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Moyen Orient et Monde - Entretien express

Vers un second référendum ? « Ce n’est pas ainsi que la démocratie marche »

Image de la pétition pour un second référendum. Justin Tallis/AFP

Une pétition demandant de revenir sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE) a été lancée sur le site du Parlement britannique. La pétition a déjà recueilli plus de 3,5 millions de signatures à l'heure de mettre sous presse. Entre-temps, sur les réseaux sociaux, plusieurs personnes ayant voté en faveur d'une Brexit ont déclaré leur regret et le hashtag #regrexit a fait son apparition. Thomas Dominic, directeur du département d'études françaises et francophones de l'université de Californie à Los Angeles (UCLA), et Peter Catterall, professeur d'histoire et de science politique à l'Université de Westminster, répondent aux questions de « L'Orient-Le Jour ».

Est-ce que vous pensez que les réactions postréférendum pourraient diviser encore plus la population ?
Peter Catterall : Je pense que les divisions existent déjà, parmi la population, et que le référendum a contribué très efficacement à leur cristallisation. Nous aurons besoin de quelqu'un qui sera suffisamment diplomate pour qu'il puisse gérer la situation. Mais je regarde autour de moi et, en ce moment, ne vois aucun qui, comme dirait Winston Churchill, puisse se mettre à la hauteur des événements.
Thomas Dominic : Oui, mais les divisions sont déjà là. C'est-à-dire que c'est un moment difficile pour le Royaume-Uni et l'Europe en général, et la situation ressemble beaucoup à celle des élections aux États-Unis... À mon avis, l'objectif de ce référendum ce n'était pas vraiment de déterminer si le Royaume-Uni devrait rester dans l'UE ou non. C'était plutôt un référendum sur le statut de la société et du gouvernement britanniques aujourd'hui, de la même façon que le vote des électeurs aux États-Unis ne concerne pas tant Donald Trump et Hillary Clinton, mais plutôt les sentiments qu'ils éprouvent face à la société américaine. On peut remarquer dans les deux cas des divisions similaires entre les jeunes et les vieux, les éduqués et les non-éduqués, les riches et les pauvres. Je pense que le lendemain du référendum, beaucoup de personnes se sont réveillées en se demandant ce qui se passe exactement. Parce que leurs votes ont été motivés par la peur et beaucoup de mensonges émis par le camp du Brexit. Les gens se sentent donc manipulés par toute cette procédure.

(Lire aussi : Le Royaume-Uni en pleine tourmente)

 

Une telle pétition peut-elle vraiment conduire à un second référendum ?
P. C. : Seulement si les signataires de la pétition dépassent les 18 millions, parce qu'ils doivent dépasser le nombre des électeurs pro-Brexit (qui étaient de 17 millions). On doit également tenir compte du fait que le référendum n'est pas juridiquement contraignant. Politiquement, le Parlement est engagé à quitter l'UE. Toutefois, si 18 millions de personnes affirment avoir regretté leur vote, alors peut-être que les choses changeront. Parce qu'il n'existe aucun antécédent qui pourrait indiquer la façon d'agir, aucun gouvernement britannique n'a jamais perdu de référendum. Une autre élection générale pourrait par contre avoir lieu au cours de l'année. Lorsque arrivera le moment de voter pour un nouveau chef du parti conservateur, il est très probable que les négociations soient retardées avant que le gouvernement soit mis en place. Et une source bien placée me dit qu'un nouveau Premier ministre ne sera pas en place avant le 24 septembre.
T. D. : Tout est possible. Mais je pense que ce serait très problématique d'avoir organisé un référendum et puis de vouloir tout recommencer. Ce n'est pas comme ainsi que la démocratie marche. La situation est très problématique, et les gens qui ont voté pour un Brexit ont dans de nombreux cas été manipulés et ont répondu à leur peur et à leur colère... Je pense que la réponse en ligne de gens qui signent cette pétition prouve que tout n'est pas très clair.


(Lire aussi : Un Londres indépendant? L'idée fait rêver après le Brexit)

 

 

N'importe qui peut détourner la procédure et prétendre être un citoyen du Royaume-Uni pour signer la pétition. Cette dernière est-elle alors valide ?
P. C. : Ils vérifieront les signatures et les codes postaux dans le registre électoral et élimineront quiconque n'y est pas. Bien entendu, il s'agit d'une protestation largement symbolique, mais pour ceux qui la signent, il s'agit d'un message clair d'inquiétude, à la fois en Grande-Bretagne et à l'étranger. C'est aussi le moyen de montrer l'anxiété générée par un résultat obtenu par la manipulation de peur de l'immigration et de l'islamophobie. En d'autres termes, les gens ont voté contre certaines choses, souvent peu en rapport avec l'UE. Mais il n'y avait pas d'idée cohérente concernant ce pourquoi ils votaient.
T. D. : Non elle ne l'est pas. Elle ne reflète pas vraiment l'opinion publique. Ce qui la reflète, en revanche, c'est l'incroyable augmentation au Royaume-Uni de recherches sur Google sur la signification de l'UE. En réalité, l'UE a fait un très bon travail à promouvoir la paix et la prospérité. Par contre, elle a très mal expliqué à ses citoyens ce qu'elle fait pour eux et comment elle aide les différents pays dans les domaines de l'éducation, de la défense et de la sécurité entre autres. En fin de compte, ce vote était une manière de tâter le pouls de la société britannique concernant plusieurs sujets, et je pense que la campagne pro-Brexit, qui a joué sur la colère au sein de la société européenne, a été très intelligemment menée.

 

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commentaires (4)

C'est l'ue qui dit aux anglais si tu pars je te quitte. Lol. ....

FRIK-A-FRAK

16 h 23, le 27 juin 2016

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Commentaires (4)

  • C'est l'ue qui dit aux anglais si tu pars je te quitte. Lol. ....

    FRIK-A-FRAK

    16 h 23, le 27 juin 2016

  • A quoi sert un bulletin de vote ...? si c'est pour croire en une pétition bidon ...? et pourquoi les signataires de la pétition n'ont 'ils pas tous voté...?

    M.V.

    15 h 20, le 27 juin 2016

  • LORSQUE ON VA DEPOSER SON BULLETIN DE VOTE ET ON DIT NON A L,E.U. ON NE PEUT PAS LE SECOND JOUR REGRETTER LA CONNERIE... OU ON EST CON DES LE DEBUT OU ON NE L,EST PAS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 57, le 27 juin 2016

  • A mon avis cela devrait se régler par une bonne guerre civile . Comme l'ont fait les anglais avec beaucoup de pays en les armant et en les dressant les uns contre les autres . Des exemples ? Inde-Pakistan , Moyen-Orient, Afrique du Sud, Afrique, Asie, amerique du nord etc....

    FRIK-A-FRAK

    12 h 31, le 27 juin 2016

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