L'ambassadeur d'Arabie saoudite, Ali Awad Assiri, a répondu lundi soir aux accusations portées contre son pays par des dirigeants du Hezbollah, dont le secrétaire général adjoint, le cheikh Naïm Kassem, concernant la responsabilité du blocage de la présidentielle libanaise. Le cheikh Kassem avait même appelé Riyad à soutenir la candidature de Michel Aoun, sans quoi le vide s'éterniserait...
Au même moment, le président des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, faisait état, dans un entretien à Télé-Liban, d'un climat positif concernant l'échéance, affirmant qu'il poursuivrait son initiative de promotion interne de la candidature Aoun visant à relibaniser l'échéance. M. Geagea a précisé que la position du président de la Chambre, Nabih Berry, avait progressé en faveur de la candidature Aoun, et que le chef du Rassemblement démocratique, Walid Joumblatt, s'était rallié à cette dernière. Quant au maintien par le chef du courant du Futur, Saad Hariri, de son appui à la candidature Frangié, il s'agit, a-t-il dit, d'un choix personnel. Partant, a ajouté M. Geagea, le climat général est favorable à l'arrivée du général Aoun à Baabda.
Il reste que Samir Geagea a fait assumer au Hezbollah et à l'Iran la responsabilité du blocage de la présidentielle à travers le boycott, par les députés du parti chiite, des séances parlementaires. Si l'Iran et le Hezbollah ne changent pas d'attitude, a-t-il dit, le vide persistera et finira par déboucher sur une crise politique. « Devant un tel cas de figure, le général Aoun doit assumer ses responsabilités, souligne une source proche des FL. Si le Hezbollah souhaite son élection, il n'a qu'à participer aux séances, puisque Walid Joumblatt s'est rallié à l'option Aoun et que ce dernier possède désormais une majorité favorable à son élection », ajoute cette source. Puisqu'une telle majorité – et donc le quorum requis – existe désormais dans l'hémicycle en faveur du candidat déclaré du Hezbollah, pourquoi ce dernier maintient-il son boycott ?
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Du reste, la garantie que certains réclament pour soutenir Michel Aoun se trouve dans la Constitution, au cœur des principes du 14 Mars et dans la déclaration commune de Meerab, indique la source FL. Du point de vue de Meerab, le général Aoun sera un président fort, mais c'est le Hezbollah qui retarde son arrivée au pouvoir, dans la mesure où Téhéran attend encore la conclusion d'un deal régional avec les États-Unis avant d'affranchir l'échéance présidentielle au Liban. Le Liban reste, dans ce cadre, une « carte » stratégique entre les mains de l'Iran.
Partant, les responsables du Hezbollah se contentent d'exprimer un appui verbal à la candidature Aoun, jetant la balle dans le camp de Saad Hariri, pour le pousser à céder et à donner son aval en vertu de l'équation suivante : « Aoun à Baabda, Hariri au Grand Sérail. » Le parti chiite souhaite, en effet, au-delà de l'élection du chef du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme, un package deal englobant la présidence, le gouvernement et son chef, la répartition des portefeuilles et des quotas. De plus, le Hezbollah réclamerait un cabinet d'union nationale et un accord sur la mention formelle, par la déclaration ministérielle, du triptyque armée-peuple-résistance. En contrepartie, il soulignerait son attachement à l'accord de Taëf et son application intégrale, mais exigerait également la fin de la politique de dissociation (à l'égard de la crise syrienne) adoptée par le gouvernement actuel et le passage aux oubliettes de la déclaration de Baabda, jugée « inexistante ».
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Le 14 Mars, lui, reste attaché à l'élection d'un président sans package deal et continue d'appeler les députés du Hezbollah et du Courant patriotique libre à participer aux séances. Par ailleurs, comment est-il encore possible de parler du fameux triptyque cher au Hezbollah à l'heure où ce dernier se bat en Syrie et ailleurs sans aucune couverture légale libanaise. Partant, la déclaration de Baabda et la politique de dissociation restent de mise pour protéger le Liban des conflits extérieurs, et surtout de la crise syrienne, selon le 14 Mars.
Lors de sa rencontre avec le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, à Beyrouth, la délégation du Hezbollah aurait exprimé son soutien à la candidature Aoun, pointant du doigt Riyad comme étant à l'origine du blocage, Saad Hariri ne voulant pas l'élection de ce dernier, alors qu'il est « l'homme le plus fort dans la rue chrétienne ». Les représentants du parti chiite auraient mis l'accent sur la nécessité de convaincre le chef du courant du Futur de soutenir Michel Aoun, afin d'accorder une couverture sunnite, et donc consensuelle, à l'élection de ce dernier. Tant que cela n'est pas accompli, il n'est guère utile d'assister aux séances électorales, aurait fait comprendre en substance la délégation au ministre français, l'incitant à convaincre Saad Hariri d'accorder son soutien à M. Aoun. Or le chef du courant du Futur aurait clairement signifié à M. Ayrault, lors de leur rencontre, sa volonté de maintenir son soutien à la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié, appelant les députés du 8 Mars à assister aux séances et à élire un président. Que le meilleur gagne, aurait-il assuré, soulignant sa volonté de reconnaître tout président élu d'une manière démocratique et constitutionnelle, à travers une opération de vote – y compris Michel Aoun, mais pas un président issu d'un plébiscite et imposé par la force et le chantage.
Le vide présidentiel serait donc appelé à durer. Même si l'option d'un règlement parachuté de l'étranger – de Washington en particulier – et englobant l'ensemble de la région, à commencer par le Liban et son élection présidentielle, ne saurait non plus être écartée.
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commentaires (9)
Il faut arreter de tourner autour du pot. Aoun n'est qu'une marionnette, Frangieh une façade de sérieux, et le Hezbollah veut le pouvoir total , sans partage comme est gouverné l'Iran, son mentor Il ne faut céder au désespoir de l'absence d'un président. Les pyas étrangers nous considèrent comme des minables. Soit. Mais onn vit dans semblant de paix, certes très fragilisé par cette milice armée qui peut provoquer à tout moment une catasrophe et la destruction des infrastructures de notre pays Les Berry, Salam et autres politicards savent parfaitement faire semblant de traiter les affaires courantes, de convoquer des commissions qui n'aboutissent à aucune résultat Par pitié il ne faut pas céder et finir d'accepter des candidats qui n'apporteront que défaites et désordre dans le pays. La paix sera sous la férule iranienne Les saoudiens auront à faire avec le Yemen, leur trouble intérieure, et l'évolution de leur monarchie et surtout le déficit provoqué par la chute du prix du pétrole. Ils ne sont pas à craindre Leur budget de fonctionnement est devenu rempli de trou de gruyère, le fromage est avalé depuis longtemps
FAKHOURI
22 h 11, le 21 juillet 2016