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Moyen Orient et Monde - Entretien express

« Même en cas d’accord russo-US, il faudra encore pas mal de négociations pour son application »

Le secrétaire d’État américain John Kerry saluant son homologue russe Sergueï Lavrov, le 16 juillet. Photo AFP

Les chefs de la diplomatie russe et américaine, Sergueï Lavrov et John Kerry, se sont rencontrés vendredi pour discuter la possibilité d'une coopération militaire accrue destinée à combattre l'organisation État islamique (EI) ainsi que d'autres groupes jihadistes comme le Front al-Nosra, émanation syrienne d'el-Qaëda, en proposant entre autres un commandement conjoint basé en Jordanie. Si la signature d'un accord de coopération n'a pas encore été officiellement annoncée, Fabrice Balanche, maître de conférences à l'Université Lyon II et géographe spécialiste de la Syrie, révèle ses éventuelles implications.

Pourquoi ces négociations entre les États-Unis et la Russie ? Comment est-ce qu'elles pourraient faire évoluer les relations entre les deux pays ?
Le président américain Barack Obama voudrait une coordination avec les Russes sur la Syrie et l'Irak contre Daech (acronyme arabe de l'EI) et el-Qaëda, pour obtenir notamment une victoire sur le plan diplomatique contre le terrorisme. Et cette victoire passe évidemment par une meilleure coordination avec les Russes. Ces négociations intéressent naturellement, aussi, (le président russe Vladimir) Poutine, parce que son objectif est que la Russie soit reconnue comme la deuxième puissance mondiale. Enfin, on voit bien que l'armée syrienne a du mal par rapport à al-Nosra. Moscou a donc besoin d'une aide contre ce groupe pour ne pas se retrouver dans un bourbier en Syrie comme l'Union soviétique en Afghanistan.

 

(Lire aussi : Assad affirme que Moscou n'a jamais évoqué avec lui son départ)



Comment est-ce qu'un tel accord pourrait modifier la position des deux pays envers ce qu'on appelle « l'opposition modérée » ?
L'opposition militaire « modérée » est introuvable aujourd'hui, étant donné que les rebelles « modérés » sont quand même aujourd'hui dominés par al-Nosra. Chaque fois que les États-Unis essayent d'entraîner des rebelles « modérés » contre Daech, cela aboutit à un échec, parce qu'ils sont incapables de constituer une armée qui puisse constituer une alternative au mouvement jihadiste.
Il est aussi clair que dans le cas d'une coordination entre les États-Unis et la Russie contre Daech et al-Nosra, beaucoup de rebelles « modérés » sur le terrain vont se radicaliser, puisqu'ils ne sont pas vraiment opposés à al-Nosra et luttent surtout contre le régime syrien.
Par ailleurs, une des conditions que mettent les États-Unis pour finaliser cet accord, c'est qu'on bombarde al-Nosra, mais que les troupes du régime s'abstiennent d'avancer dans ces territoires. Donc, même dans le cas d'un accord, il faudra encore pas mal de négociations pour son application.

 

(Lire aussi : Les (petites) victoires de Bachar el-Assad...)

 

Pourquoi les détails des négociations n'ont-ils pas été rendus publics ?
Parce que dès qu'il y a des informations qui filtrent, les États-Unis sont accusés de soutenir le président syrien Bachar el-Assad. En politique intérieure, aux États-Unis comme en Europe d'ailleurs, Assad reste un sujet tabou. Tout ce qui peut renforcer le régime syrien est utilisé par l'opposition à Obama pour dénoncer une politique de complaisance à l'égard d'Assad et de faiblesse à l'égard de Moscou. Ils évitent donc de faire trop de publicité pour ne pas se faire attaquer. En Europe, également, si la droite en France demande une coordination avec les Russes pour éliminer Daech très rapidement, la gauche est beaucoup plus réticente. Il y a toujours cette idée que c'est Assad qui a créé Daech. C'est quand même un sujet politiquement sensible, parce qu'une alliance américaine avec les Russes contre l'EI et al-Nosra peut signifier qu'Assad restera au pouvoir et que son armée va reprendre du terrain. Ça veut dire aussi qu'on trahit les rebelles qui ont été soutenus jusqu'à présent.

 

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Les chefs de la diplomatie russe et américaine, Sergueï Lavrov et John Kerry, se sont rencontrés vendredi pour discuter la possibilité d'une coopération militaire accrue destinée à combattre l'organisation État islamique (EI) ainsi que d'autres groupes jihadistes comme le Front al-Nosra, émanation syrienne d'el-Qaëda, en proposant entre autres un commandement conjoint basé en Jordanie....

commentaires (3)

POUTINE CHERCHE UNE PERCHE DE SAUVETAGE DU BOURBIER OU IL S,EST ENGOUFFRE AVEC LA BENEDICTION DE LA CONNIVENCE MAIS EN ESSAYANT D,Y DEROGER... L,AMERICAIN LA LUI TEND AVEC DE NOUVELLES CLAUSES... OU, QUEL PRIX ET AVEC QUOI LE POUTINE PAYERAIT-IL ? LA POLITIQUE NE PEUT PAS ETRE COMPRISES PAR LES NAIFS OU LES FANATIQUES...

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 58, le 18 juillet 2016

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Commentaires (3)

  • POUTINE CHERCHE UNE PERCHE DE SAUVETAGE DU BOURBIER OU IL S,EST ENGOUFFRE AVEC LA BENEDICTION DE LA CONNIVENCE MAIS EN ESSAYANT D,Y DEROGER... L,AMERICAIN LA LUI TEND AVEC DE NOUVELLES CLAUSES... OU, QUEL PRIX ET AVEC QUOI LE POUTINE PAYERAIT-IL ? LA POLITIQUE NE PEUT PAS ETRE COMPRISES PAR LES NAIFS OU LES FANATIQUES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 58, le 18 juillet 2016

  • Hahahahahaahhahahahhahaha ! !!!!!!!!! En tout cas je ris de toute mes forces et très fort . La dernière phrase de Balanche traduit toute l'hypocrisie qu'on a toujours dénoncé chez ces fourbes d'amerlocks humaines , et dire que certains huluberlus attendent le prochain clown qui va sauver le monde . Ah encore une chose , l'accord qui semble être un appât pour attraper des mouches ne prendra pas sur Poutine et ses alliés résistants. Hahahahahahahahahahah ! !!!!!!!

    FRIK-A-FRAK

    11 h 06, le 18 juillet 2016

  • Ben voyons ...le capitaine de pédalo ...pédale dans le désert depuis un certain temps ...les USA d'Obama sont en fin de mandat...et leurs gentils rebelles officiels (pour les journaleux )...se muent en djihadistes de tous bords ...!

    M.V.

    10 h 28, le 18 juillet 2016

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