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Culture - Scènes

« Yalla Bye », ou Beyrouth sous quatre yeux...

En résidence au Liban, les comédiens Cléa Petrolesi et Raymond Hosny, accompagnés du réalisateur Stéphane Olivié Bisson, ont concocté un spectacle au Monnot qui sera présenté en première à Beyrouth, avant Avignon.

Cléa Petrolesi, Raymond Hosny et Stéphane Olivié Bisson au cours des répétitions au Monnot.

Qu'est qu'une ville? A-t-elle une seule saveur, une seule image, un seul son? Un seul souvenir? Peut-on la définir et la cloisonner dans un carcan? Les regards qu'on porte sur elle peuvent-ils la libérer de ses clichés, préjugés ou a priori? C'est ce que Yalla Bye, «ni drame ni comédie, mais véritable fantaisie», comme le dit le réalisateur Stéphane Olivié Bisson, offrira à voir durant trois représentations à partir du 1er juillet, au Monnot. Deux regards différents sur la ville de Beyrouth, démultipliés par les spectateurs, et par la suite par le public français à Avignon le 18 juillet, où la pièce sera relue avec photos à l'appui. Mais comment les comédiens Cléa Petrolesi et Raymond Hosny et le réalisateur appréhendent-ils cette performance ?

Vu par Cléa Petrolesi
«Ce projet est né d'une rencontre entre Raymond Hosny et moi. Nous jouions ensemble dans une pièce. Je décidais par la suite d'aller à Beyrouth. Par pure curiosité, je pense. À mon retour, je proposais à Raymond décrire un spectacle ensemble. J'avais ma vision personnelle du pays, alors que lui est un acteur libanais installé en France depuis neuf ans. Je confronte donc mes images un peu carte postale aux siennes qui sont plus douloureuses, plus écorchées vives» .
«Le Liban a certainement changé, mais dans Yalla Bye, il s'agit plutôt d'une différence de regards. Ainsi, quand Raymond me racontait son expérience, cela m'a fait grandir et mûrir. Je me disais que le lieu où je prenais un cocktail ou me baladais allègrement a pu être auparavant la scène d'un crime. Le texte, lauréat de la bourse d'aide à l'écriture de l'association Beaumarchais-SACD, a pu alors prendre forme et je décidais de le proposer à la productrice Josyane Boulos qui n'a pas hésité à produire la pièce.»

Vu par Raymond Hosny
«J'ai quitté le Liban en 2006 et je me suis installé en France. Lorsque j'ai rencontré Cléa, ce qui m'a le plus frappé, c'est cette écoute de l'autre. Elle n'est pas là pour juger, mais pour se fondre dans un monde qui n'est pas le sien. Au Liban, elle était fascinée par tout. Ce que j'ai fait, c'est confronter ses souvenirs avec les miens. Ce n'est pas un regard en noir et blanc parce que le contraste n'y est pas si fort, mais plutôt en gris et blanc ou rose, comme elle le dit. Ce spectacle est parti d'une sensation, d'une impression. Dans ces allers-retours de tranches de vie, nous avons voulu nous retrouver. Personne, à part nous, n'allait raconter notre histoire. Nous avons décidé de le faire nous-mêmes.»

Vu par Stéphane Olivié Bisson
«J'étais venu au Liban en 1997 et 1998 pour une création au théâtre de Beyrouth. Et je suis revenu en 2013, mais je n'y ai jamais vécu longtemps. Visuellement, les choses ont certainement changé, mais humainement, je ne peux pas juger. Notre rencontre à tous les trois, je la dois avant tout à Raymond qui était venu voir une de mes représentations françaises de ma mise en scène des Quatre heures à Chatila, de Jean Genet, interprétée par Carole Abboud, une de ses proches amies. L'enthousiasme qu'avaient Cléa et Raymond à parler du Liban m'a tout de suite convaincu à accepter le projet. Je ne me suis pas fait prier. J'ai donc accompagné l'écriture. Je ne suis absolument pas auteur dans ce projet, mais relanceur. Certes, la mise en scène est complexe car il s'agit de 27 séquences entrecoupées. Il fallait donc trouver des transitions qui redonnent des impulsions ou de rester sur l'impulsion de la scène précédente. Une continuité dans le récit sans que cela ne soit juste une juxtaposition d'images et sans que cela ne paraisse grossier ou racoleur. Cléa est une Candide au pays de la guerre. Elle vient avec toutes ses naïvetés et ses crédulités, ses projections et ses idées reçues. Raymond, lui, c'est l'inverse. Il est très alourdi par la valise de son passé qu'il traîne. La manifestation du 11 janvier à Paris a changé la donne. Raymond, qui était à Beyrouth, insiste pour y être. Il voit un Paris qui ne ressemble plus à cette ville dans lequel il évoluait. Et il croit en un nouvel horizon. Il se débarrasse donc de ce qui l'alourdit et il se libère. Il n'a plus peur. Yalla Bye, c'est donc deux trajectoires qui se croisent. »

Qu'est qu'une ville? A-t-elle une seule saveur, une seule image, un seul son? Un seul souvenir? Peut-on la définir et la cloisonner dans un carcan? Les regards qu'on porte sur elle peuvent-ils la libérer de ses clichés, préjugés ou a priori? C'est ce que Yalla Bye, «ni drame ni comédie, mais véritable fantaisie», comme le dit le réalisateur Stéphane Olivié Bisson, offrira à voir...

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