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Nos Lecteurs ont la Parole - Youmna GEHA

Réflexions sur la réflexion de l’homme

On prétend être des génies, des savants, des innovateurs, des hommes capables de créer des robots, les faire marcher, puis les voir nous aider à marcher quand le temps qu'on croit maîtriser nous dépasse. Et nous persécute. On vit tellement dans l'idée préconçue qu'on détient le pouvoir, la force, l'intelligence et les ressources, qu'on ne réalise pas qu'on est bien plus une génération qui détruit qu'une génération qui construit. On dit souvent que « l'amour rend aveugle », et c'est exactement cet amour démesuré, passionnel, unilatéral et sans limites qu'éprouve l'homme pour le pouvoir qui le rend aveugle à la vie. À ses plaisirs. À son réel but. Aux valeurs qu'elle nécessite et à celles qui n'ont pas lieu d'être. Il schématise toutes les âmes de ce monde en une carte géographique sur laquelle chaque pays serait une conquête. Le Liban par exemple, le Liban et ses cultures, sa jeunesse, son union, sa stoïcité, ses plats, sa folie, sa force, son histoire, ses blessures et ces plaies qu'il tente de refermer ne serait que 10 452 km carrés de terre et d'eau. Une vraie perle pour ceux qu'on qualifie comme les grands de ce monde. Les politiciens. Ceux qui dissimulent avec perfection leur avidité. Ceux qui font semblant. Et on y croit. Je n'ai pourtant jamais vu un plus vrai symbole de petitesse et d'hypocrisie.
L'homme est aveugle à la nature. L'homme vole même les quatre forces de cette dernière : l'eau, la terre, le feu et l'air, pour en faire des outils et des lieux de guerre. De sang. De torture. L'homme a le don de transformer la vie en chaos. L'homme est aveugle à la magie qui émane d'un lever de soleil et à cette chaleur humaine plus efficace que celle qu'ils tentent de créer dans les laboratoires, étouffés par quatre murs qui délimitent leur esprit borné. Limité. Restreint. L'ironie est telle qu'ils pensent être ouverts au monde. L'homme est aveugle à la terre. Au massacre qu'il lui fait subir. À la mauvaise foi dont il fait preuve. Au fait que l'oxygène ne vient pas de ces bombes qu'il lance. Au fait qu'il n'est pas courageux. Tous ces artifices ne reflètent en aucun cas le courage des hommes, mais leur lâcheté qu'ils tentent de masquer.
Et qui les rattrapera un jour. Mais ça, ils ne semblent pas le savoir. L'homme se croit immortel. Et c'est là peut-être son plus grand vice. Parce que l'homme place aveuglément toute sa foi en l'Église, dans les hommes d'Église, dans les hommes de lettres, en ceux de la politique. En tout ce qui peut les rassurer quant à leur faiblesse et leur temporalité. Qu'il finit par vivre dans ces idées erronées.
L'homme est aveugle à l'autre. À ce qu'il peut lui offrir et recevoir de lui. À la force d'un sourire et la puissance d'une complicité. À l'unicité des souvenirs et aux émotions qu'ils peuvent procurer. L'homme est un pion d'un grand échiquier dans lequel le temps est maître. L'homme est un pion assez bête pour croire qu'il peut jouer un rôle dans une partie jouée d'avance. Alors l'homme perd le peu de temps qu'il a, à vivre dans le faux, à se baigner d'illusions, à se raccrocher à l'argent, à croire pouvoir contrôler les heures et à écraser d'autres pions. Écraser d'autres pions n'amènera jamais à une victoire selon les règles du jeu...
On prétend être grand, fort, puissant. Mais quand cette minuscule particule qu'est l'homme comprendra que la galaxie se fout bien de lui, il pourra connaître enfin le bonheur. Et le génie qu'il recherche tant.

On prétend être des génies, des savants, des innovateurs, des hommes capables de créer des robots, les faire marcher, puis les voir nous aider à marcher quand le temps qu'on croit maîtriser nous dépasse. Et nous persécute. On vit tellement dans l'idée préconçue qu'on détient le pouvoir, la force, l'intelligence et les ressources, qu'on ne réalise pas qu'on est bien plus une...

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