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Campus - À vous la parole

Témoignage d’une jeune Libanaise partie étudier à l’étranger

Comme beaucoup de jeunes de mon âge, j'ai effectué un échange universitaire dans le cadre de mes études. Arrivée à l'aéroport Charles-de-Gaulle, je ne savais toujours pas à quoi m'attendre...

Julia el-Kallassi au jardin de Luxembourg.

C'est avec une grande émotion que j'accueille la nouvelle de mon acceptation pour participer à un programme d'échange couvrant un semestre de ma deuxième année de licence. Ma mère, en bonne maman libanaise, est mi-souriante, mi-déçue : Son enfant saura-t-elle se débrouiller en dehors de ses ailes protectrices ? Son inquiétude est certes légitime ; il n'est pas évident de prévoir son budget pour le semestre, de se faire des amis dans un pays étranger, de s'ajuster à de nouvelles normes sociales ou encore de faire son linge quand on sort d'une famille où l'on a été dorloté pour toute sa vie. Toutefois, ces « inconvénients », si l'on peut les percevoir comme tels, s'estompent devant les avantages d'une telle expérience.
Ce que j'ai appris à Paris, mis à part le matériel assez dense d'un semestre universitaire, est que l' « autre », provenant d'une culture différente, me ressemble beaucoup plus que je ne le pensais. Oui, les Parisiens sont souvent absorbés par la lecture d'un livre dans le métro ou dans un café, une scène que je ne risque pas de retrouver chez moi. Oui, ils ne s'intéressent pas aux affaires personnelles des autres à l'instar d'une bonne partie des Libanais. Non, ils ne vont pas se disputer pour payer l'addition, comme dans un restaurant au Liban. Néanmoins, en « l'autre », j'ai vu et j'ai respecté le même que moi, et j'ai pu, par conséquent, respecter ses différences. Ainsi, partir a cultivé mon humanisme, m'a délivrée pour un laps de temps de mon ethnocentrisme, m'a inculqué un sens de l'humilité.

Partir, revenir
S'adapter à un nouvel environnement n'était donc pas la partie la plus difficile de mon voyage. Revenir l'était. Après mon retour, mon expérience me modifie toujours en sourdine. Tandis qu'elle creuse son lit, ma perception de mon milieu s'enrichit : ce dernier est resté le même, c'est moi qui ai changé. Mais mon entourage ne le sait pas. Comment leur expliquer ce bouillonnement en mon for intérieur ? Comment leur dire que je ne serai jamais complètement « chez moi » à nouveau, car une partie de moi sera toujours ailleurs ? C'est pour cela que quand on part une fois, on risque de repartir, et tant mieux pour nous ! Je compte profiter autant que possible des trésors du monde qui me sont offerts, de cette richesse ultime qu'est de connaître et d'aimer des gens dans plus d'un endroit. Des ponts virtuels à deux sens sont ainsi créés, sortant de mon pays pour rejoindre d'autres et y affluant. Parce que, éventuellement, je vais revenir. À l'image d'un astronaute qui explore les recoins de l'univers, mais dont la survie dépend du maintien d'un lien avec sa base d'origine.

Julia EL-KALLASSI
20 ans
étudiante en deuxième année de psychologie à l'USJ

C'est avec une grande émotion que j'accueille la nouvelle de mon acceptation pour participer à un programme d'échange couvrant un semestre de ma deuxième année de licence. Ma mère, en bonne maman libanaise, est mi-souriante, mi-déçue : Son enfant saura-t-elle se débrouiller en dehors de ses ailes protectrices ? Son inquiétude est certes légitime ; il n'est pas évident de prévoir son...

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