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Liban - Droit et politique

Question de reconfiguration

Avec les derniers développements sur le terrain turc et le soi-disant uprising contre le régime en cours, toute la situation moyen-orientale est mouvementée. Cette mouvance est due à plusieurs facteurs.

1. En premier, la longévité de la sanglante crise syrienne, qualifiée de « guerre des nations sur le sol syrien », qui a dû altérer plusieurs agendas, dont notamment celui de la Turquie sous le règne d'Erdogan. La preuve, les propos tenus par ce dernier dès les premiers temps de la crise en question.
De plus, les Européens, qui ont voulu élaborer concrètement les principes des droits de la personne et des droits humains, ont vu leurs ambitions, ainsi que leurs intérêts politiques et économiques, bafoués, avec une nouvelle équation régionale suite à l'emprise iranienne sur la carte syrienne, et les concessions tant positives que passives entre les États-Unis et la Russie.
D'un autre côté, Erdogan pliera sur des dossiers géostratégiques imminents, à leur tête la question kurde, afin de contrecarrer toute tentative ou possibilité de créer une nouvelle entité kurde, même si cette autonomie ne fait que frôler la notion d'indépendance, cas typique des Kurdes irakiens.
Ainsi, la Turquie suivra les orientations de la Russie à ce propos et le conflit syrien serait le terrain le plus fertile pour tester l'applicabilité de telles concessions.

2. En second, le chamboulement au sein de l'arène européenne vient poser des questions vitales quant à l'avenir de cette puissance politico-économique d'une part, et, de l'autre, de l'effectivité de son positionnement face aux crises et dossiers conflictuels tels la Syrie, l'Irak et même la Turquie, et l'efficacité de son action militaire contre les terroristes.
Ces questions ne se posent pas en marge d'une évaluation spécifique, mais à la lumière des développements précipités et des positions qui seront de plus en plus claires et significatives.
On ne peut nier, tant au niveau juridique ou politique que stratégique et tactique, les répercussions du référendum britannique contre le concept européen, comme on ne peut ne pas concevoir la gravité du « vent terroriste soufflant sur la France » – les propos du Premier ministre français Manuel Valls sont éloquents à ce niveau. Ainsi, le Vieux Continent se trouve sous la menace d'un danger imminent, le terrorisme transcendant, mais aussi sous l'effet pervers de la situation économique de certains pays. Ajoutons la régression de l'efficacité et du poids de son rôle politique sur les grandes crises mondiales, notamment celle du Moyen-Orient.
Cette reconfiguration exige une nouvelle vision des choses, ou du moins de nouveaux mécanismes de solution ou d'approche.
Reconfiguration ne veut pas dire changement des frontières internationalement reconnues, mais redressement des rôles politiques de la Turquie, de l'Iran et de l'Europe au niveau de leur pouvoir d'appliquer ou non leurs agendas respectifs.
Les Russes sont les initiateurs de cette reconfiguration face à des Américains, qui, avec une administration sortante, ne montrent pas d'objections palpables. Bien au contraire, ils affichent un partenariat, quoique passif, avec les Russes, surtout depuis l'intervention de ces derniers en Syrie et le chambardement qui a bouleversé toute la scène.

3. Le Liban, secoué par l'impasse constitutionnelle et les échecs institutionnels, doit toujours se rattacher au parapluie régional et international qui garantit toujours sa stabilité, en attendant la fin de la période de reconfiguration qui pourrait durer. Ceci nous incite à élire un nouveau président, à injecter du sang nouveau dans le secteur public et dans le prochain Parlement, et à réactiver le mécanisme étatique, même dans ses conditions minimales.

Antoine Z. SFEIR
Docteur en droit international, avocat aux barreaux de Beyrouth et de Paris

Avec les derniers développements sur le terrain turc et le soi-disant uprising contre le régime en cours, toute la situation moyen-orientale est mouvementée. Cette mouvance est due à plusieurs facteurs.
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