L'ex-ministre argentin qui cachait de l'argent au monastère inculpé

L'ex-ministre qui avait fait scandale mi-juin en Argentine, arrêté alors qu'il cachait neuf millions de dollars dans un monastère, a été inculpé mercredi pour enrichissement illicite, a-t-on appris de sources judiciaires.

Membre du gouvernement de Nestor puis Cristina Kirchner de 2003 à 2015 en tant que secrétaire aux Travaux publics, José Lopez, 55 ans, s'était fait prendre le 14 juin en train de balancer 160 sacs contenant dollars, euros et des montres, par-dessus le portail d'un monastère à 50 km de Buenos Aires.

"L'argent mal acquis de Lopez est lié à sa fonction publique", a estimé le procureur fédéral Federico Delgado dans son acte d'accusation, à propos de cet homme qui a géré pendant 12 ans les contrats de l'Etat argentin avec les entreprises de BTP, pour la construction notamment de routes, de centrales électriques et de logements.
José Lopez est actuellement détenu dans le pavillon psychiatrique d'une prison de la banlieue de Buenos Aires. Sous traitement médical, il a eu des crises de délire et des gestes agressifs quand il a été présenté au juge et n'a donc pas pu être entendu.

Le scandale a provoqué un séisme dans l'opposition de gauche, principalement dans les rangs du kirchnerisme (centre gauche). L'ancienne présidente Cristina Kirchner (2007-2015) s'est défendue via les réseaux sociaux, assurant n'avoir rien à voir avec l'argent du monastère et appelant à interroger "le secteur privé" qui aurait pu verser des pots-de-vin pour remporter des appels d'offres.
Elle est inculpée dans une autre affaire, pour préjudice à l'Etat après une opération de spéculation sur les taux de change menée par la Banque centrale sous son mandat, et a aussi été citée dans un dossier de détournements de fonds vers la Suisse en passant par des paradis fiscaux.
Le président de centre droit Mauricio Macri, au pouvoir depuis décembre, a lui estimé que la corruption en Argentine "avait atteint des niveaux inédits" lors de la dernière décennie.