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Moyen Orient et Monde - Brexit

L’UE énonce ses lignes rouges face à Londres

Les 27 ont à nouveau affirmé hier qu'ils n'engageront « aucune sorte de négociation » tant que le Royaume-Uni n'aura pas activé la clause de sortie de l'UE.

Le président français, François Hollande, le Premier ministre belge, Charles Michel, et le Premier ministre du Luxembourg, Xavier Bette, discutent, aux côtés de la chancelière allemande Angela Merkel pour gérer l’après-Brexit. John Thys/AFP

Les dirigeants de l'Union européenne ont édicté hier à Bruxelles leurs lignes rouges pour le divorce à venir avec Londres.
Cinq jours après le référendum qui a vu 52 % des Britanniques opter pour le Brexit, les Européens ont averti que le Royaume-Uni ne pourrait pas conserver sans contrepartie les avantages du marché unique. « Il n'y aura pas de marché unique à la carte », a résumé le président du Conseil européen, Donald Tusk, rejetant toute velléité de Londres de restreindre la libre circulation des personnes. Pour conserver le droit de commercer sans entraves avec ses voisins, essentiel à l'économie britannique, Londres devra « accepter les quatre libertés » fondamentales du marché unique, « y compris la liberté de mouvement », a-t-il expliqué. Les Européens ne toléreront « aucune exception » à cette règle, a martelé le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Selon le président français François Hollande, Londres devra aussi « contribuer financièrement » en échange d'un accès au marché européen.
Le Premier ministre conservateur britannique David Cameron a laissé à son successeur, qui doit être choisi le 9 septembre, la responsabilité d'engager la procédure formelle de sortie du Royaume-Uni de l'UE. Deux années sont prévues pour la négociation. Mardi soir, David Cameron avait estimé qu'une « réforme de la libre circulation des personnes » au sein de l'UE constituait « la clé pour rester proche » de l'Union. Tentant d'expliquer son cuisant échec au référendum du 23 juin, il avait souligné le rôle joué dans la campagne par le thème de l'immigration, notamment d'Europe de l'Est, brandi comme un chiffon rouge par les partisans du Brexit.

Tourmente politique à Londres
Les 27 ont à nouveau affirmé hier qu'ils n'engageront « aucune sorte de négociation » tant que Londres n'aura pas activé la clause de sortie de l'UE, l'article 50 du traité de Lisbonne, et appelé à ce que cela soit fait « aussi vite que possible ».
Préoccupés du risque d'une contagion du Brexit à d'autres pays, les Européens entendent limiter la marge de manœuvre du prochain Premier ministre britannique dans les pourparlers.
La campagne pour désigner le remplaçant de M. Cameron au 10, Downing Street s'est engagée hier au sein du Parti conservateur. Les candidatures sont ouvertes jusqu'à cet après-midi. La bataille a toutes les chances d'opposer l'ex-maire de Londres Boris Johnson, chef de file des partisans du Brexit, à l'actuelle ministre de l'Intérieur Theresa May, eurosceptique mais qui avait défendu le maintien du pays dans l'UE.
Le Brexit a plongé le Royaume-Uni dans une tourmente politique sans précédent, ravivant notamment l'hypothèse d'une sécession de l'Écosse, majoritairement pro-européenne. La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon s'est elle-même rendue à Bruxelles hier pour évaluer les chances de la province de s'arrimer à l'UE en tant qu'entité indépendante. Mme Sturgeon a rencontré dans la matinée le président du Parlement européen Martin Schulz, avant un entretien en fin d'après-midi avec Jean-Claude Juncker.
L'Espagne et la France ont cependant douché les espoirs de la dirigeante indépendantiste. Confronté de son côté à la menace indépendantiste de la Catalogne, le chef du gouvernement de Madrid, Mariano Rajoy, a exclu que l'Écosse puisse être associée à la moindre négociation post-Brexit avec l'UE. Même écho chez le président français François Hollande : la négociation ne se fera pas avec « une partie du Royaume-Uni », a-t-il souligné. « C'est en fonction de ce que sera la négociation qu'il sera possible d'envisager des situations, des solutions qui pourraient concerner l'Écosse », a-t-il toutefois nuancé.

« Éviter la dislocation »
Les dirigeants des 27 ont aussi fort à faire pour « éviter la dislocation », a constaté François Hollande.
L'Union, où l'extrême droite et les mouvements populistes ont le vent en poupe, est déjà fragilisée par une succession de crises, notamment migratoire, qui continue de les diviser comme jamais. Depuis un an, la fracture est particulièrement profonde avec la plupart des pays de l'Est qui refusent de mettre en œuvre les solutions collectives d'accueil de réfugiés décidées à Bruxelles. Des pistes de « réflexion » sur l'avenir de l'Union ont été lancées dès hier matin, et les Européens vont se retrouver le 16 septembre à Bratislava pour tenter de trouver des terrains d'entente plus concrets.
« La situation est très grave, mais nous croyons que les 27 peuvent gérer », a souligné la chancelière allemande Angela Merkel. « Nous sommes décidés et déterminés à rester unis pour répondre aux défis », a-t-elle martelé. « Rien ne serait plus grave que le statu quo (exploité par les) populistes. Rien ne doit empêcher l'Europe d'avancer et surtout pas la décision que les Britanniques ont prise », a pour sa part estimé M. Hollande. Le secrétaire d'État américain John Kerry a ajouté à la confusion post-Brexit en affirmant « qu'il y a un certain nombre de moyens » pour renverser la décision britannique de sortir de l'UE. « Je ne veux pas, en tant que secrétaire d'État, les exposer aujourd'hui. Je pense que ce serait une erreur. Mais il y a des moyens », a expliqué M. Kerry, qui s'était entretenu lundi avec M. Cameron.
(Source : AFP)

Les dirigeants de l'Union européenne ont édicté hier à Bruxelles leurs lignes rouges pour le divorce à venir avec Londres.Cinq jours après le référendum qui a vu 52 % des Britanniques opter pour le Brexit, les Européens ont averti que le Royaume-Uni ne pourrait pas conserver sans contrepartie les avantages du marché unique. « Il n'y aura pas de marché unique à la carte », a...

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