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Liban - pénurie

« La solution pour alimenter Beyrouth en eau est prête mais les responsables n’en veulent pas »

Aucun site de forage de puits à Beyrouth ne se base sur une étude hydrogéologique sérieuse.

Au début de chaque saison estivale, la pénurie en eau devient accablante pour les habitants de la capitale et de ses banlieues. Pourtant, le Liban est un pays riche en eau. Mais de quelle eau s'agit-il au juste ? Si le pays est béni par une quantité d'eau importante, celle-ci est-elle pour autant toujours accessible et propice à la consommation ou faut-il aller la puiser très loin dans les profondeurs ou bien la rassembler dans des barrages afin de réduire le stress hydrique qui se fait de plus en plus pesant dans l'un des châteaux d'eau du Moyen-Orient ?

L'hydrogéologue Samir Zaatiti a bien voulu dresser un bilan de la situation pour L'Orient-Le Jour à la lumière du lancement hier des travaux de forage d'un des six puits artésiens prévus à Bourj Brajneh afin de mettre un terme à la crise dont souffre cette localité depuis deux mois.
« D'après des études géologiques établies par des spécialistes européens, Beyrouth se situe sur une colline plate de superficie de 60 km2 et ne contient aucune structure étanche pouvant retenir une quantité d'eau importante en profondeur, contrairement aux périphéries. Donc il est fort probable que les puits artésiens que la municipalité de Bourj Brajneh ou toute autre municipalité œuvrant à l'intérieur de ce périmètre (cf. photo) soit un fiasco et que l'argent dépensé ne servira qu'à engraisser les comptes bancaires des responsables qui négligent toute expertise, explique le spécialiste. Il est primordial d'effectuer des études hydrogéologiques du sol à la recherche éventuelle d'une poche souterraine emprisonnant de l'eau avant le lancement des travaux plutôt que d'entreprendre des travaux de forage avec un budget colossal sans savoir si les résultats seront couronnés de succès ou non », reprend M. Zaatiti.

Selon l'hydrogéologue, c'est la région qui se trouve à l'est de la zone délimitée (cf. photo) qui est riche en eau souterraine renouvelable grâce à la filtration des eaux de pluie et la fonte des neiges et qui promet sérieusement, suite à des études entreprises par des experts, d'alimenter Beyrouth et les régions avoisinantes en eau même en période caniculaire. Cette région riche en eau souterraine comprend Wadi Chahrour, Bsous, Houmal... où l'eau est puisée à une profondeur allant de 350 à 400 mètres avec un coût de loin inférieur (1 million de dollars pour l'aménagement de 10 puits alimentant chacun par 5 000 m3 d'eau par jour les foyers se trouvant dans le périmètre délimité (cf. photo), sans compter les droits d'expropriations, selon un projet avancé par M. Zaatiti) et avec un impact écologique minime par rapport au coût financier et écologique des mégabarrages, dont celui de Janné. Ce dernier n'arrivera finalement à retenir qu'une quantité d'eau limitée car le sol (sans compter la pression du volume des eaux retenues après la construction du barrage) laisse filtrer déjà 35 % de l'eau de Nahr Ibrahim vers Jeita. « Le site de Janné est formé de roches clastiques, fracturées et fissurées, solubles dans l'eau, souligne M. Zaatiti. Comment peut-on même envisager d'y construire un barrage ? L'eau s'infiltre en dessous et crée des cavités qui pourront à la longue mener à l'effondrement du barrage », a-t-il dit. La région souterraine de Damour, où 4 puits sont déjà opérants, peut aussi former une ressource importante d'alimentation en eau, selon l'hydrogéologue.

 

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« Nous avons plusieurs fois présenté aux responsables et même au président Tammam Salam des projets avec des études permettant d'alimenter Beyrouth et les banlieues en eau à moindre coût, mais personne ne daigne les regarder car ils ne leur permettent pas de s'enrichir, il n'y a que les mégaprojets de plusieurs dizaines de millions de dollars qui les intéressent malheureusement, ajoute-t-il avec un air désolé. L'Office des eaux de Beyrouth et du Mont-Liban, le ministère de l'Énergie et de l'Eau avec le Conseil du développement et de la reconstruction forment un trio à la tête d'un budget de 260 millions de dollars qu'ils veulent dépenser en distribuant des projets de barrages là où il faut mais surtout là où il ne le faut pas tandis que plusieurs régions du Liban, comme Saïda, Marjeyoun, Nabatiyeh, etc, s'alimentent grâce à des puits artésiens aménagés avec un coût modeste et qui exploitent l'eau souterraine renouvelable, ajoute-t-il. La vraie richesse du Liban c'est son eau souterraine facilement exploitable et qui est d'ailleurs de meilleure qualité que celle des rivières, polluée et rare pour ne pas dire inexistante en été. Pourquoi va-t-on chercher une eau polluée en détruisant la faune et la flore et en dépensant des fortunes lorsque nous avons sous nos pieds et sous nos yeux à la périphérie de Beyrouth un or bleu de meilleure qualité, moins cher et renouvelable grâce à l'infiltration d'au moins 40 % des précipitations? », a-t-il conclu.

Cette question restera probablement en suspens en attendant la réponse, espérons-le convaincante, des responsables des mégaprojets qui se doivent de tenir compte de toute une population qui meurt de soif et qui se résigne à acheter au prix fort son eau au quotidien laissant aux réservoirs souterrains un « trésor » délibérément enfoui.

 

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Au début de chaque saison estivale, la pénurie en eau devient accablante pour les habitants de la capitale et de ses banlieues. Pourtant, le Liban est un pays riche en eau. Mais de quelle eau s'agit-il au juste ? Si le pays est béni par une quantité d'eau importante, celle-ci est-elle pour autant toujours accessible et propice à la consommation ou faut-il aller la puiser très loin dans les...

commentaires (1)

Encore et toujours cette criminelle corruption de nos IRRESPONSABLES, qui s'enfoutent de nous, le petit et malheureux peuple... qu'ils aillent tous en enfer et qu'ils y étouffent sous leurs dollars !!! Irène Saïd

Irene Said

11 h 42, le 29 juillet 2016

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Commentaires (1)

  • Encore et toujours cette criminelle corruption de nos IRRESPONSABLES, qui s'enfoutent de nous, le petit et malheureux peuple... qu'ils aillent tous en enfer et qu'ils y étouffent sous leurs dollars !!! Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 42, le 29 juillet 2016

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