Russie: le patron des douanes, impliqué dans un scandale de contrebande, limogé

Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a limogé jeudi le patron des douanes, impliqué dans une affaire de contrebande d'alcool haut de gamme, un scandale qui intervient après une série de mises en cause aux airs de reprise en main dans les services de sécurité.

Par un décret publié sur le site du gouvernement, le chef du gouvernement a renvoyé "à sa demande" Andreï Belianinov, ancien membre du KGB, en poste en Allemagne de l'Est en même temps que le président Vladimir Poutine dans les années 1980, et qui dirigeait depuis dix ans le Service fédéral des douanes.
Il est remplacé par Vladimir Boulavine, diplômé de l'Académie du KGB et adjoint du directeur de son héritier, le FSB, entre 2006 et 2008. Il était depuis 2013 représentant du chef de l'Etat pour la zone Nord-Ouest et sa nomination a entraîné un vaste jeu de chaises musicales parmi les responsables régionaux.

Le départ de M. Belianinov intervient deux jours après des perquisitions qui ont fait grand bruit en Russie dans son bureau mais aussi à ses domiciles dans le cadre d'une affaire de contrebande d'alcools de luxe.
S'il n'a pas été inculpé et garde le statut de témoin, les médias russes ont publié des photographies des enquêteurs ouvrant des boîtes à chaussures bourrées de billets de banques dans une villa de luxe avec piscine et objets d'art.

Plusieurs experts cités dans les médias ont lié cette affaire à toute une série de limogeages, nominations mais aussi arrestations dans les services de sécurité, sur fond de rivalités entre le FSB, le Comité d'enquête, un organisme indépendant chargé des principales affaires ou encore le ministère de l'Intérieur.

Des affaires de corruption ont également visé trois gouverneurs en un peu plus d'un an, dont en juin celui de la région de Kirov (centre), Nikita Belykh, une personnalité respectée des libéraux dont les photos de l'arrestation devant des liasses billets ont fait sensation. Il a été officiellement limogé jeudi par Vladimir Poutine.

Dans un éditorial publié jeudi, le quotidien libéral Vedomosti assure que la série d'affaires de corruptions sorties récemment "reflète une évolution de la répartition des forces dans les plus hauts échelons du pouvoir, avec de nouveaux dirigeants dans les services de sécurité qui testent les frontières de ce qui leur est permis".
"Personne, même ceux qui connaissent de longue date le chef de l'Etat, n'est garanti d'être intouchable", estime le journal.