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Liban - Témoignages

« Les Turcs ne sont pas habitués aux circonstances exceptionnelles comme les Libanais... »

Il n'y a heureusement pas eu de victimes libanaises dans le triple attentat qui a secoué l'aéroport d'Istanbul mardi soir, mais nombre de passagers, dont un groupe de journalistes, y ont échappé de peu.

« Si les explosions avaient eu lieu une demi-heure plus tôt, beaucoup de passagers libanais auraient couru un grand risque, essentiellement ceux des vols de la MEA et de la compagnie turque qui se dirigeaient vers Beyrouth ce soir-là. » Ces mots sont ceux de Fadi Nahas, homme d'affaires libanais, consul général de l'Équateur à Istanbul. Lui-même passe deux à trois fois par semaine par cet aéroport, mais la providence a voulu qu'il n'y soit pas ce jour-là.

Tel n'est pas le cas de Liliane Mokbel, journaliste, qui se trouvait déjà à bord de l'avion de la MEA, le vol 268 en direction de Beyrouth, quand l'attentat terroriste, qui a fait près d'une cinquantaine de morts, a eu lieu. « Nous étions un groupe de 22 journalistes, invités à Istanbul pour visiter un site de construction de bateaux générateurs d'électricité, dit-elle. Nous étions arrivés à l'aéroport deux heures plus tôt et nous avons embarqué dans l'avion avant 20h30. »

C'est à ce moment que les passagers sentent que quelque chose ne tourne pas rond. « Avec le recul, je me souviens que le personnel navigant avait l'air particulièrement nerveux, se souvient Liliane Mokbel. Nous avons passé 35 minutes dans l'avion sur le tarmac. Le pilote a déplacé l'appareil vers la piste de décollage, mais sans décoller tout de suite. En regardant par la fenêtre, j'ai constaté qu'il n'y avait pas de d'avions devant nous, donc pas de raison apparente du retard. »

 

(Lire aussi : L'inquiétude grandissante du peuple turc)


Durant le vol, les passagers ne sont au courant de rien. C'est peu avant l'atterrissage qu'ils ont vent du drame qui venait de se dérouler. « Au début, nous n'étions pas très sûrs si l'explosion avait eu lieu à Istanbul ou à Beyrouth, dit-elle. J'ai personnellement paniqué face au risque encouru. » Une fois arrivés à Beyrouth, renseignés sur l'attentat auquel ils ont échappé, les 22 journalistes ont le réflexe de prendre une photo de groupe et de la poster sur les réseaux sociaux, afin de rassurer leurs proches, leurs amis et en premier lieu leurs médias respectifs.

À l'aéroport d'Istanbul, cependant, Liliane Mokbel avait déjà remarqué des mesures de sécurité supplémentaires, à l'arrivée comme au départ. « J'ai noté que nous devions passer, à chaque fois, par deux points de contrôle au lieu d'un, ce qui n'était pas le cas il y a six mois, souligne-t-elle. Mais ce qui m'a le plus frappée a posteriori, c'était l'attitude de nos hôtes en Turquie : tout au long de nos deux jours passés dans la ville, ils ont catégoriquement refusé de nous emmener visiter des sites historiques ou le bazar d'Istanbul par exemple. Malgré notre insistance. »

 

(Pour mémoire : En Turquie, les attentats nourrissent les craintes pour l'économie)

 

« Un fléau avec lequel il faut vivre »
Les mesures de sécurité à l'aéroport d'Istanbul, Fadi Nahas en fait l'expérience régulièrement. « Pour moi, il s'agit de l'un des aéroports les plus sûrs du monde, dit-il. Mais les mesures de sécurité ne peuvent rien contre des gens suicidaires, qui n'ont rien à perdre. Ces gars-là sont sortis d'un véhicule, ils ont commencé à tirer sur la foule, avec pour seul objectif de tuer le plus grand nombre et de faire un maximum de mètres à pied avant d'être abattus et de se faire exploser. Personne n'a jamais trouvé un remède à cela, ni à Istanbul, ni à Bruxelles, ni ailleurs. »

L'homme d'affaires insiste sur le fait que les mesures de sécurité sont très strictes dans toute la ville, et pas seulement à l'aéroport, rappelant qu'il ne s'agit pas là du premier attentat. « L'activité économique et le tourisme ont considérablement ralenti, raconte-t-il. Le peuple turc n'est pas habitué aux circonstances exceptionnelles comme le peuple libanais, il est choqué par ce qui arrive. Mais à la longue, il faut savoir que c'est une lutte qui va durer. Peut-être que l'un des principaux cours qui devraient être enseignés aux élèves, à l'avenir, sera axé sur les moyens de faire face au terrorisme. »

Quelles répercussions cette attaque contre un aéroport qu'il fréquente aussi souvent auront-elles sur lui ? « C'est un fléau avec lequel il faut vivre, dit-il. Je l'ai déjà échappé belle lors de l'attentat de l'avenue Istiklal (précédemment). À deux minutes près, j'aurais été sur place lors de la déflagration. »
L'attentat a profondément affecté Liliane Mokbel. « J'ai eu très peur après coup, dit-elle. Je ne crois pas que je remettrai les pieds de sitôt dans ce pays. »

 

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commentaires (2)

YIA M3ATRIN YIA LIBNENIYE...

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 36, le 30 juin 2016

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Commentaires (2)

  • YIA M3ATRIN YIA LIBNENIYE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 36, le 30 juin 2016

  • erdogan joue avec le feu en syrie. il aurait mieux fait de creer une zone d'exclusion aerienne en syrie et de laisser les syriens vivre dans cette zone plutot que de les prendre en syrie dans le seul but d'en jeter un maximum en europe pour ensuite faire du chantage. l'europe est en train de se refermer et les turcs vont se retrouver avec ses syriens sur le bras

    George Khoury

    09 h 36, le 30 juin 2016

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