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Sommets d’horreur

14 absents sur un total de 22, quelques heures de discussions vite expédiées et un communiqué final se résumant à une litanie de généralités et d'engagements bidon : de toutes les conférences de rois et chefs d'État arabes, celle réunie lundi à Nouakchott est bien placée pour remporter la palme de l'inconsistance dans la médiocrité.

Pourquoi alors s'attarder à un non-événement ? D'abord parce que ce consternant sommet se voulait, avec un beau culot, celui... de l'espoir, oui vous avez bien lu. Ensuite, et surtout, parce que l'actuelle frénésie du terrorisme commandait, et avec plus de force et d'urgence que jamais, une détermination plus franche, plus effective, plus crédible, à éradiquer, par la racine, une folie meurtrière d'autant plus odieuse qu'elle se réclame fallacieusement de la religion.

Cette obligation s'impose d'ailleurs non point aux seuls Arabes, mais à l'ensemble des musulmans qui, comme l'attestent les chiffres, sont eux-mêmes les premières victimes de ce fléau. Comme si l'Occident laïque ne suffisait plus à satisfaire la haine des suicidaires, ce sont les catholiques que visent maintenant les forcenés de Daech qui égorgeaient hier, en Normandie, un vieux prêtre dans son église : saut qualitatif dans l'horreur qui ne pourra hélas que réveiller des peurs ancestrales ; que fracturer encore plus les sociétés libérales ; qu'exacerber les tendances xénophobes, et plus précisément islamophobes. Mais une telle guerre de religion n'est-elle pas l'objectif recherché par ces faux musulmans ? Ne comble-t-elle pas aussi les vœux de cette machine à fabriquer des terroristes qu'est la barbarie du régime syrien ?

Bien sûr, les congressistes de Nouakchott ne se sont pas fait faute de déclarer, sans plus de détails, la guerre au terrorisme. Mais ce sommet eût réellement été celui de l'espoir s'il avait enfin osé saisir l'infernale créature par les cornes. S'il avait quelque peu précisé son projet de force panarabe vouée à combattre l'État islamique sur le terrain, et non plus seulement dans les airs. Si du moins il avait frappé d'anathème les éducateurs et prédicateurs de fanatisme et de haine, s'il s'était solennellement promis d'assécher à la source le financement des assassins, pratiqué par le biais d'associations soi-disant caritatives.

En ces temps où l'Orient se dépeuple de ses chrétiens à la vitesse grand V, ce sommet eût été pour nous, Libanais, celui de l'espoir, si seulement il avait esquissé un geste de préoccupation, à défaut de bienveillance, pour le seul pays arabe qui fait encore figure de mosaïque de communautés et qu'on laisse froidement étouffer sous la masse de réfugiés qu'il abrite. Impuissant à partager une condamnation de l'Iran et du Hezbollah, le Liban n'aura même pas eu droit, cette fois, à une routinière proclamation de solidarité dans ses épreuves. Des mots, que des mots, qui ne coûtaient rien pourtant...

Issa GORAIEB
igor@lorientlejour.com

14 absents sur un total de 22, quelques heures de discussions vite expédiées et un communiqué final se résumant à une litanie de généralités et d'engagements bidon : de toutes les conférences de rois et chefs d'État arabes, celle réunie lundi à Nouakchott est bien placée pour remporter la palme de l'inconsistance dans la médiocrité.
Pourquoi alors s'attarder à un non-événement...