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Économie - Liban - Agriculture

Les producteurs de blé inquiets pour leurs subventions

À quelques heures de la fin de l'ultimatum qu'ils ont lancé au gouvernement, les cultivateurs craignent que la démission du ministre de l'Économie ne retarde le versement de leurs subventions.

Les producteurs de blé promettent de manifester en cas de retard dans le versement de leurs subventions. Photo NNA

Las de devoir composer avec des retards dans le versement de leurs subventions, les producteurs de blé au Liban ont décidé de faire pression sur l'État.
« L'ultimatum lancé au gouvernement par les cultivateurs de blé il y a 3 semaines se termine aujourd'hui », rappelle Ibrahim Tahchichi, le président de la Fédération des syndicats d'agriculteurs de la Békaa, qui présente 90 % des cultivateurs de blé au Liban. « Plus de 2 000 producteurs qui dépendent de cette subvention craignent que la démission, le 14 juin, du ministre Kataëb de l'Économie et du Commerce, Alain Hakim, ne retarde son versement en 2016 », ajoute de son côté le président du syndicat des cultivateurs de blé, Khaled Chouman.

Prix de soutien
Le versement des subventions aux producteurs de blé au Liban est régi par le décret législatif n° 143 du 12 juin 1959 portant sur l'organisation et le fonctionnement de la Direction générale des graines et de la betterave sucrière au ministère de l'Économie. Ce texte institue un mécanisme de subvention pour soutenir la production locale à travers la fixation d'un prix de soutien « qui ne lèse pas le consommateur », précise l'article 2 du décret. « Suspendu pendant la guerre civile, ce mécanisme a été réactivé en 1995 pour encourager les agriculteurs à abandonner la culture du haschisch et du pavot », raconte M. Tahchichi. En 2005, le ministre de l'Économie, Sami Haddad, a tenté de supprimer cette mesure qu'il juge « injustifiée au regard de l'importance décroissante de la production de blé pour l'économie libanaise », avant de se rétracter face aux protestations des agriculteurs. En l'absence de statistiques centralisées, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (Fao) a estimé la production nationale à 140 000 tonnes environ en 2015. Dans le même temps, le pays a importé sur la même période plus de 612 000 tonnes de blé et de méteil (mélange de blé et d'autres céréales) pour plus de 17 577 tonnes de farine fabriquée à partir de cette céréale.

 

(Pour mémoire : Bou Faour : Tout le blé libanais n'est pas cancérigène)

 

En pratique, le mécanisme mis en place par la loi oblige le ministère de l'Économie à racheter et stocker – dans des silos qu'il loue dans la Békaa – tout le blé produit au Liban avant de le redistribuer aux entreprises chargées de le transformer (meuniers et boulangeries). Le prix de soutien est quant à lui défini en fonction des coûts de production du blé pour les producteurs libanais et de la récolte de la saison. La loi impose qu'il soit fixé au plus tard en mai – soit juste avant la période des moissons, de juin à juillet. « Nous espérons que ce dernier soit fixé aux alentours de 590 livres (0,39 dollar) le kilo de blé, pour un coût moyen de production estimé à 500 livres (0,33 dollar) », confie M. Chouman.

« Le fait que le prix de soutien du blé doit être validé par le Conseil des ministres a parfois engendré d'importants retards dans le versement des subventions, comme en 2015, où les ministres n'avaient pas réussi à s'entendre sur le prix du blé », rapporte M. Chouman. Pour compenser ce retard, le gouvernement avait finalement décidé d'accorder, le 31 mars, une indemnité de 175 000 livres libanaises par are de surface cultivée de blé, moissonnée en 2015 et dont la production n'avait pas pu être vendue. « Un palliatif insuffisant pour de nombreux agriculteurs qui ont été obligés de s'endetter pendant plusieurs mois en attendant le versement de cette indemnité, qui a débuté en avril », déplore M. Tahchichi.

Quant au versement de la subvention en 2016, M. Hakim, qui continue à suivre le dossier à distance malgré sa démission, assure que « le Conseil des ministres a déjà donné son autorisation (le 16 juin) – au ministère de l'Économie et devrait, sauf surprise, fixer le prix d'achat pour 2016 dans les prochains jours », confie M. Hakim. « La Fédération des syndicats d'agriculteurs de la Békaa prévoit de son côté de manifester dès la fin du ramadan, si aucune évolution n'est constatée d'ici là », prévient M. Tahchichi.

 

Pour mémoire
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