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Moyen Orient et Monde - Entretien express

« On voit déjà une vague de populisme sunnite fascisant »

Des soldats de la garde d’honneur militaire, hier à Ankara, lors des funérailles de victimes tuées lors de la tentative de putsch vendredi soir. Baz Ratner/Reuters

Après le coup d'État avorté en Turquie jeudi dernier, Michel Naufal, spécialiste des questions turques et auteur du livre Le Retour de la Turquie en Orient, se penche sur le profil des putschistes, alors que le nom du colonel alaouite Mouharram Kose est cité comme étant l'un des instigateurs du coup d'État raté. Il revient également pour L'Orient-Le Jour sur les motivations des putschistes et la question kurde.

Le nom du colonel Mouharram Kose, ancien haut cadre de l'armée turque, et supposément alaouite, est présenté comme l'un des cerveaux du putsch manqué. Ce nom vous dit-il quelque chose ?
En fait, les alaouites n'ont rien à voir avec le putsch manqué, et jusqu'à maintenant, il n'y a absolument rien qui l'indique. D'ailleurs, il faut prendre en considération que la structure de l'armée est surtout sunnite. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a beaucoup parlé de Mouharram Kose, mais au niveau du discours du pouvoir et du discours médiatique, personne n'a évoqué de rapport entre lui, les alaouites et le putsch manqué. En revanche, Erdogan et son parti (AKP) sont en train d'insister sur le rôle de Fethullah Gülen (ndlr: imam de 75 ans et principal opposant d'Erdogan, exilé aux États-Unis depuis 1999). Gülen est un homme qui a toujours eu des positions anti-islam politique, avec un réseau d'écoles et un groupe très fort, très présent dans les médias et autres œuvres caritatives. Il avait même une certaine influence dans les organes de sécurité.
Il ne faut pas du tout parler des alaouites qui ne sont pas forts dans la structure de l'armée. Le sunnisme turc les a éloignés de cette institution pour éviter toute influence. Quand Kenan Evren a fait son coup d'État dans les années 1980, il l'a fait avec Haydar Saltık, un grand responsable militaire d'origine alaouite. Un putsch resté dans les mémoires, car c'était la seule fois où un haut cadre de la sécurité était alaouite.

 

(Reportage : A Istanbul, la foule conspue les putschistes sur la place Taksim)

 

Est-ce que la politique turque par rapport à la Syrie a été une des motivations de ce coup d'État ?
Il faut voir d'abord quel a été le discours des putschistes qui ressemble beaucoup au discours de l'opposition en Turquie. Surtout celui des sociaux-démocrates, qui évoquent le rétablissement de l'État de droit et la démocratie. La Syrie a certainement été une source de motivation, mais de façon indirecte. Les gens qui ont pris cette initiative insistent beaucoup sur la politique intérieure, et pas tant sur la politique étrangère. Mais sur le plan local, et notamment sécuritaire, le conflit syrien y est pour beaucoup. L'attentat de l'aéroport Atatürk (le 29 juin) a provoqué un grand choc et il y a un mécontentement face à autant d'instabilité. Le problème des réfugiés syriens (2,5 millions en Turquie) est un exemple qui traduit assez bien les retombées de la crise syrienne sur le plan local.

 

(Repère : Cinquante-six ans de coups d'État et de complots en Turquie)

 

Ce coup d'État raté ne risque-t-il pas d'étouffer encore un peu plus la question kurde et augmenter la pression sur les formations d'opposition, comme le HDP prokurde ?
Si Erdogan refuse comme il l'a fait jusqu'à maintenant de revenir à son choix initial, à savoir l'ouverture démocratique avec les Kurdes, et insiste pour une solution militaire, la situation va s'envenimer. On est déjà dans une guerre ouverte dans le Sud-Est anatolien à cause de ce parti-pris. À long terme, c'est tout le pays qui risque d'être déstabilisé, car les Kurdes ne sont pas uniquement présents dans le Sud-Est, mais aussi dans toutes les grandes villes turques. Ça sera la guerre civile si ça continue. Et après ce qu'Erdogan vient de réussir (faire échec au coup d'État), on ne voit pas comment il n'y aura pas de dérive sécuritaire. On voit déjà une vague de populisme sunnite fascisant. Les mosquées se sont transformées en centre de formation populaire d'où les manifestations pro-Erdogan prennent le départ. Tout cela fait que l'on craint une dérive du pouvoir en Turquie, qui va aussi se répercuter sur l'opposition.

 

 

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commentaires (4)

EN SE SATELLISANT AUTOUR DE L,UNE DES DEUX FACES DE LA MEME MONNAIE LA TURQUIE PLONGERA DANS L,OBSCURANTISME WAHABITE...

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 27, le 18 juillet 2016

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • EN SE SATELLISANT AUTOUR DE L,UNE DES DEUX FACES DE LA MEME MONNAIE LA TURQUIE PLONGERA DANS L,OBSCURANTISME WAHABITE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 27, le 18 juillet 2016

  • Alors là. Mama Mia, ils ont la totale , les sunnites , et les bactéries et le fascisme. Tout çà aux ordres de sionistes, en prime .

    FRIK-A-FRAK

    18 h 56, le 18 juillet 2016

  • Les Kurdes , le Arméniens et autres minorités ont intérêt à se méfier du nouveau pourvoir Erdoganiste ....!

    M.V.

    13 h 22, le 18 juillet 2016

  • AVEC CE COUP D,ETAT DOUTEUX LE SULTAN VA ESSAYER DE MUSELER ARMEE, OPPOSITION ET KURDES... LE REUSSIRA-T-IL ? L,AVENIR LE DIRA, CAR TOUT N,EST PAS FINI COMME ON Y CROIT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 35, le 18 juillet 2016

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