Raï appelle à un compromis pour sortir de la crise présidentielle

Week-end laborieux pour le patriarche maronite, Béchara Raï, qui, à l'occasion du 15e anniversaire de la réconciliation de la Montagne (parrainée par le cardinal Nasrallah Sfeir, le 1er août 2001), a effectué dans le caza de Baabda une tournée pastorale auprès de paroisses relevant de l'archevêché maronite de Beyrouth. Une tournée au cours de laquelle il n'a eu de cesse de réitérer son appel à l'élection d'un président de la République, invitant également les Libanais à s'unir et à rester attachés à leur terre.
Hier, au second jour de sa tournée, le patriarche a visité les localités de Araya, Chwit et Aïn Mouaffak, où il a reçu partout un accueil triomphal, tant officiel que populaire.
À Araya, il a notamment été accueilli par les députés Hikmat Dib et Nagi Gharios, avec lesquels il s'est rendu au milieu des acclamations de bienvenue au salon de l'église Notre-Dame de la Délivrance, réclamant d'emblée « un président pour la République ». Mgr Raï a affirmé dans ce cadre que « le pays n'est plus en état de supporter le statu quo et la corruption » et a souligné que « la classe politique doit trouver coûte que coûte un compromis pour une solution à l'échéance présidentielle ».
Le chef de l'Église maronite s'est ensuite rendu à Chwit où, devant la foule de fidèles qui l'a accompagné jusqu'à l'intérieur de l'église du village, il a appelé toutes les composantes libanaises à « resserrer les rangs pour s'accrocher au pays en tant qu'entité » et a demandé aux forces politiques de « prendre des initiatives et de nouvelles décisions dans l'intérêt de la patrie ». Au cours de cette visite à Chwit, village où coexistent chrétiens et druzes, Mgr Raï a indiqué qu' « en raison de difficultés économiques et de développement, le retour à la Montagne n'a pas été entièrement effectué ». Il a mis l'accent dans ce contexte sur la nécessité d'œuvrer à tous les niveaux, tant spirituel que familial, politique, social et national «, en vue de parfaire la réconciliation de la Montagne.
Dans l'après-midi, c'est à Aïn Mouaffak que le prélat maronite s'est rendu, concélébrant une messe en l'église Saint-Charbel avec l'évêque d'Antélias, Mgr Camille Zeidane. À cette occasion, Mgr Raï n'a pas manqué, une nouvelle fois, d'appeler à l'élection d'un chef de l'État. « Il faut se référer à l'État et trouver le vrai moi, seule clé pour sortir de la crise présidentielle et redonner vie aux institutions constitutionnelles », a-t-il martelé, affirmant qu' « on ne peut construire une vie nationale en restant accroché à ses positions ».

Unité et solidarité
Le patriarche maronite avait effectué samedi, dans plusieurs évêchés maronites, une tournée pastorale entamée dans la localité de Abadiyé. Accompagné de l'archevêque maronite de Beyrouth, il y a été accueilli par le secrétaire général du Parti national libéral (PNL), Élias Abou Assi, et le chef de la municipalité de Abbadiyé, Adel Najd, ainsi que par le représentant du cheikh Akl druze, Naïm Hassan, le cheikh Gandhi Makari, et le représentant du chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, Hadi Abou el-Hassan.
Dans son allocution, Mgr Raï a appelé les Libanais à l'unité et à la solidarité, auxquelles « on ne peut parvenir sans amour ». Il a évoqué la visite qu'avait effectuée dans cette localité multiconfessionnelle l'ancien patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, dans le cadre de la réconciliation de la Montagne, il y a 15 ans, et s'est engagé à « poursuivre cette réconciliation pour qu'elle englobe toutes les parties ». Il a appelé dans ce cadre à « préserver la pluralité » et à faire cesser les dissensions et les conflits qui ont conduit à la vacance présidentielle. Comparant « un pays sans président de la République » à « un palais sans portes, exposé au vol et au pillage », il a appelé à combler ce vide « pour que le Liban demeure une nation-message ».

« S'accrocher à la terre, d'autant que l'avenir est prometteur »
Mgr Raï, qui a visité les quatre églises de Abadiyé, – Saint-Élie, Saint-Georges des grecs-orthodoxes, Saint-Jean-Baptiste et Saint- Pierre – a en outre encouragé les personnes originaires de la localité à la regagner « en dépit de la présence de déplacés syriens », parce que, a-t-il déclaré, « des indices internationaux laissent croire que le Liban demeurera une perle ».
Le prélat s'est ensuite dirigé au village de Ketalet où il s'est rendu à l'église Saint-Jean-Baptiste, en cours de construction. Là aussi, il a appelé les natifs de la région à « s'accrocher à leur terre », d'autant que, a-t-il ajouté, « l'avenir est prometteur, malgré les circonstances difficiles ».
L'étape suivante devait être Ras el-Harf, où le patriarche maronite s'est rendu à l'église Notre-Dame de l'Assomption pour y concélébrer une messe avec le métropolite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, en présence de nombreux députés de la région ainsi que de personnalités du monde politique, militaire, diplomatique, social, administratif et religieux. Dans son homélie, Mgr Raï a pressé à nouveau les dirigeants politiques d'assumer leurs responsabilités nationales en mettant sur pied « un compromis et une entente » pour sortir de la crise présidentielle, « cause de blocage des institutions et porte ouverte à toutes sortes de corruption ». Mgr Raï a réitéré à cette occasion « la nécessité pour les fils de la Montagne de retourner à leur terre et de redonner vie à ce cœur battant du Liban ».
C'est enfin par la visite au couvent Saint-Élie à Kahlouniyé que s'est clôturée la tournée pastorale de samedi.

Le Conseil supérieur grec-catholique réclame de l’aide pour Qaa