Les turbulences liées au Brexit entraînent les économies émergentes dans leur sillage

Les économies émergentes, déjà fragilisées par la chute des matières premières, ont subi de plein fouet les turbulences financières provoquées par le Brexit, avec de fortes chutes des Bourses et des devises.
L'onde de choc de la décision des Britanniques de quitter l'Union européenne s'est d'abord propagée aux pays aux liens les plus étroits avec Londres, dont ceux du Commonwealth, pour ensuite s'étendre à l'ensemble des pays émergents. En Bourse, le constructeur automobile indien Tata Motors, propriétaire de Jaguar Land Rover, a perdu 12 %.
Du côté des devises, la roupie indienne a dévissé de 10 % par rapport au dollar juste après la publication du résultat du référendum britannique, le rand sud-africain a plongé de 8 % à la clôture pour atteindre son plus bas niveau depuis 2008 et le peso mexicain a cédé 3,12 %.
L'Afrique du Sud, dont la Grande-Bretagne est le huitième partenaire commercial, s'est retrouvée rapidement secouée, ainsi que des pays comme le Nigeria ou l'Ouganda, qui sont très dépendants des investissements britanniques.
Les économies émergentes se remettent à peine de la décision de la Banque centrale américaine, la Fed, de relever ses taux à la fin de l'année dernière, décision qui aussitôt avait suscité des transferts importants de capitaux vers des marchés jugés moins risqués.
La hausse des taux américains a également compliqué leur possibilité de se financer sur les marchés pour faire face à la chute de leurs revenus après la dégringolade des cours des matières premières, provoquée par le ralentissement de la croissance chinoise.
Dans ce contexte, les autorités des pays émergents ont tenté dans un premier temps de rassurer les marchés face aux turbulences provoquées par le Brexit. La Banque centrale du Brésil s'est ainsi déclarée disposée à intervenir en cas de besoin. « Notre économie a des fondamentaux robustes pour faire face aux mouvements engendrés » par la décision choc des Britanniques, a assuré la Banque centrale.

Volatilité redoutée
Au Mexique, le gouvernement a été l'un des premiers à prendre des mesures drastiques à l'annonce du Brexit : il a annoncé une réduction de ses dépenses budgétaires de 1,68 milliard de dollars pour atteindre son objectif de déficit.
Le ministre mexicain des Finances, Luis Videgaray, a redouté une « grande volatilité sur les marchés » et est intervenu pour éviter « des épisodes spéculatifs » contre la monnaie mexicaine.
Olivier Garnier, chef économiste de la Société générale, doute toutefois que le Brexit ait des répercussions sur les marchés émergents au-delà du choc initial.
« Les tensions de la fin de l'année dernière sur les marchés émergents étaient dues à la décision de la Fed de relever ses taux d'intérêt. Or, avec le Brexit, la perspective d'une nouvelle hausse des taux est repoussée, ce qui tend à calmer les choses pour les marchés émergents », a-t-il expliqué.
Le vote britannique intervient également à un moment où les prix des matières premières sont en train de rebondir légèrement, à l'image du pétrole. Les pays émergents sont un peu moins pris au dépourvu qu'il y a six mois, mais les dangers persistent.
Si le Brexit donne un coup de frein à l'activité économique mondiale et provoque une nouvelle chute de la demande de matières premières, les pays émergents se retrouveront dans une situation similaire à celle du début de l'année.
En outre, « comme le dollar joue le rôle de valeur refuge, il peut y avoir aussi des pressions baissières sur les monnaies émergentes », a prévenu M. Garnier.
Antonio RODRIGUEZ/AFP