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Sport - Éclairage

Gatlin et d’anciens dopés bien présents à Rio, l’autre inégalité

Le Comité international olympique a pris le risque de décrédibiliser les JO.

Un photomontage des sportifs non russes déjà sanctionnés pour dopage et qui, pourtant, seront du voyage à Rio. De haut en bas et de gauche à droite : Marin Cilic (Croatie – tennis), Andrea Baldini (Italie – escrime), Alejandro Valverde (Espagne – cyclisme), Sun Yang (Chine – natation), Justin Gatlin (États-Unis – athlétisme) et Ning Zetao (Chine – natation). Photos Getty Images/AFP

L'Américain Justin Gatlin, suspendu cinq ans pour dopage dans sa carrière, autorisé à courir au contraire de Russes jamais contrôlés positifs : l'inégalité engendrée par la décision du Comité international olympique (CIO) d'exclure de la sélection russe les anciens dopés, même ceux qui ont purgé leur suspension, risque de décrédibiliser les JO de Rio.
Avec cette décision érigée en premier critère à l'égard des Russes qui voudraient voir Rio, le CIO a paradoxalement fait le jeu de la Russie. D'abord, parce que c'est la Russie qui est à l'origine de cette mesure. Les autorités sportives du pays avaient initialement annoncé qu'elles expurgeraient de leur liste de sélectionnés les anciens tricheurs, avant la décision du Tribunal arbitral du sport et celle du CIO. Quelques noms semblaient déjà en sursis comme Ilnur Zakarin, vainqueur d'une étape du Tour de France cette année. Mais au moins quatre sportifs sanctionnés pour dopage figuraient dans la liste des 387 sportifs russes pour aller à Rio. C'était une manière de dire, pour les Russes, qu'ils faisaient le travail, au contraire d'autres comités olympiques nationaux. Ensuite, parce que chacune des épreuves de Rio va désormais être scrutée sous l'angle suivant : quel ancien dopé est en mesure de décrocher une médaille, voire même l'or ?

Valverde, Cilic et Baldini
Or les mauvais exemples ne manquent pas. À commencer par l'athlétisme, la seule fédération internationale qui ait pourtant pris ses responsabilités face au dopage russe. Contre la superstar jamaïcaine Usain Bolt se dresse ainsi l'Américain Justin Gatlin. Le champion olympique 2004 du 100 m est le symbole même des largesses de la lutte antidopage dans le passé. Gatlin a été suspendu à deux reprises dans sa carrière, pour un total de cinq ans – dix ans en première instance ! –, et peut retrouver sa couronne olympique douze ans après. L'athlète de 34 ans court plus vite qu'au temps de sa splendeur. Sur le 200 m, il sera en outre accompagné de LaShawn Merritt, également pris par la patrouille pour prise de DHEA, un stéroïde anabolisant, et suspendu près de deux ans (2010 et 2011). Les États-Unis jouent-ils vraiment plus le jeu que la Russie ?
Les autres sports sont également touchés. En cyclisme, l'Espagne comptera sur son vieux grognard Alejandro Valverde : l'ancien n° 1 mondial a, lui, purgé deux ans de suspension entre 2010 et 2011, pour son implication dans l'affaire Puerto, le plus grand scandale de dopage de l'histoire du sport espagnol.
Dimanche soir, peu après la décision du CIO de ne pas exclure la Russie, la Fédération internationale de tennis a rapidement fait savoir que les joueurs et joueuses de tennis russes sélectionnés remplissaient tous les critères de sélections.
Cela n'aurait pas été le cas du Croate Marin Cilic, suspendu quatre mois en 2013 pour un contrôle positif à la nicéthamide, un stimulant cardio-vasculaire, si la Croatie avait subi le même traitement que la Russie. Cilic participera donc aux JO de Rio. L'Italien Andrea Baldini, ancien n° 1 mondial au fleuret et champion olympique en titre par équipes, sera lui aussi du voyage olympique en escrime, en tant que remplaçant.
Il a purgé six mois de suspension en 2008 pour prise de furosémide, administré par un tiers.
Tous les continents sont concernés, puisque la natation verra ainsi évoluer les stars chinoises Ning Zetao et Sun Yang dans les bassins. Ning Zetao, champion du monde en titre du 100 m, a déjà été suspendu un an pour prise de clenbutérol (anabolisant), en 2011. Il n'avait alors que 18 ans. Sun Yang a, lui, été contrôlé positif à la trimétazidine, molécule destinée à prévenir les angines de poitrine, en juillet 2014, avec à la clé trois mois de suspension.
Si tous ces sportifs ou d'autres suspendus par le passé venaient à briller, la réaction de la tsarine de la perche Yelena Isinbayeva – jamais contrôlée positive, mais qui ne verra pas Rio – prendrait tout son sens : « Que tous ces sportifs étrangers ''propres'' poussent un soupir de soulagement et gagnent en notre absence leurs pseudo médailles d'or. »

Frédéric
BOURIGAULT/AFP

L'Américain Justin Gatlin, suspendu cinq ans pour dopage dans sa carrière, autorisé à courir au contraire de Russes jamais contrôlés positifs : l'inégalité engendrée par la décision du Comité international olympique (CIO) d'exclure de la sélection russe les anciens dopés, même ceux qui ont purgé leur suspension, risque de décrédibiliser les JO de Rio.Avec cette décision...

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