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Liban - Crise syrienne

En 2016, quelque 1 500 réfugiés seront installés en France

Les personnes qui bénéficieront de ce programme humanitaire sont sélectionnées par le HCR selon des critères de vulnérabilité.

Amina lors de l’entretien avec la responsable de l’OFPRA.

« Bonjour, je suis de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). Vous êtes ici dans le cadre du programme humanitaire de réinstallation des réfugiés en France. Tout ce que vous dites est confidentiel. Rien ne sera divulgué aux autorités syriennes ou libanaises... Même l'interprète est soumis au secret professionnel. Vous pouvez donc parler sans crainte... Dans un premier temps, on va faire un point sur votre état civil. Ensuite, vous m'expliquerez pourquoi vous avez quitté la Syrie et dans quelles circonstances... »

Dans un des bureaux de l'OFPRA, temporairement aménagé à l'Institut français du Liban (IFL), rue de Damas, Amina répond d'une petite voix tendue aux questions que lui pose la responsable française. Cette jeune femme de 25 ans figure au nombre des réfugiés syriens identifiés par le Haut-Commissariat aux réfugiés de l'Onu (HCR) pour profiter du programme humanitaire visant la réinstallation de 3 000 réfugiés syriens supplémentaires en France sur la période 2016-2017. Dans le hall de l'IFL, plusieurs familles attendent patiemment d'être interviewées par la mission de l'OFPRA. Des enfants jouent sur la pelouse. D'autres suivent dans l'une des salles de l'IFL des épisodes de Tom and Jerry. Cette mission, la quatrième menée au Liban au cours des trente derniers mois, « fait suite à la visite effectuée en avril dernier par le chef de l'État, François Hollande, qui s'était engagé, à titre symbolique, d'accueillir davantage de réfugiés syriens en provenance du Liban », explique l'ambassadeur de France, Emmanuel Bonne. « Bien sûr, c'est un chiffre minimal pour les Libanais qui accueillent sur leur territoire plus d'un million de réfugiés syriens, poursuit-il, mais il s'agit d'un geste de solidarité. » Dans le cadre des trois missions précédentes, quelque 750 réfugiés ont été réinstallés en France.

« Notre soutien au Liban ne se limite pas à cela. Nous voulons rester aux côtés de ce pays pour faire face aux conséquences de la crise syrienne et assurer sa sécurité », affirme-t-il encore. Condamnant les attentats survenus lundi à Qaa, M. Bonne insiste : « Nous sommes aux côtés du Liban pour maintenir sa sécurité. Nous coopérons avec l'armée libanaise et avec l'ensemble des services de sécurité. Cette coopération est plus nécessaire que jamais aujourd'hui. Nous devons tous prendre nos responsabilités pour que la menace jihadiste soit contenue au Liban, comme partout ailleurs, notamment en France. »

À la question de savoir si les réfugiés syriens menacent la sécurité de l'Hexagone, M. Bonne souligne qu'« il n'est pas établi politiquement que les réfugiés sont des terroristes ». Et de reprendre : « Nous traitons les réfugiés pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire des personnes vulnérables, et nous prenons toutes les mesures de sécurité qu'il faut pour nous préserver du terrorisme. Mais dans le contexte d'une crise aussi grave que la crise syrienne, il faut être extrêmement vigilant. »

 

(Lire aussi : Réfugiés syriens : le risque de l'effet boomerang)

 

Santé et éducation
Deux autres missions sont encore prévues cette année à Beyrouth. « Au total, 1 500 personnes seront réinstallées cette année en France », souligne Mourad Derbak, chef de la division Europe à l'OFPRA, bureau chargé de la détermination du statut de réfugiés et de la protection des déplacés. Il explique que les personnes qui bénéficieront de ce programme humanitaire « sont sélectionnés par le HCR selon des critères de vulnérabilité, comme le fait de souffrir de problèmes médicaux et de ne pas pouvoir se les procurer au Liban ». Ils peuvent aussi être « des survivants de la torture, des femmes seules avec des enfants... », ajoute M. Derbak. Et d'insister : « Le seul critère de sélection reste la vulnérabilité de la personne. »

Les dossiers des personnes identifiées par le HCR sont par la suite présentés à la France, « qui envoie sur place des équipes de l'OFPRA qui vont rencontrer les réfugiés et mener avec eux les entretiens nécessaires », en prévision de leur réinstallation dans l'Hexagone. « Nous pouvons refuser certains dossiers, mais dans des cas très rares », fait remarquer M. Derbak, notant que les réfugiés sont répartis sur l'ensemble du territoire, « mais peu d'entre eux seront réinstallés dans les grandes villes comme Paris et Lyon ».

 

(Pour mémoire : Le ministère des Affaires sociales effectue un recensement des réfugiés syriens)

 

Avoir accès aux soins de santé et assurer l'éducation des enfants restent les principales préoccupations des réfugiés réinstallés en France. Une fois dans l'Hexagone, ces derniers seront pris en charge par les services sociaux. « Un préfet, nommé par le gouvernement, sera chargé de leur trouver des logements et d'assurer la coordination, note M. Derbak. Les personnes qui arrivent par groupe de cinq à six familles vont être accompagnées par un travailleur social pendant une année au moins. Elles bénéficieront également de droits sociaux qu'elles peuvent prétendre (cours de langues, scolarisation des enfants...), ainsi que de droits médicaux, etc. Toute l'aide est déployée pour leur permettre de trouver un travail aussi. »

Une fois en France, ces personnes vont avoir « le statut de réfugiés et de la protection subsidiaire ». « Elles peuvent y rester le temps qu'elles souhaitent, précise M. Derbak. Nous avons des réfugiés qui sont en France depuis des dizaines d'années. Ces personnes peuvent aussi renoncer à leur statut de réfugiés quand elles le désirent. Nous leur rendons alors les documents que nous avons gardés dans leur dossier et elles reprennent leur vie, soit en France en tant que résidents, soit dans leur pays... »

 

Pour mémoire

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