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Liban - Décryptage

Deux lectures opposées sur le dossier présidentiel

La visite d'une délégation du Hezbollah chez le chef du courant des Marada Sleiman Frangié suivie de la rencontre de ce dernier avec le patriarche Béchara Raï ont suffi à relancer les spéculations sur un éventuel déblocage dans l'impasse politique. Selon la lecture des irréductibles optimistes, le Hezbollah aurait déclaré à Frangié que les chances du général Aoun d'arriver à Baabda seraient en train d'augmenter et il aurait donc sondé le chef des Marada sur la possibilité de retirer sa propre candidature le moment venu... Frangié en aurait aussitôt parlé avec le patriarche maronite et les mêmes sources sont convaincues que d'ici à la fin de septembre, le chef du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme pourrait être élu à la présidence.

Cette lecture optimiste considère que la visite de Bnechii et la rencontre de Dimane ne sont pas une cause, mais le résultat des nouvelles données présidentielles. Celles-ci se résumeraient comme suit : le chef du courant du Futur Saad Hariri n'a plus d'autre choix pour sauver son leadership que d'accepter l'équation qui lui est proposée et qui consiste à élire Michel Aoun à la présidence moyennant son retour au Sérail. Les promesses saoudiennes de l'aider à résoudre ses problèmes financiers, notamment avec les employés de Saudi Oger, suite notamment à son invitation à participer au repas de fête du roi Salmane, ne se sont pas concrétisées et avec chaque jour qui passe, l'espoir de Saad Hariri en un règlement de cette question se réduit encore plus. Il ne s'agit plus pour lui d'une simple question financière, mais de son poids politique, sachant que son courant est tiraillé entre plusieurs tendances et que ses rivaux utilisent ses problèmes financiers pour affaiblir son autorité.

 

(Lire aussi : Présidentielle : relâchement des efforts internationaux et relance des formules locales)

 

Au début, lorsqu'il y a un peu plus de deux ans, Saad Hariri avait noué un dialogue avec le général Aoun autour de cette question, il s'était heurté à un veto ferme et sans appel des autorités saoudiennes et en particulier du ministre des Affaires étrangères de l'époque, l'émir Saoud al-Fayçal. Aujourd'hui, les choses ont changé. Les dirigeants saoudiens ne cessent de répéter qu'ils ne posent pas de veto sur aucun candidat, même s'ils ne souhaitent peut-être pas que le choix tombe sur Michel Aoun. Mais l'élection présidentielle n'étant pas une priorité pour les Saoudiens et l'opposition à Aoun s'étant quelque peu affaiblie, Saad Hariri pourrait avoir une plus grande marge de manœuvre qui lui permettrait de privilégier ses propres intérêts.

D'ailleurs, la situation présidentielle aujourd'hui se réduit à l'équation suivante : le Hezbollah appuie la candidature du général Aoun mais ne peut obtenir son élection sans l'accord du courant du Futur au risque d'augmenter dramatiquement la tension entre les sunnites et les chiites et, de son côté, le courant du Futur appuie la candidature de Sleiman Frangié mais ne peut pas obtenir son élection sans l'accord du tandem Aoun-Hezbollah. Le plus logique, selon cette approche, serait donc de pousser Saad Hariri à faire des concessions dans son propre intérêt et pour obtenir des acquis importants pour lui. La position du leader druze Walid Joumblatt désormais favorable à l'élection de Aoun pour « en finir avec le dossier présidentiel qui paralyse le pays » devrait être un encouragement à Saad Hariri pour suivre le même chemin.

 

(Lire aussi : Rifi se déchaîne contre le Hezbollah et l'accuse de saper l'État et les institutions)

 

Face à cette lecture optimiste, il y en a toutefois une autre qui l'est beaucoup moins. Selon cette seconde lecture, la visite d'une délégation du Hezbollah à Bnechii n'était nullement destinée à pousser le chef des Marada à retirer sa candidature. Il s'agirait d'une visite protocolaire destinée à remercier Sleiman Frangié pour ses positions en faveur de la résistance pendant la guerre de juillet 2006.

De même, la rencontre entre Frangié et le patriarche maronite à Dimane ferait partie des démarches traditionnelles qui poussent le chef des Marada à saluer le patriarche maronite lorsqu'il s'installe dans le siège estival de l'Église maronite au Nord. Les deux visites ne seraient donc pas liées au dossier présidentiel qui continuerait à être relégué aux calendes grecques, la situation du Liban étant plus que jamais dépendante des développements régionaux.

Selon cette lecture, même si les dirigeants saoudiens ont déclaré qu'ils ne posaient pas de veto sur les candidats à la présidentielle libanaise, cela ne signifie pas pour autant qu'ils sont prêts à accepter l'élection du général Aoun. Ce dernier reste à leurs yeux l'allié du Hezbollah, lui-même instrument de l'Iran dont ils combattent l'influence dans toute la région. Quant à la communauté internationale, ce qui l'intéresse, c'est la stabilité du Liban, et éventuellement le dossier des ressources pétrolières et gazières. Tout le reste n'est donc pas prioritaire...
Face à ces deux lectures opposées, il ne reste plus qu'à attendre les trois jours de dialogue national pour deviner de quel côté penche la balance politique.

 

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commentaires (6)

L,UN DE PATRIOTES LIBANAIS... ET L,AUTRE DE TRAITRES A LA PATRIE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 03, le 28 juillet 2016

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Commentaires (6)

  • L,UN DE PATRIOTES LIBANAIS... ET L,AUTRE DE TRAITRES A LA PATRIE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 03, le 28 juillet 2016

  • Le rythme avec lequel les saoudiens se melaient de nos affaires internes va desormais decrescendo .il n est plus un secret qu ils n ont ni le temps ni l envie ( le coeur n y etant pas ) de s ingerer dans les affaires libanaises . Leurs deboires a plusieurs niveaux et notamment leur entree en guerre avec le Yemen suffisent pour les detourner de nos dossiers devenus aussi fades qu'insignifiants si on les comparait aux leurs . Comme quoi , en ces temps difficiles , personne n est a l abri des tempetes .

    Hitti arlette

    14 h 08, le 28 juillet 2016

  • EXCELLENTE ANALYSE SCARLETT ! A cela j'ajouterai que Alep est entrain de tomber entre les mains des vrais proprios syriens , les bactéries s'enfuient , et on ne demande plus au Héros Bashar de partir demain matin à l'aube avant le chant du coq . Par contre du côté des " alliés" turcs et bensouds , sans vouloir aller plus loin vers l'occident des otanistes , la situation n'est pas très rosy rosy .....lol.... Tout cela fera qu'on l'aura notre Phare Aoun à la place qu'il mérite d'occuper , et ma foi croyez moi Scarlett même si à 84 ans et plus il ne pourra pas le faire , le plan B des résistants n'a pas encore été révélé , mais il existe bien , ça vous le connaissez , j'en suis sûr . Il pourrait ne pas être aussi conciliant avec les faillites de saad , lâché par tous , sauf par le hezb au final .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 59, le 28 juillet 2016

  • Winston Churchill a quitté volontairement le pouvoir à l'âge de 84 ans. Le maréchal Philippe Pétain, à 84 ans, n'a fait que livrer la France à l'Allemagne de Hitler. Michel Aoun amorcera ses 84 ans dans deux mois le 1/10/2016. Allez les marchands de cannes et de béquilles, vos beaux jours reviennent.

    Un Libanais

    10 h 38, le 28 juillet 2016

  • Vous présentez toujours les choses comme si la seule solution possible est l’élection de Aoun. Désolé mais la situation n'est pas comme vous la décrivez. Même si les FL et le PSP ont fait un choix stratégique de soutenir Aoun pour débloquer le pays, il en reste que c'est un très mauvais choix car il ne peut apporter que des catastrophes pour le Liban. Les performances de ses ministres, a ce jour, tout comme les défections qui augmentent au sein de sa base le prouve. Ce monsieur ne sait rien gérer et encore moins le Liban. Le dicton ne dit il pas "demande a l’expérimenté et non au médecin?". Aoun ne verra pas la Présidence car effectivement personne ne la veut. Le Hezbollah, lui par contre a senti le vent tourner, l'Iran a des difficultés énormes en son sein, perd de son influence en Iraq, l'a perdu en Syrie, et malgré l'accord nucléaire ne voit que plus de sanctions et pas un seul centime encore. Hassouna perd sa base lentement mais surement et les instances internationales s’apprête a s'en débarrasser... Le Liban sera Libre, indépendant, démocratique et souverain que cela plaise ou pas aux mollahs ou a qui que ce soit d'autre. Il sera enfin en paix, avec lui même et ses voisins, prospère et le leader dans la région au dépends de tous ceux qui ont conduits les politiques moyen orientale jusqu'à présent... Attendez et voyez venir...

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 57, le 28 juillet 2016

  • Vous n expliques pas, chere Madame, les raisons pour lesquelles l Arabie Saoudite ferait un cadeau gratuit a l Iran en soutenant l election de Michel Aoun. A moins qu elle n obtienne d autres contreparties ailleurs que vous ne precisez pas. Par ailleurs il me semble dificile de croire que Mr Hariri accepterait pour des raisons personelles l election d un proche du Hezbollah a la presidence alors que l AS considere ce parti comme terroriste. Peut on serieusement envisager que Hariri ferait un tel faux pas? Aux consequences regionales de surcroit.

    Jihad Mouracadeh

    09 h 31, le 28 juillet 2016

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