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Liban - Développement

Dans le Akkar, l’eau potable, facteur de convivialité avec les réfugiés

Plusieurs localités de la région peuvent désormais avoir accès à cette denrée rare grâce à un projet financé par l'Union européenne.

Christina Lassen sur l’emplacement du puits réhabilité à Qenia.

Huit heures pile : le convoi de l'ambassadrice de l'Union européenne, Christina Lassen, s'élance de Beyrouth vers le Akkar. Au programme, une visite de trois des dix-sept projets mis en place par l'UE pour fournir l'eau potable aux villages de la région. Le premier arrêt est à Mhammara, une des communes de la région les plus durement touchées par la crise syrienne. La bourgade, qui compte 9 000 habitants à l'origine, accueille 10 000 réfugiés syriens et 1 000 Palestiniens en résidents permanents. Un afflux massif de réfugiés qui a mis à mal une infrastructure déjà ébranlée.

Grâce à un fonds de 72 millions d'euros débloqué par l'UE pour le développement des projets liés à l'eau potable, un nouveau puits a pu être construit pour fournir de l'eau à la ville, en plus d'un autre puits creusé en 2012 par la municipalité mais insuffisant pour la population présente sur place.
Un des problèmes récurrents dans la région est celui de la méfiance de la population à l'égard des services publics et son refus de payer pour les obtenir. « Les gens ne paient pas l'eau fournie par l'État parce qu'ils ne lui font pas confiance. Ils achètent de l'eau potable auprès de sociétés privées. Ce projet devrait leur redonner confiance et les pousser à payer l'eau fournie par la municipalité, ce qui à la longue leur reviendra moins cher », explique Abdel Menhem Osman, président de la municipalité de Mhammara. Ce projet permettra à 5 000 personnes dans la région (2 600 libanais et 2 400 réfugiés) d'avoir accès à l'eau potable. « Nous espérons que les gens, une fois qu'ils auront accès à de meilleurs services, seront prêts à s'abonner pour les obtenir, sinon les projets seront difficilement viables sur le long terme », indique pour sa part Christina Lassen. « Les infrastructures construites continueront à être utilisées par la population et à aider le Liban dans les années à venir. De plus, donner un meilleur accès à l'eau permet de réduire les tensions avec les réfugiés », souligne-t-elle.

Le village de Qenia, que l'on atteint après une heure trente de route à partir de Mhammara, a longtemps souffert du manque d'eau potable en raison de l'absence de sources. Les habitants ont été obligés pendant des années de faire venir de l'eau de villages situés à 4 ou 5 km. Un ancien puits creusé dans le village a été réhabilité par l'UE et des améliorations ont été mises en place. Le projet devra être fonctionnel dans un mois, en attendant l'arrivée d'un stabilisateur électrique puisque la région souffre de coupures d'électricité pouvant aller jusqu'à trois jours consécutifs. Le projet bénéficiera aux 2 350 résidents du village ainsi qu'aux 350 réfugiés syriens qui s'y trouvent.

 

(Lire aussi : Lassen : Nous voulons aider nos voisins, le Liban en particulier, en ces temps de crise)

 

1 milliard d'euros par an
Le convoi continue ensuite vers Kaftoun et Akroum où un nouveau puits a été creusé entre les deux villages. Ces derniers ne sont pas continuellement alimentés en eau ni en électricité, et l'infrastructure y est une des plus pauvres de la région. Grâce à ce projet, l'ensemble des 11 000 résidents libanais et des 4 000 réfugiés syriens pourront s'approvisionner en eau. « Ce puits a réglé 95 % des problèmes d'eau potable à Kaftoun et Akroum », indique Ali Esber, président de la municipalité de Akroum.

Les présidents des municipalités ayant bénéficié du fonds européen ainsi que les moukhtars et des habitants de la région accueillent ensuite Mme Lassen à Akroum pour détailler leurs besoins en matière de développement.
L'ambassadrice de l'UE évoque une « très bonne coopération avec la population locale qui est très enthousiaste et désireuse de mettre en œuvre ces projets après avoir senti qu'elle a été un peu laissée à l'écart ». « Il y a un manque de services publics au Liban, que ce soit pour la gestion des déchets, le traitement des eaux usées ou l'accès à l'eau potable. Cette situation a été aggravée par la crise syrienne et nous essayons d'y remédier », dit-elle. « Avant la crise syrienne, on finançait des projets à hauteur de 35 à 40 millions de dollars par an. Depuis la crise, on est passé à 1 milliard d'euros par an. Ces projets bénéficient à la fois à la population locale et aux réfugiés. Nous faisons partie de ceux qui ont versé les donations promises après la conférence de Londres en février dernier », explique-t-elle.

Sauf qu'il ne suffit pas de monter des projets ou de bâtir des usines si certains problèmes locaux, politiques et administratifs empêchent de faire fonctionner des projets déjà mis en place, comme les usines de traitement des eaux usées à Tripoli, au Kesrouan et dans le Grand Beyrouth. « Nous ne pouvons qu'encourager les leaders à régler ces problèmes afin de pouvoir bénéficier des projets. Ces blocages peuvent être résolus par le dialogue. Le fait que les municipalités soient pleines d'énergie est bon signe », conclut Mme Lassen.

 

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