Le Hezbollah défend la proportionnelle comme « seule option » plausible de déblocage

Dans le cadre des cérémonies itinérantes d'hommages aux combattants du Hezbollah tués en Syrie, les représentants de ce parti ont proposé en fin de semaine une alternative pour percer l'immobilisme politique : un package-deal (dont ils n'ont pas précisé les contours) ou une nouvelle loi électorale, fondée entièrement sur la proportionnelle, « seul moyen » d'entamer le processus de déblocage politique.
Le chef du bloc de Fidélité à la résistance, le député Mohammad Raad, a fait part hier d'une certaine confiance dans une « réforme » interne. « La situation de décrépitude ne durera pas longtemps, grâce à votre détermination au changement », a-t-il déclaré à la husseiniyé de Deir Zahrani. « Loin de nous, en cette période sensible, l'idée de renverser la table, mais cela ne nous empêche pas d'envisager des démarches réalistes de réforme. Ce sont nos alliés, sur lesquels nous pouvons compter, qui nous y encouragent, mais aussi les développements (régionaux et mondiaux). En effet, tous ceux qui ont conspiré contre notre région commencent à tomber l'un après l'autre », a poursuivi M. Raad, voyant dans le Brexit « le début de l'effritement de l'Union européenne et une incitation à la scission d'autres États ». D'où l'importance, pour le Liban, « de rester uni pour obtenir gain de cause ».
Le député du même bloc, Ali Fayad, a réaffirmé la velléité du Hezbollah d'un package-deal et accusé le courant du Futur et les Forces libanaises de le bloquer. Prenant part hier à l'inauguration de la forêt de Taybé, réhabilitée par la Fédération des municipalités de Jabal Amel, il a dénoncé les discours respectifs du courant du Futur et des Forces libanaises, « qui convergent dans leur refus de la logique du package-deal et qui, de surcroît, mettent en échec toute possibilité de faire voter une loi électorale fondée entièrement sur la proportionnelle. Ce faisant, ils nous empêchent de trouver une solution ».

« Une idéologie supérieure »
Renchérissant sur ce point, le ministre d'État Mohammad Fneich a déploré le fait que « le camp opposé n'est pas libre de ses décisions, et c'est cela la principale cause des crises dans nos rapports. Parce que ceux qui sont liés à une partie étrangère ne peuvent tirer profit du dialogue ». Lors d'une cérémonie à Yohmor Chkif, en présence du député Abdellatif Zein et du représentant du député Yassine Jaber, il a plaidé pour la proportionnelle « sur une circonscription unique ou des circonscriptions élargies », comme « le prélude naturel à la réforme ». « Que celui qui refuse cette loi assume seul la responsabilité du prolongement de la crise politique actuelle », a-t-il affirmé.
En attendant, « la résistance, inatteignable, va en se renforçant », a martelé le président du conseil exécutif du Hezbollah, Hachem Safieddine, lors d'une cérémonie à Baraachit (Liban-Sud). Il a préconisé « une lecture à long terme des tenants et aboutissants de la bataille (en Syrie) contre les sionistes », et dénigré tous ceux qui « mènent une campagne vaine contre le Hezbollah », « l'idéologie de la résistance étant la plus forte ».
Moins virulent, le député Hassan Fadlallah a déclaré hier que « le sang que nous versons chaque jour est pour notre avenir à tous (...) Notre confrontation avec les takfiristes a fait que le Liban existe toujours (...). Ce ne sont pas des mots en l'air, mais des constats factuels, vérifiés sur les exemples de l'Irak et de la Syrie », a-t-il estimé, lors d'une cérémonie à Aïta el-Jabal (Liban-Sud). Mais « la sécurité nécessite en parallèle une stabilité politique, que la résistance ne peut assurer seule. À l'équation extérieure de lutte contre l'ennemi sioniste, s'ajoute l'équation d'un changement interne : la première nécessite des armes, mais la seconde passe par les mécanismes constitutionnels et légaux internes ». Dans ce sens, « la seule percée que nous puissions réaliser à l'ombre de la crise de notre système politique est l'approbation d'une loi électorale juste, qui générerait un nouveau Parlement, et donc un nouveau cabinet et un nouveau président. Elle serait l'ombrelle politique de protection du pays ».

Réaffirmer l'alliance avec Amal
Samedi, le discours du Hezbollah était axé sur la crise déclenchée à Bahreïn depuis le retrait de la nationalité du plus haut dignitaire chiite du pays, le cheikh Issa Kassem. « Ce qui se passe à Bahreïn fait partie du plan sioniste contre l'islam authentique, et donc contre la résistance, sur les deux scènes arabe et internationale », a estimé le député Hussein Moussaoui, lors d'une réunion politique à Baalbeck. Le député Mohammad Raad a dénoncé pour sa part, lors d'une cérémonie à Nabatiyé, « les arrogants, protégés par des parties régionales, qui usurpent les droits des fils de notre oumma, jusqu'à confisquer leurs nationalités ».
Notons enfin que le bloc parlementaire de la Fidélité à la résistance a convié des ministres, députés et cadres du Hezbollah et d'Amal à un iftar en son siège à Haret Hreik, samedi soir, en présence du directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim. Dans un communiqué, le bloc a réaffirmé « l'homogénéité des points de vue des deux formations (Amal et le Hezbollah) concernant les développements au Liban et dans la région, et la constance de leurs positions face aux défis actuels ».

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