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Liban - Décryptage

Au-delà du cafouillage officiel, l’attentat de Qaa vise tout le Liban

Cinq jours après les attentats de Qaa, la tension est quelque peu retombée, mais la confusion reste grande. Elle est alimentée par les données contradictoires fournies par les différentes sources sécuritaires et surtout par le soudain flot d'informations, pas toujours vérifiées, sur des projets d'attentat ou des arrestations diverses. Accablés, les citoyens ne savent plus où donner de l'oreille ni qui croire, sachant que chaque média donne une version qui s'appuie sur une source d'information différente. Pourtant, les sources sécuritaires, qui reconnaissent avoir tâtonné au début, ont désormais une idée précise de ce qui s'est passé. Le premier attentat de Qaa visait bien la bourgade, contrairement à certaines déclarations politiques. Les enquêteurs sont arrivés à cette conclusion en se basant sur les données suivantes : les quatre kamikazes étaient à pied, sans voiture qui les attendait ni même mobylette à portée de mains. Ils sont venus à travers les petites ruelles de la localité. Ce qui signifie qu'ils connaissent bien les lieux. Soit ils résident dans la bourgade même, soit ils viennent d'un endroit proche, probablement le camp de réfugiés à proximité de la localité, dans ce qu'on appelle la zone des projets de Qaa qui abrite près de 30 000 déplacés syriens.

 

(Lire aussi : Après l’échec du package-deal iranien, un plan B sécuritaire du Hezbollah ?)

 

 

Pourquoi ces informations sont-elles contredites par d'autres qui affirment qu'ils sont venus de loin, du jurd de Ersal ? Des sources sécuritaires qui suivent le dossier affirment que le fait d'admettre que les kamikazes ont pu venir des camps de réfugiés aurait des effets négatifs sur les relations déjà extrêmement tendues entre les déplacés et les habitants locaux, les incidents devenant de plus en plus nombreux entre eux dans plusieurs régions où sont installés des camps de déplacés syriens. De plus, prenant conscience de ce malaise, la communauté internationale multiplie les pressions sur le Liban officiel pour tenter d'apaiser la colère des citoyens contre les déplacés et éviter qu'elle ne se transforme en persécution systématique et en rixes qui pousseraient le gros des déplacés à un nouvel exode, vers l'Europe par exemple. Dans ce contexte, il faut rappeler que le ministre danois des Affaires étrangères, en visite au Liban il y a deux jours, a insisté auprès des autorités libanaises sur la nécessité de faire une distinction entre les déplacés syriens et les terroristes et de chercher à apaiser les tensions. Sur un autre plan, le fait d'admettre que les kamikazes viennent des camps de déplacés entraîne l'obligation pour les forces de sécurité libanaises de contrôler ces lieux et d'y effectuer des patrouilles permanentes, voire des rafles. Ce dont la communauté internationale ne veut pas non plus entendre parler, brandissant l'exemple des camps palestiniens du Liban, où l'armée libanaise n'a pas le droit de pénétrer, se contentant d'installer des barrages de contrôle aux issues qui commandent les accès. Bref, sans accord du Caire ni négociations, le Liban est en train de revivre la même tragédie qui avait donné naissance aux zones non contrôlées par les autorités libanaises que sont les camps palestiniens, mais cette fois à une échelle bien plus grande et dans un contexte plus complexe avec l'émergence de Daech et de ses terroristes.

 

(Lire aussi : Le rapprochement russo-turc bouleverse la donne en Syrie)

 

Les sources sécuritaires qui suivent le dossier ajoutent que le second lot de kamikazes (qui ont effectué les attentats de lundi soir) est venu venger les premiers et semer la terreur dans la bourgade. Ils se sont aussi déplacés à travers les petites ruelles et ils étaient probablement avec ceux qui les ont précédés le matin même, lorsque la mission a été décidée. Après les recoupements et les interrogatoires d'autres terroristes présumés arrêtés, il est devenu clair que ces groupes avaient décidé de transformer Qaa en un nouveau Ersal, surtout depuis que la population de cette dernière bourgade s'était rebellée contre eux à travers les élections municipales. Ils ont choisi Qaa parce qu'elle constitue un maillon relativement faible géographiquement et elle est de plus habitée par des chrétiens qui, aux yeux des planificateurs, seraient prompts à s'en aller. D'ailleurs, si l'on prend en considération le modèle suivi en Syrie, après les explosions des kamikazes et la réaction de panique provoquée chez les habitants, les combattants seraient arrivés en masse pour occuper les lieux vidés par les habitants. L'invasion serait ainsi facilitée par l'affaiblissement des lignes de défense de l'armée dans la région et par la fuite des habitants. La population partie, les groupes armés se seraient installés à Qaa puis se seraient étendus vers Ras Baalbeck. Ils ont dû aussi penser à faire la jonction avec Ersal autour de laquelle il y a près de 80 000 déplacés syriens répartis dans plusieurs camps. Ce qui leur aurait assuré un espace géographique important et viable, dans un environnement favorable, une sorte de nouvelle base à la fois pour les combattants et pour leurs proches, depuis que l'étau se resserre autour d'eux de l'autre côté de la frontière en Syrie.
Ce projet diabolique a été déjoué par la réaction des habitants de Qaa, qui ont décidé de rester sur place malgré la seconde phase des attentats et bien sûr, par l'armée libanaise qui a renforcé ses effectifs dans la région et pris de nouvelles mesures sur les collines stratégiques qui entourent les villages de Qaa, Ras Baalbeck, Fakiha et Laboué. Les habitants de Qaa ont ainsi formé, avec leur sang, la première ligne de défense du Liban face au complot de Daech. Mais ils ne doivent pas se retrouver seuls avec leur peur. C'est la responsabilité de tout le Liban de tirer la leçon des attentats de Qaa...

Cinq jours après les attentats de Qaa, la tension est quelque peu retombée, mais la confusion reste grande. Elle est alimentée par les données contradictoires fournies par les différentes sources sécuritaires et surtout par le soudain flot d'informations, pas toujours vérifiées, sur des projets d'attentat ou des arrestations diverses. Accablés, les citoyens ne savent plus où donner de...

commentaires (3)

EN FAIT LES REACTIONS VISAIENT LES ACTIONS... COMMENT ET POURQUOI LES TARES SE SONT FAIT EXPLOSER A QAA DANS LA NUIT ET DANS DES LIEUX VIDES... QUELQUE CHOSE S,EST PASSEE... OU ILS FURENT CERNES POUR LE FAIRE...

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 15, le 03 juillet 2016

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • EN FAIT LES REACTIONS VISAIENT LES ACTIONS... COMMENT ET POURQUOI LES TARES SE SONT FAIT EXPLOSER A QAA DANS LA NUIT ET DANS DES LIEUX VIDES... QUELQUE CHOSE S,EST PASSEE... OU ILS FURENT CERNES POUR LE FAIRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 15, le 03 juillet 2016

  • Qui sème le vent récolte la tempête !! c'est la faute à qui ? Qui est allé chercher des poux aux illuminés en Syrie et que l'on ne me dise pas pas que c'était pour défendre le territoire Libanais car c'est aussi idiot que l'intervention américaine dans le moyen orient

    yves kerlidou

    09 h 26, le 02 juillet 2016

  • Oui elle visait tout le liban si on prend en considération que les terroristes visaient Beyrouth et non le QAA .... Je savais depuis le début que le hezb allez affirmé que ceux là visaient le QAA !!

    Bery tus

    04 h 16, le 02 juillet 2016

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