Attrape-moi si tu peux !

« Décrochage », une expérience artistique « hors normes » qui implique le spectateur autant que Sadie von Paris, au point d'interroger l'art et l'idée que l'on s'en fait.
Dans le cadre de la Biennale de Paris à Beyrouth, l'Espace 27 proposait une exposition qui « bouleverse les règles de l'art ». Dans ce Salon de particulier, transformé en salle d'expo pour l'occasion, Sadie von Paris donne le coup d'envoi, qui déclenche un joyeux tohu-bohu. Une trentaine de personnes se dispersent et se ruent sur les photos de l'artiste. Chacun court, décroche, arrache, échange, grimpe puis discute allègrement sur la photo qui l'a interpellé. La salle n'a plus rien d'un lieu où les œuvres s'expriment et habitent l'espace face à des observateurs anonymes. On est habitués à voir les visiteurs entrer sagement dans les galeries d'art, regarder poliment des photos immobiles et exprimer avec discrétion lôeur intérêt pour les murs qui se sont habillés pour une exposition ou une autre. Mais ici, le spectateur s'émancipe de sont statut. Désormais, les mains des curieux s'activent, habitent l'espace, s'approprient les photos solitairement ou en groupe, avant de se lancer dans une discussion à corps perdu. « Ce qui est intéressant, ce sont ces cinq minutes éphémères où l'on passe de l'accumulation au vide. Ce passage à l'acte intense et éphémère qui s'ancre dans le présent. » Tandis que l'artiste se sent « transportée » face à une intimité photographique dépecée par les visiteurs, l'art génère soudain un mouvement de vie chez un public traditionnellement observateur.