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Moyen Orient et Monde - Entretien express

Sur le dossier de la cause palestinienne, « le rôle de Téhéran est considérablement affaibli »

Mohammed Hussein Chamseddine, écrivain et chercheur, se penche pour « L'Orient-Le Jour » sur le rôle actuel de l'Iran dans la question israélo-palestinienne.

Sur un drapeau américain brûlé hier à Téhéran, des photos du Premier ministre Benjamin Netanyahu et du président turc Recep Tayyip Erdogan. Atta Kenare/AFP

À l'occasion de la « Journée d'al-Qods » (Jérusalem en arabe), des dizaines de milliers d'Iraniens, entre autres, ont manifesté hier dans les rues de Téhéran. Comme chaque année depuis la révolution iranienne de 1979, des slogans hostiles à Israël et à son allié américain ont été scandés, des drapeaux brûlés. Nous avons interrogé à ce sujet Mohammed Hussein Chamseddine, écrivain et chercheur.

 

La Journée d'al-Qods est célébrée chaque année par l'Iran, entre autres. Pourquoi cette date est-elle si cruciale pour la République islamique, et ce depuis 1979 ?
Il faut revenir aux fondements du projet de la révolution iranienne, qui a pour but d'exporter la révolution dans la région. L'Iran a une cause centrale, qui est celle des Palestiniens. La République islamique en est même devenue le porte-étendard et affirme que l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) a abandonné la cause palestinienne. Cette cause, point d'appui du projet iranien, est musulmane, et non plus palestinienne. C'est pour cette raison qu'avant de mourir, l'ayatollah Khomeiny a décrété que chaque dernier vendredi du mois de ramadan serait la « Journée d'al-Qods », la journée pour Jérusalem.

 

Dans un contexte de gel des pourparlers de paix israélo-palestiniens, et de fortes dissensions sunnito-chiites dans la région, que peut faire l'Iran pour la cause palestinienne ?
Les développements dans la région, comme en Syrie, en Irak, au Yémen, et les interventions de l'Iran et de ses alliés dans ces pays ne permettent plus à l'Iran d'investir dans la cause palestinienne. Les États-Unis cherchaient une solution, mais ont fini par céder aux pressions israéliennes. Au lieu que la cause palestinienne soit au cœur des préoccupations régionales, ce sont les « printemps arabes », les soulèvements populaires, les interférences internationales qui sont aujourd'hui les centres d'intérêt des pays du Moyen-Orient. Le premier perdant est l'OLP, et le second, par conséquent, est l'Iran, dont le rôle est à présent considérablement affaibli en ce qui concerne la cause palestinienne.

 

(Lire aussi : Téhéran accuse Washington de renforcer "l'extrémisme et le terrorisme" dans la région)

 

Comme le veut la tradition, des drapeaux et photos de dirigeants israéliens et de leurs alliés, notamment américains, ont été brûlés par les manifestants. Cette année, la Turquie également a été l'objet d'invectives de leur part, à cause de sa réconciliation toute récente avec l'État hébreu. Les relations, commerciales surtout, irano-turques peuvent-elles être mises à mal par ces slogans hostiles ?
Il y a toujours deux niveaux à la politique iranienne. D'abord idéologique, essentiellement destiné au peuple et à renforcer le pouvoir en Iran même. Ensuite pratique, et qui touche aux relations économiques, politiques. Par exemple, les manifestants scandent le slogan « Mort à Israël », alors qu'indirectement, et pratiquement, les Iraniens servent les intérêts d'Israël en Syrie en maintenant le régime syrien en place. Le slogan « Mort à l'Amérique », lui, est aujourd'hui caduc (depuis le rapprochement entre Washington et Téhéran suite à l'accord sur le nucléaire iranien signé le 14 juillet dernier). Enfin, le slogan « Mort à la Turquie » est dû aux contradictions entre les politiques turques et iraniennes en ce qui concerne la Syrie et Israël. Contrairement à Téhéran, Ankara voudrait la chute du régime de Bachar el-Assad, mais vient de se réconcilier avec Israël, après s'être retrouvé isolé sur le plan régional. Mais il y a un intérêt certain à ce que les relations entre la Turquie et la République islamique continuent d'être bonnes, et elles le resteront.

 

 

 

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À l'occasion de la « Journée d'al-Qods » (Jérusalem en arabe), des dizaines de milliers d'Iraniens, entre autres, ont manifesté hier dans les rues de Téhéran. Comme chaque année depuis la révolution iranienne de 1979, des slogans hostiles à Israël et à son allié américain ont été scandés, des drapeaux brûlés. Nous avons interrogé à ce sujet Mohammed Hussein Chamseddine,...

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