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Culture

Tous artistes ?

La conférence au théâtre Tournesol s'installe sur quelques notes de jazz aux senteurs orientales et cubaines interprétées par le groupe libanais Turkiban, histoire d'harmoniser l'atmosphère avant de passer à la grande question sur l'art « invisuel » et l'entrepreneuriat social. Pour ce faire, MSK Room – qui a pour but de promouvoir l'entrepreneuriat social et de le rendre accessible à tous – explore les similitudes entre l'art, l'« invisuel » et l'entrepreneuriat social à l'occasion de la Biennale de Paris délocalisée à Beyrouth. Alexandre Gurita, fondateur du concept de l'art « invisuel », expose sa thèse en quelques points. L'art « invisuel » est une pratique sans objet, sans œuvre matérielle ; c'est un état d'esprit, une recherche, la recherche d'un nouveau langage qui est propre à son artiste de par le médium ou le support utilisé. Le but de l'art, selon Gurita, est de modifier l'idée de l'art. Depuis bien trop longtemps déjà, l'art n'a fait que suivre un seul et même chemin : l'artiste, qui produit une œuvre, qui passe par un système ou une institution, qui, enfin, donne aux consommateurs d'art une idée conforme de ce dernier. L'art, souvent soumis au régime esthétique, se révolte et passe sous la tutelle de la pratique, du processus, de l'événement et de l'expérience. Depuis le début du siècle, l'artiste prend ses libertés et n'est plus enchaîné à la matière, à l'« œuvre d'art ». Il laisse tomber les pinceaux, les crayons, les maillets et les ciseaux à pierre, il oublie les toiles en fibres de lin, de chanvre, de coton, ou de fibres synthétiques pour nourrir un public famélique, un public plein, trop plein de matière souvent et trop souvent rien qu'esthétique. L'art « invisuel » se veut non conformiste, il veut faire évoluer l'art et la manière de le penser. Soutenu par plusieurs exemples et artistes, le public se familiarise avec ce concept révolutionnaire. Paul Robert court en revendiquant son statut d'artiste ; c'est un artiste coureur de fond. Soussan Ltd déplace une œuvre de Martin Kippenberger, il transforme le temps en œuvre ; c'est un artiste. Bernard Deville construit des éoliennes selon des modalités particulières ; c'est un artiste. Vous lisez le journal ; vous êtes un artiste. Non chers lecteurs, la dernière proposition est fausse, désolés. Si ce nouveau concept d'art « invisuel » semble être la terre promise pour tous les « wanna be » artistes, il pose quand même quelques contraintes et limites. Ces pratiques artistiques germent effectivement en dehors du monde de l'art et des lieux de l'art (galeries, musées, salles de vente...) mais ne sont pas complètement forcloses. Trois conditions sont inévitables. Il faut se revendiquer artiste, revendiquer sa pratique comme étant de l'art et que cette démarche interagisse avec la société. À méditer, et la conférence se clôture au rythme de Turkiban.

La conférence au théâtre Tournesol s'installe sur quelques notes de jazz aux senteurs orientales et cubaines interprétées par le groupe libanais Turkiban, histoire d'harmoniser l'atmosphère avant de passer à la grande question sur l'art « invisuel » et l'entrepreneuriat social. Pour ce faire, MSK Room – qui a pour but de promouvoir l'entrepreneuriat social et de le rendre accessible...

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