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Économie - Liban - Restauration

L’Euro de football, un coup de pouce bienvenu pendant le ramadan

La diffusion des matchs du championnat d'Europe des nations a permis à de nombreux gérants de café et restaurant de compenser le ralentissement de leur activité.

Le restaurant Republic à Kaslik lors d’un soir de match. Photo D.R.

Cette année, la concomitance entre la diffusion des matchs du championnat d'Europe des nations de football et le ramadan a permis au professionnels d'atténuer l'impact d'une période pas toujours bienvenue pour les restaurateurs.
« La fréquentation de la clientèle – qui, en plus, consomme moins d'alcool – chute de manière remarquable pendant le ramadan », résume May Georr, directrice de l'agence de communication TBSP, qui coopère avec de nombreux restaurants et bars de Beyrouth.

Désertés pendant l'heure du déjeuner par leur clientèle qui jeûne, les restaurants offrent en général un menu fixe le soir. Mais les marges sont moins importantes que lors d'un dîner normal, et insuffisantes pour compenser la baisse de la fréquentation pendant la journée, selon Tony Ramy, président du syndicat des propriétaires de restaurant. « Même dans un restaurant 4 étoiles, le prix moyen oscille entre 35 et 45 dollars par personne, ce qui est très raisonnable... » affirme-t-il. Des prix en baisse sur les dernières années, ajoute-t-il, à cause du ralentissement économique qui touche le pays.

« Cette année a été plus difficile que les années précédentes à cause du climat général d'insécurité », observe Charbel Dakkache, gérant du restaurant Le Provincial à Antélias. Le 27 juin, une série d'attentats-suicide menée dans le village de Qaa a fait 5 morts et 28 blessés. Quelques jours plus tard, l'armée libanaise a annoncé avoir déjoué deux attaques terroristes que le groupe État islamique comptait mener au Liban. Des rumeurs non fondées ont circulé en parallèle sur les réseaux sociaux sur d'autres attentats imminents contre des sites touristiques.

Le constat global d'une baisse de fréquentation pendant le ramadan est néanmoins à nuancer selon les lieux et types d'établissements. Les cafés s'en sortiraient bien mieux que les restaurants. « Les clients peuvent y passer la soirée, fumer une chicha, boire des jus et manger des desserts libanais », observe Tony Ramy. Les restaurants libanais traditionnels dans les quartiers musulmans tirent aussi leur épingle du jeu. Moustafa Samad est propriétaire de deux restaurants à Tripoli. « Le chiffre d'affaires de mon restaurant libanais, el-Hajj Ali, a bondi de 32 %, alors que celui de mon restaurant qui ne sert que de la cuisine internationale, La Plaka, a baissé de 15 % », rapporte-t-il. Le restaurateur a toutefois remarqué que bien que les clients soient aussi nombreux que les années précédentes, ils dépensent en moyenne 15 % de moins. « Peut-être à cause de la crise économique », avance-t-il.

Contribution obligatoire
Quoi qu'il en soit, nombreux sont ceux qui ont compté sur un effet dopant des matchs de football sur leurs résultats. TBSP a conseillé à tous ses clients de retransmettre les matchs de l'Euro. « Cela a permis de rééquilibrer la baisse de la fréquentation liée au ramadan, même si pas complètement », explique May Georr. « La combinaison du ramadan avec l'Euro a vraiment aidé », se réjouit Raffi Farajian, l'un des copropriétaires de la marque de restaurants Republic, dont le chiffre d'affaires a augmenté de 10 à 15 % pendant le ramadan. « De manière générale, il n'y a pas eu une énorme différence avec le reste de l'année, car nous sommes souvent pleins en soirée en dehors du ramadan ! » nuance Lulwa Gédéon, responsable marketing du café et restaurant Falamanki à Achrafieh. Pour Charbel Dakkache, la diffusion de l'Euro a permis d'attirer seulement 5 à 10 % de clientèle en plus dans son restaurant. « Cela couvre environ nos dépenses supplémentaires pour assurer la retransmission de l'évènement », indique-t-il sans plus de détails sur ces dernières.

De fait, l'investissement nécessaire pour diffuser les matchs ne serait pas négligeable pour un restaurateur. « Il faut payer entre 20 000 et 40 000 dollars dans la capitale pour pouvoir retransmettre les matchs », estime May Georr, sans compter l'achat de télévisions ou d'écrans géants si nécessaire. Certains établissements ont demandé aux clients de payer une contribution « spéciale football » pour couvrir ces coûts, comme par exemple le Junkyard à Mar Mikhaël ou le Seven Sisters côté de Biel, qui a temporairement loué le dôme géant qui avait abrité le Festival culturel de Beyrouth pour en faire un restaurant servant des dîners sans alcool où les matchs étaient retransmis sur les murs par des projecteurs. « Les clients payaient 7 500 livres par personne pour voir un match. Certains d'entre eux se sont plaints, mais je pense que c'était une obligation de mettre en place cette contribution, car le groupe avait dépensé beaucoup d'argent, et il était possible pour un client d'y rester la soirée entière en ne buvant qu'un soda ou une bière », se défend May Georr. D'autres ont imposé des frais de réservation de tables les soirs de match, comme au restaurant Falamanki (20 dollars).

Chez ceux qui ont choisi de ne pas faire visionner l'Euro, la perte de clientèle à des heures de fréquentation importante était évidente pendant les matchs. Jeudi soir, le restaurant et bar Mezyan à Hamra était à moitié vide lors de la demi-finale qui opposait l'Allemagne à la France. « À l'heure exacte à laquelle le match s'est terminé, tout le monde est arrivé en même temps », rapporte l'un des gérants du bar.

 

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