Les chiites absents du conseil des moukhtars, une première à Jbeil

À l'instar du reste du pays, les moukhtars du caza de Jbeil ont élu dimanche le conseil des moukhtars de Jbeil. Deux listes se sont disputées les 12 sièges du conseil : l'une complète présidée par Michel Gebran (moukhtar de Chamat), soutenue par les Forces libanaises (FL), le Courant patriotique libre (CPL), le Hezbollah et le mouvement Amal, et l'autre incomplète baptisée Liste des indépendants, conduite par Michel Bou Chebel (un des 6 moukhtars du chef-lieu du caza) et bénéficiant du soutien du coordinateur général du 14 Mars, l'ancien député Farès Souhaid, originaire de Qartaba, dans le jurd de Jbeil.

En dépit de la victoire qu'a remportée la liste appuyée par les partis (7 sièges contre 5 pour celle des indépendants), les élections du conseil des moukhtars de Jbeil revêtent une importance certaine, parce que leurs résultats se sont soldés par une élimination des chiites du conseil des moukhtars du caza, et c'est là une première.

Le panachage aouniste
Des sources au sein du conseil élu ont indiqué hier à L'Orient-Le Jour que « par le passé, il n'y avait pas de bataille pour le conseil des moukhatrs, ce qui assurait la représentation de toutes les communautés religieuses présentes au sein du caza. La faille observée actuellement serait donc la conséquence directe de la bataille opposant deux listes ».

Selon les sources précitées, les voix des moukhtars jbeiliotes, qui ont pris part au scrutin, se sont réparties comme suit : Élie Saad (Qartaba, 66 voix), Michel Gebran (Chamat, 64 voix), Wadih Abi Chebel (Jbeil, 63 voix), Wadih Nawfal (Tartij, 59 voix), Hikmat Hachem (Akoura, 58 voix), Christian Kosseifi (Zebdine, 58 voix), Fouad Matni (Aïn el-Delbé, 56 voix), Alfred Khaïrallah (Fghal, 56 voix), Peter Abi Abdallah (Jeddayel, 54 voix), Ghassan Kirellos (Behdidat, 54 voix), Georges Raï (Halate, 54 voix), Youssef Nehmé (Lehfed, 54 voix) et Afif Naddaf (Lassa, 49 voix).

Les mêmes sources n'ont pas manqué de souligner que « les résultats finaux de l'opération électorale sont principalement dus à un panachage pratiqué par les 13 moukhtars aounistes qui ont distribué leurs voix entre les deux listes prenant part à la compétition, au lieu de voter exclusivement pour la liste que soutient leur formation ». Elles n'ont pas manqué, toutefois, de réduire l'influence des péripéties politiques quotidiennes du pays sur les élections du conseil des moukhtars de Jbeil. Selon elles, « le scrutin dépend, dans une large mesure, des relations personnelles entre les moukhtars du caza ».
« Le scrutin de dimanche a révélé l'importance d'un texte de loi qui régirait l'opération électorale, afin de garantir le respect de la bonne répartition communautaire des sièges. C'est le premier projet qu'entend exécuter le nouveau conseil », a-t-on ajouté de mêmes sources.

Le « scandale » chiite
Commentant à son tour les résultats du scrutin, Farès Souhaid a estimé que « ces derniers ont révélé "un scandale", celui de l'absence des chiites au sein du conseil des moukhtars, pour la première fois depuis des années ». À L'OLJ, M. Souhaid a déclaré : « En dépit de mon désaccord politique avec le Hezbollah, je n'accepte pas que les chiites de Jbeil ne soient pas représentés au niveau du conseil des moukhtars. »

Évoquant les alliances politiques observées dans le cadre de ce scrutin, dont notamment celle joignant les FL au Hezbollah en dépit de leur désaccord sur le plan national, le coordinateur général du 14 Mars a estimé que « le point le plus important à relever dans ce cadre reste le fait qu'une alliance regroupant les plus grandes formations du caza de Jbeil n'a pu obtenir que 7 des 12 sièges du conseil des moukhtars, alors que les indépendants ont pu remporter seuls 5 sièges ». Pour M. Souaid « cela montre que la large alliance de partis présents à Jbeil n'a plus la même influence sur les masses populaires ».

L'ancien député a finalement stigmatisé l'attitude du CPL dans le cadre des élections du conseil des moukhtars : « La formation a soutenu l'une des candidatures sans prendre l'avis des autres partis politiques. Elle a donc essayé d'imposer un choix aux moukhtars des grands villages du caza, disant accorder la priorité aux petites localités, et misant sur son alliance avec les FL et le Hezbollah. » « C'est en réaction à l'unilatéralisme dont a fait preuve le CPL qu'est née la Liste des indépendants, que j'ai soutenue et qui a enregistré de bons résultats », a conclu Farès Souhaid.

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