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Moyen Orient et Monde - Tribune

Pour la création d’un Conseil de contrôle de crise

Christophe Simon/AFP

Cette semaine, à Saint-Étienne-du-Rouvray, nous avons assisté à un nouvel événement tragique qui a choqué le monde entier. Je rends hommage à Sa Sainteté le pape François qui a condamné cet acte de « violence aveugle » et adresse mes condoléances les plus sincères aux familles endeuillées par ces atrocités en France. Invoquons ensemble avec les propres mots de Sa Sainteté et inspiré par Dieu Tout-Puissant le « don de paix et d'humanité ».

Dans un monde toujours plus insensible, nous voyons la violence utilisée comme un moyen de communication, comme une technique de propagande dans ce grotesque carnaval que devient le nouveau langage de notre temps. Les atrocités qui ont eu lieu récemment le prouvent encore une fois.
Auparavant, la répugnante attaque terroriste de Nice a montré jusqu'à quel degré les personnes et les sociétés sont vulnérables aux actes de folle sauvagerie menés par de dangereux individus. Cette horreur n'a rien à voir avec la religion ou la culture : l'aveuglement, l'attaquant ayant agi en se laissant guider par un esprit dénué d'humanité.

Selon le rapport de l'Oxford Research Group, l'expérience nous a enseigné que les atrocités mènent au choc et à la terreur, de là à la peur et à la douleur, puis au chagrin qui à son tour mène à la colère, à l'amertume, à la vengeance et finalement aux représailles.

La confrontation est le danger qui nous menace à ce moment critique de l'histoire, laquelle est dominée par une culture de guerre. Cette culture de guerre est en totale contradiction avec nos croyances et nos valeurs partagées. Si nous croyons vraiment au libre arbitre, pouvons-nous vraiment dire qu'il n'y a aucune autre alternative ? Si nous croyons en la justice, pouvons-nous soutenir que la terreur et la force peuvent être les arbitres de notre monde ?

Si l'on pouvait rendre la compétence humaine moins dépendante des compétences de l'État ; si l'on pouvait développer les outils politiques, institutionnels, numériques et économiques pour contraindre l'oppression et former des communautés ; si l'on pouvait favoriser la majorité silencieuse au lieu de créer un climat d'hostilité mutuelle, alors la « guerre contre le terrorisme » n'aurait plus lieu d'être. Le « devoir de préserver la vie » – au cœur de la Charte des Nations unies – peut être assuré en utilisant le soft power de manière préventive tout autant que l'emploi de la force.

Aujourd'hui, la « civilisation chrétienne » et la « civilisation islamique » sont au cœur de tant de violentes diatribes que cela laisse entendre qu'une sorte de dichotomie existe comme si elles étaient mutuellement exclusives et nécessairement contradictoires, voire antagonistes.
Comme religions universelles, aucune de ces civilisations ne peut être limitée physiquement ou temporairement, sans quoi elle deviendrait inutile. Elles représentent deux expressions différentes des mêmes valeurs civilisationnelles ; deux interprétations différentes des mêmes croyances éternelles. Par conséquent, toutes les deux peuvent être présentes dans la même société sans se contredire et toutes les deux peuvent coexister sans s'affronter.

Nous vivons actuellement dans une sorte de chaos permanent qui nous impose, plus que tout, de nous rattacher à certains principes fondamentaux et travailler à trouver les caractéristiques les plus profondes et les plus communes de l'humanité. La religion doit être considérée comme composante aussi bien de la paix que de la guerre, et les mécanismes pour que cette « religiosité responsable » soit utilisée doivent être adoptés.
Mon ami l'historien Theodore Zeldin écrit que les religions n'ont pas appliqué l'injonction célèbre du Coran : « Nous vous avons créés mâle et femelle, et nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous connaissiez mutuellement », parce qu'ils connaissent l'autre seulement comme un tout monolithique et non pas comme un ensemble d'individus aux opinions et aux tempéraments tous différents. Zeldin continue à dire que « plus ils s'intéressent aux autres et pas seulement à eux-mêmes, moins ils gaspilleront leur énergie dans l'hostilité mutuelle ».

La religion est une inspiration pour tant de gens et elle peut nous apporter les moyens de surmonter la douleur et la souffrance. La violence peut toujours être surmontée par la foi et par l'engagement comme nos religions, chacune à sa manière, nous ont tellement montré d'exemples. Où la politique peut empêcher la paix, la religion peut aider à la réaliser.
Ainsi, j'appelle à l'établissement d'un Conseil de contrôle de crise, dont les membres seront engagés à notre humanité partagée et croiront fermement à l'importance d'un travail collectif pour répondre aux défis auxquels le monde est confronté. J'offre une nouvelle fois mes sincères condoléances aux nombreuses familles endeuillées par ces récentes horreurs. Les voix de la sagesse doivent s'exprimer avant que la colère ne se renforce plus encore dans l'amertume et appelle aux vengeances et aux représailles.

Son Altesse royale, le prince Hassan ben Talal de Jordanie

Cette semaine, à Saint-Étienne-du-Rouvray, nous avons assisté à un nouvel événement tragique qui a choqué le monde entier. Je rends hommage à Sa Sainteté le pape François qui a condamné cet acte de « violence aveugle » et adresse mes condoléances les plus sincères aux familles endeuillées par ces atrocités en France. Invoquons ensemble avec les propres mots de Sa Sainteté et...

commentaires (1)

Merci pour ce grand plaidoyer d'humanité.

Stephane W.

09 h 01, le 29 juillet 2016

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Commentaires (1)

  • Merci pour ce grand plaidoyer d'humanité.

    Stephane W.

    09 h 01, le 29 juillet 2016

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