ma carrière ! Je choisis mes chansons, vais jusqu'à Londres pour assister au mastering de mes titres, fais des nuits blanches au moment du mixage. Je supervise aussi les photos et autres visuels. Rien ne m'échappe!» Et voilà quinze ans qu'Elissa provoque des chocs sismiques, unissant deux territoires a priori dissonants: la musique orientale traditionnelle et la pop dans ce qu'elle a de plus commun.
Avant, elle était Elissar Khoury qui avait fait des études de sciences politiques et s'était par la suite lancée dans la chanson, comme tant d'autres, grâce à Studio el-Fan. Puis, avec son premier titre phare Baddi doub, elle est devenue Elissa. «C'est un prénom qui est facile à retenir et sonne bien avec ses trois syllabes», explique-t-elle avec une spontanéité désinhibée. Post Elissa donc, elle s'est hissée au statut de plus grande vendeuse de disques de la région avec, à son palmarès, plus de 30 millions d'albums. Décroché le titre de personnalité arabe la plus suivie sur les réseaux sociaux. Multipliés les concerts où elle impose son corps sans âge à l'attrait magnétique et son charisme brun légèrement boudeur. Conquis l'étranger en empilant des World Music Awards et autres récompenses. Elle a émergé avec Nawal et Najwa et elle est toujours là, presque vingt ans plus tard, pour affronter Nancy et Haïfa.

(Pour mémoire : Trois stars, trois clips, trois messages : Elissa contre la violence domestique (1/2))

 

La tiédeur
Elissa est tranchante. Elle est moins porcelaine que racontée – ses avis plus aiguisés. La star n'est plus cette petite chose fragile qu'elle était lorsqu'elle chantait aux côté de Chris de Burg sur Lebanese Nights. Pourtant, aucune tentation de renier ses origines, de cacher des évidences derrière son petit doigt. «Le temps et la notoriété m'ont permis de gagner en assurance, de booster mon ego aussi, soyons honnêtes. Mais aussi et surtout, de fixer mes priorités, d'aller jusqu'au bout de mes choix. Aujourd'hui, je me soucie beaucoup plus de la qualité de mes titres, de leur sujet. Faire de la belle musique ne me suffit plus, affirme la chanteuse d'une voix claire et forte. C'est pourquoi j'ai abordé entre autres le sujet de la violence conjugale sur Ya Mrayti, extrait de mon dernier album Halet Hob.»
Et de poursuivre, l'air de balayer d'un revers de manche les prudences maniérées: «Je n'aime pas les compromis. Malgré mon statut de star d'aujourd'hui, je ne m'empêche pas de vivre comme toute autre femme. D'affirmer mes opinions politiques aussi. C'est sans doute pourquoi on m'aime ou me déteste. Et c'est tant mieux: la pire des choses pour moi serait que je provoque de l'indifférence. J'ai horreur de la tiédeur.»

Tout le package
Elissa est pointilleuse. Au-delà de ses cordes vocales soyeuses qui embarquent leurs auditeurs vers des croisements entre tarab exalté et pop fédératrice, la chanteuse considère que ce qui fait sa force, «c'est que je soigne tout le package: c'est-à-dire la voix bien sûr, mais aussi mon image ainsi que mon interaction avec le public». Elle explique avec une franchise sans voile: «En ce qui me concerne, chacun de mes titres se doit d'être un hit. Voilà pourquoi mes albums s'imposent sur la durée. Mon dernier album Halet Hob sorti en 2014 fait partie encore du hit-parade.» Mais ce qui l'étonne c'est, dit-elle, d'être à son dixième album et de, toujours, «ressentir ces mêmes crampes au ventre à un mois de sa sortie. Je ne serai tranquille que lorsque j'aurai les retours du public».
D'ici là, Elissa fera patienter ses (millions de) fans avec un concert jeudi 4 août au Biel dans le cadre du festival Beirut Holidays. «Comme dans chacun de mes concerts, il se greffera quelque chose de nouveau. J'y interpréterai des chansons de mes opus précédents ainsi que trois titres de mon prochain album, déjà sortis en avant-première. » Dont Sahharna Ya Leil, elle qui aime tant confondre les mondes. Dormir peu, rêver éveillée.

 

Pour mémoire
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