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Liban - La situation

Joumblatt cautionne le « compromis Aoun », mais le Futur reste sceptique

Alors que la région se trouve dans une phase transitoire, à la veille de l'échéance présidentielle américaine, des efforts ressurgissent à des niveaux locaux en faveur de compromis intermédiaires intérieurs.
Au Liban, c'est un prélude au déblocage, axé sur la présidentielle, que propose le chef du Parti socialiste progressiste, le député Walid Joumblatt. Interrogé par L'Orient-Le Jour, il prône « un compromis » sur la présidentielle, indépendamment et préalablement à l'examen éventuel d'une solution globale pour la relance des institutions – un examen prévu à l'ordre du jour de la table de dialogue les 2, 3 et 4 août.

« Il est important de trouver un compromis pour élire un président de la République sans conditions préalables », affirme M. Joumblatt, afin d'éviter « la possibilité d'un dialogue de sourds à la table de dialogue ». Il précise ne « pas avoir d'inconvénient à ce que le compromis porte sur le général Michel Aoun, qui bénéficie de l'appui le plus large » sur le plan politique. Sa disposition énergique à ce que son bloc parlementaire, « formé de onze députés, à moins qu'il n'y ait parmi eux des réticents », vote pour ce « compromis » aurait pour principal motif d'« essayer de désengager relativement le Liban de la crise syrienne ».
« Une fois ce compromis sur la présidence de la République obtenu, le reste suivra, à savoir le redémarrage progressif des institutions, ainsi que la possibilité minime de désengager le Liban de la guerre syrienne », explique-t-il, en soulignant que « l'enjeu en vaut la peine ». Et pour cause: si le Liban se trouve actuellement dans une situation de pseudoparalysie, l'échéance des législatives de 2017 aura raison de ce qu'il reste de la marche a minima des institutions.

Si Walid Joumblatt évoque « l'impasse de juin 2017 », ce n'est pas par crainte d'une non-tenue des législatives, mais des conséquences de la tenue de cette échéance en l'absence d'un président de la République. « Les législatives conduiront à un gouvernement démissionnaire qui serait pire que l'actuel gouvernement. Ce sera la léthargie totale, sans président de la République », dit-il. Une léthargie dont l'une des plus graves conséquences serait « un blocage économique ».
Mais si sa position fait écho aux propos du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, lors de sa visite à Beyrouth, elle ne semble pas y être liée directement. « La France essaie, certes, de désengager le pays des développements régionaux – c'est cela l'intérêt de la visite de M. Ayrault –, mais Paris n'a aucun candidat précis en tête. C'est à nous de le choisir », conclut-il.

 

(Lire aussi : Pas de président ni de loi électorale en vue ; appels à l’adoption du budget 2017)

 

Retombées « insupportables »
S'il est une chance que Michel Aoun soit élu sans l'appui du bloc du Futur, ce serait selon une configuration parlementaire similaire à celle qui avait voté la confiance au gouvernement de Nagib Mikati en 2010, un vote rendu possible grâce aux voix de la majorité du bloc joumblattiste (sept des onze députés). Mais la possibilité d'une répétition de ce scénario pour l'élection de Michel Aoun – qui bénéficie déjà du soutien des Forces libanaises – n'est pas vérifiée: une réticence n'est pas à exclure, du côté de certains groupes parlementaires, à entériner le cas échéant un choix auquel le chef du courant du Futur, Saad Hariri, n'aurait pas accordé son aval.

Des sources concordantes rapportent que M. Hariri – à l'encontre de l'avis de certains de ses conseillers – reste toujours « peu enclin » à soutenir la candidature du chef du bloc du Changement et de la Réforme, en dépit d'informations (non vérifiées) d'une rencontre prochaine entre Michel Aoun et lui, ou encore sur une possible visite du général candidat en Arabie saoudite. Saad Hariri continue pour l'heure de soutenir la candidature du député Sleiman Frangié, quand bien même celle-ci aurait été « définitivement écartée, de facto, par la récente mobilisation du Hezbollah et de Michel Aoun sur la présidentielle, faisant suite à l'initiative Berry », selon une source du 14 Mars. Le maintien de la candidature de M. Frangié servirait au courant du Futur à circonvenir formellement à la candidature de Michel Aoun. Une source proche du courant du Futur souligne par ailleurs que, sur le plan de la bienséance, M. Hariri ne saurait changer de candidat comme l'on changerait un fusil d'épaule. Il a déjà accordé son soutien au chef des Marada et, tant que ce dernier reste en lice, il n'y a aucune raison de songer à appuyer un autre candidat. « Il y va de notre dignité », souligne cette source.

L'appui au général Michel Aoun ferait en outre subir à Saad Hariri deux conséquences immédiates et lourdes: des dérogations à la consigne de vote au sein de son bloc parlementaire (dont ne se cachent pas certains députés) et surtout des retombées « insupportables » au niveau de sa base populaire. Le spectre de la défaite de Tripoli rôde, et Achraf Rifi, devenu une sorte d'indicateur du pouls sunnite, avait, rappelons-le, déjà pris une position de principe authentiquement 14-Marsiste, hostile aussi bien à la candidature de Sleiman Frangié qu'à celle de Michel Aoun.

 

(Lire aussi : Arayji : Pas d’initiative française pour régler le problème de la présidentielle)

 

« Toute la République »
Or, l'enjeu – et peut-être le seul, à même d'influencer les tactiques des uns et des autres, à l'heure actuelle – est la perspective des législatives de 2017. C'est sous cet angle que pourrait se lire la tendance affichée du Hezbollah à trouver une solution globale, assortie d'une mobilisation pour Michel Aoun auprès des différentes parties pour la présidentielle. Ce « nouveau forcing Aoun-Hezbollah » résulterait de leur quasi-certitude qu'une nouvelle loi électorale ne sera pas approuvée et que les prochaines législatives devront se tenir sur la base de la loi de 1960, estime un député qui suit de près le débat sur la loi électorale.

Or, si l'on présume de la bonne foi du Hezbollah pour une relance des institutions, les moyens dont il use à cette fin dénotent, jusqu'à nouvel ordre, d'une volonté d'étendre a maxima son influence au Liban, de manière à garantir un cadre politique qui lui assure son retour éventuel de Syrie selon ses conditions.
Ses velléités d'une proportionnelle intégrale trahiraient ainsi sa volonté de « ne laisser aucun soupçon d'un 14 Mars au Parlement », selon la source. Plus généralement, le package deal qu'il aurait véhiculé par le biais du président de la Chambre souffrirait d'un profond déséquilibre en faveur du Hezbollah. En somme, celui-ci « ne cherche pas seulement à se garantir la présidence de la République, mais toute la République », estime le député Farès Souhaid à L'OLJ, en exprimant son « entière solidarité avec Saad Hariri » face à « la propagande » qui tend à lui faire subir la responsabilité du blocage de la présidentielle. Une campagne que le député Ahmad Fatfat déconstruit d'ailleurs en rappelant à L'OLJ que « le bloc parlementaire du Futur n'entend boycotter aucune séance électorale, même celle qui amènerait éventuellement Michel Aoun à la présidence ».

Une source parlementaire ajoute, pour sa part, que le seul effet du nouveau forcing du Hezbollah aura été, en somme, d' « écarter définitivement la candidature de Sleiman Frangié, sans accroître, en contrepartie, les chances de Michel Aoun ». Celles-ci auraient même reculé, au point de « l'anéantissement », à la suite de la visite du chef de la diplomatie française à Beyrouth, selon une source politique proche du 14 Mars...

 

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commentaires (7)

Michel Aoun éPrésident" ce serait pire que sans président. C'est donner la clé de la République au Hezbollah et par ricochet à l'Iran Pourquoi W. Joumblatt ne prends pas sa retraite Il nous rendrait bien service

FAKHOURI

20 h 44, le 14 juillet 2016

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Commentaires (7)

  • Michel Aoun éPrésident" ce serait pire que sans président. C'est donner la clé de la République au Hezbollah et par ricochet à l'Iran Pourquoi W. Joumblatt ne prends pas sa retraite Il nous rendrait bien service

    FAKHOURI

    20 h 44, le 14 juillet 2016

  • et le Futur du futur reste incertain ....! le paiements des salaires des employés d'Hariri en palmeraie saoudite et ailleurs aussi.....

    M.V.

    20 h 26, le 14 juillet 2016

  • hehehe bien bien il reste plus que Hariri et on verra si les autres veulent d'un president ou non de leur propre chef sans en avoir a se referer a leur patron qu'est l'iran (sic comme la deja affirmer le sayyed)

    Bery tus

    18 h 01, le 14 juillet 2016

  • POURQUOI L'ORIENT LE JOUR INSISTE TELLEMENT À CONNAITRE L'AVIS DE JOUMBLATT ? POURQUOI ? ON DEVRAIT PRENDRE LE MICRO ET DESCENDRE DANS LA RUE ET INTERROGER LES PASSANTS, VOUS CONSTATER RAPIDEMENT QUE LE PEUPLE NE VEUT PAS NI DE FRANGIEH, NI DE AOUN COMME PRÉSIDENT ET SURTOUT NE VEUT PLUS ENTENDRE LES AVIS DES MERCENAIRES IRANIENS ET SAOUDIENS. ESSAYEZ PLUTÔT D' INTERROGER DES HOMMES PATRIOTES COMME RIFI, ISSAM KHALIFÉ ETC..ET PAS SEULEMENT LES CHAUFFEURS DE TAXIS, MALGRÉ QU'ILS SONT TELLEMENT SUPÉRIEURS INTELLECTUELLEMENT À HARIRI, AOUN, FRANGIEH ET TOUTE CETTE CLASSE POLITIQUE POURRIE.

    Gebran Eid

    15 h 07, le 14 juillet 2016

  • Walid Joumblatt, le caméléon de Moukhtara, propose un "compromis" pour la Présidentielle (sic)... Son "compromi" consiste à élire l'allié du Hezbollah, Michel Aoun. Selon " Le Robert", un compromis est un arrangement dans lequel on se fait des concessions mutuelles. Donc, je propose au seigneur féodal de Moukhtara, à élire une personnalité neutre qui n'a d'allié que la Patrie libanaise sans aucune autre alliance avec qui que ce soit. Walid bayk, je vous prie de cesser de vous moquer tous azimuts.

    Un Libanais

    13 h 28, le 14 juillet 2016

  • Ce que propose joumgirouette me rempli de joie au plus haut point , mais je reste à dire méfiance quand il parle, parce que de manière usuelle demain il pourrait dire le contraire de ce qu'il déclare aujourd'hui. Sur le fond je ne comprends pas que le futur antérieur aime tant se faire tirer les oreilles , qu'il arrête de faire sa chochotte et qu'on élise le seul homme capable de nous sortir du pétrin actuel. Depuis son retour on a tout essayé pour déstabiliser le Phare Aoun en le diabolisant , le vilipendant et rien n'y a fait , cet homme est fait d'acier inoxydable, voilà pourquoi on verra de plus en plus des hommes politiques hurler avec les loups , et d'autres suivistes changer d'avis. Lol.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 46, le 14 juillet 2016

  • HARIRI DEVRAIT CAUTIONNER L,ELECTION DU GENERAL... QUI N,EST PLUS PARAVENTISSIME ET QUE LES AUTRES N,APPUIENT QU,EN PAROLES POUR NE PAS PERDRE LA FACE CAR ILS VEULENT LE VIDE POUR ASSEOIR LEUR MAINMISE ... ELISEZ AOUN ET METTEZ-LES AU PIED DU MUR ! L,ACCALMIE DE SIX ANS QUI EN RESULTERAIT NE FERAIT QUE DU BIEN AU PAYS... ET LA DONNE CHANGERA LA INNOU IL DOULEB BYIBROM !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 38, le 14 juillet 2016

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