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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Comment le Brexit est vu outre-Atlantique...

La « relation spéciale » entre les États-Unis et le Royaume-Uni devient problématique.

Vers une équivalence dollar-livre en fin d’année ?

Il y a deux jours, Barack Obama affirmait : « L'hystérie Brexit a enflé. Nous avons tous besoin de baisser la température. » Il faut comprendre par là que les États-Unis ne se sentent probablement pas touchés de front par cette secousse européenne. Certes, l'Otan est toujours là, et, à part le Royaume-Uni, les autres pays ne pensent même pas à l'« exit ». Mais « il y a quelques mois, M. Obama avait conseillé aux Britanniques de ne pas quitter l'Union européenne pour ne pas se retrouver à la fin de la "waiting queue" (la liste d'attente) », rappelle l'analyste d'un think tank qui suit les rapports américano-britanniques. « D'autant que ce Brexit s'est trouvé être un produit imparfait et la presse anglaise avait prévenu ses citoyens que les États-Unis n'allaient pas leur sauter au cou après une telle réalisation », a-t-il noté.

L'administration Obama a ceci de bien qu'elle incarne parfaitement la force des institutions américaines dans ce genre de situation : elle saura se montrer patiente à l'égard de Londres dans la longue transition qu'il doit effectuer pour reconstruire son rôle régional et mondial. Mais, vue de Washington, la situation au Royaume-Uni apparaît instable et incertaine. Avec, pour première conséquence, l'arrêt de tout investissement américain. Néanmoins, fort d'un dollar solide, après que la livre sterling eut perdu la moitié de sa valeur (on prévoit qu'elle serait équivalente au dollar à la fin de l'année), le porte-monnaie de l'Américain moyen pourrait lui permettre d'investir, notamment dans l'immobilier anglais, dont les prix ont chuté. Un autre gain : les vacances en Angleterre. Impossibles, il y a quelques mois, elles sont devenues à présent abordables. Par exemple, un aller-retour Chicago-Londres se paye aujourd'hui 580 dollars.

Pour les banquiers américains opérant à Londres, c'est le temps de l'incertitude, et, comme l'incertitude coûte de l'argent, ils ont commencé à transférer leur personnel à Dublin, Francfort et Paris. Et si l'Écosse organise un second référendum pour quitter le Royaume-Uni, ces banques sont prêtes à se déplacer à Édimbourg, le deuxième centre financier après Londres.

 

(Repère : La succession de David Cameron: qui, quand, comment?)

 

Obama ne veut pas se mouiller
Néanmoins, l'administration Obama reste quelque peu inquiète, car elle ne voit pas le Brexit comme un incident isolé, et admet qu'il existe en Europe une colère qui varie de pays en pays, certes, mais qui se manifeste à chaque fois dans les excès des extrêmes droites européennes. Ces dernières, d'ailleurs, n'hésitent pas à applaudir la décision britannique, heureuses de la voir porter un « coup certain » au projet européen. L'administration Obama a donc décidé de séparer, en deux, la « relation spéciale » qui la lie à la Grande-Bretagne : d'un côté, le volet « amical », de l'autre, le volet « relationnel ». Du coup, l'historique « relation spéciale » avec le grand allié n'est plus pensée comme un tout.

(Lire aussi : Dernier dîner européen pour Cameron, "ému" mais vaincu)

 

Pour le moment, les États-Unis, au seuil d'une élection présidentielle qui peut être elle-même fort troublante, le 8 novembre prochain, n'ont plus ni le temps ni la force de jouer un rôle de médiateur, d'autant que le secrétaire d'État John Kerry a prêché le calme des deux côtés, comme dans les conflits des pays du tiers-monde. De plus, Barack Obama ne veut pas se mouiller dans ces sables mouvants du vide politique anglais qui s'élargit, alors que s'effondrent les leaders des grands partis. Durant des siècles, ces deux pays anglophones ont joui de ce que Winston Churchill appelait la « special relationship », que le Brexit a presque effacée. En votant pour quitter l'Europe, le Royaume-Uni a blessé les Européens, une autre cause pour ébranler ses rapports avec les USA. Ce qui a poussé le président américain à dire : « Pour le moment, il n'y aura pas d'accord commercial » avec Londres.

Actuellement, il n'existe pas d'accords individuels entre les deux pays. Et maintenant que Londres quitte l'Europe, toutes les relations économiques vont être renégociées à la base. Il est prévu cependant que cela ne se produise pas de sitôt.
Pour Washington, le manque de clarté est très frustrant et l'éventualité de l'indépendance de l'Écosse le pousse à refuser de jouer un rôle dans ce genre de climat empoisonné.

 

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