Du Brexit au Nexit et au Frexit, en passant par les renégociations de leur adhésion à l'Union européenne, les eurosceptiques à travers l'UE ont crié victoire hier et appelé à un référendum dans leurs pays, faisant grandir les craintes sur le futur de l'unité européenne.
« Je pense que c'est la fin de l'UE. Il n'y a pas de retour possible », a déclaré le député néerlandais d'extrême droite Geert Wilders, réclamant un référendum sur un Nexit, une sortie néerlandaise de l'Union européenne. « L'UE s'est déjà éteinte », a-t-il ajouté. Selon les résultats définitifs, les Britanniques ont voté jeudi à 51,9 % des voix pour sortir de l'UE, contre 48,1 % pour rester. Geert Wilders, dont le parti est invariablement placé en tête des derniers sondages, assure aussi qu'il y aura un référendum néerlandais s'il devient Premier ministre aux élections en mars. « Je formerai une coalition au sein de laquelle un accord sur la tenue d'un référendum a été passé, je gouvernerai avec des partis favorables à un tel référendum », a-t-il expliqué.
« Victoire de la liberté ! Comme je le demande depuis des années, il faut maintenant le même référendum en France et dans les pays de l'UE », a de son côté déclaré la présidente du parti français d'extrême droite Front national (FN), Marine Le Pen, sur son compte Twitter, appelant à la tenue d'un tel vote dans les six mois. Alors que la France compte parmi les six pays fondateurs de l'UE, comme les Pays-Bas, Marine Le Pen assure vouloir devenir « madame Frexit » : « L'Europe sera au cœur des prochaines élections présidentielles », au printemps 2017.
L'UE fait face à des divisions profondes sur la manière de gérer la crise migratoire, mais aussi les problèmes financiers de plusieurs pays membres. Et nombreux sont ceux qui craignent un effet domino poussant d'autres États à quitter l'Union, suivant l'exemple de la Grande-Bretagne et portant un coup plus terrible encore au projet européen.
(Lire aussi : Brexit : le Royaume-Uni plus divisé que jamais, l'Europe veut accélérer le divorce)
« Retour de manivelle »
« L'Union européenne, on la change ou on la quitte », a pour sa part lancé le candidat d'extrême gauche à l'élection présidentielle française, Jean-Luc Mélenchon, relançant son appel à la « sortie des traités européens. Bien sûr, la caste des eurolâtres ne tiendra aucun compte de ce qui vient de se passer et continuera de fustiger les extrêmes, le repli sur soi et l'amour des peuples pour leurs libertés et dignité sociale. Plus dure sera leur chute », a conclu sur Facebook le candidat de La France insoumise, qui récolte 10 à 15 % des intentions de vote au premier tour dans les sondages.
En Italie, Matteo Salvini, dirigeant du parti anti-immigration de la Ligue du Nord, a salué sur Twitter le « courage des citoyens libres » face aux « mensonges, menaces et chantages. (...) Maintenant, c'est à notre tour ». Le Parti communiste portugais, allié du gouvernement socialiste, a aussi salué cette « victoire sur la peur, l'inévitabilité, la soumission et le catastrophisme », offrant de nouvelles armes « contre l'UE du grand capital et des grandes puissances », selon l'eurodéputé Joao Ferreira. De son côté, le parti danois de droite populiste DF a affirmé : « C'est formidable que les auteurs de cette campagne d'intimidation aient subi un retour de manivelle. »
(Lire aussi : Brexit : pourquoi le divorce sera long et compliqué)
Appels à la démission
Le président du Parti de gauche suédois Jonas Sjöstedt, mais aussi du Parti populaire danois ont quant à eux plaidé pour des renégociations en vue d'« une collaboration moins contraignante avec l'UE ». La chef du parti populiste de droite allemand AfD, Frauke Petry, souhaite, elle, « une Europe des patries » et évoque d'autres possibles sorties de l'UE si elle « n'abandonne pas (...) son expérience quasi socialiste de l'intégration toujours plus poussée ». Des appels de démission du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et du président du Parlement européen Martin Schulz se sont même fait jour : « Juncker et Schulz sont responsables, ils doivent démissionner », selon une autre dirigeante de l'AfD, Beatrix von Storch. Le président du parti d'extrême droite autrichien FPÖ, Heinz Christian Strache, a aussi demandé leur démission par « décence et aussi par respect pour un meilleur avenir de l'Europe ».
Lire aussi
Comment les Libanais au Royaume-Uni vivent le choc du Brexit
Le populisme à l'échelle mondiale à un nouveau climax : le Brexit
Le « Bloody Friday » épargne en partie Londres et Wall Street
« La question cruciale est : quelle sera l'attitude de l'UE par rapport à l'Écosse ? »
Sept conséquences pratiques d'un Brexit pour les Britanniques
Les prochaines étapes pour l'UE après la victoire du Brexit
Reportage
Au QG de campagne des pro-Brexit, on fête "l'indépendance" du Royaume-Uni
commentaires (4)
L'Europe comme elle existe actuellement est bel et bien morte. La nouvelle Europe saura tirer les leçons des injustices faites aux peuples. La Grèce à été l'idiot du village pour n'avoir pas su être un précurseur.
FRIK-A-FRAK
20 h 34, le 26 juin 2016