Rechercher
Rechercher

Liban - Santé

La psychologie à but intégratif, une arme contre l’Alzheimer

Travailler la mémoire présente est une technique qui fait partie intégrante de la Gestalt-thérapie.

Le support psychologique à but intégratif a pour principal objectif de faciliter la distinction des troubles de la mémoire des autres incidences psychologiques liées au processus normal de vieillissement. Photo Bigstock

« La vieillesse est impitoyable », disait Jean de La Fontaine. Une parole pessimiste, mais certes prophétique quand avec elle surviennent régulièrement des oublis répétés, des inconsciences momentanées, des égarements et un vocabulaire de plus en plus haché. Ces signes, souvent vécus honteusement, sont des symptômes courants de la maladie d'Alzheimer, qui touche selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) quelque 28 à 33 millions de personnes dans le monde.

Aujourd'hui, aucune cure n'a encore été trouvée à la maladie, mais les progrès et recherches semblent encourageants. Sans guérir les malades, la médecine peut aujourd'hui leur offrir des améliorations certaines dans leur vie de tous les jours et retarder le déclin psychologique des personnes âgées.

Le « support psychologique à but intégratif » est une de ces armes contre l'Alzheimer. Cette technique fait partie intégrante de la Gestalt-thérapie, une approche thérapeutique qui se concentre sur l'expérience subjective du patient et prend en compte ce qui se passe pendant la séance. Elle se distingue largement de la psychologie analytique.
L'objectif principal du « support psychologique à but intégratif » est d'abord de faciliter la distinction des troubles de la mémoire des autres incidences psychologiques liées au processus normal de vieillissement.

Alors que la psychologie analytique travaille l'inconscient, le support psychologique à but intégratif vise à reconstruire la mémoire active chez ces patients, « dans l'ici et le maintenant », à travers la conscientisation et la participation.
« Je pars du fait que la neuroplasticité est une disposition naturelle du cerveau à s'adapter et reconstruire ses dispositions de façon continuelle », explique Joe Akoury, psychologue et Gestalt-psychothérapeute. Par son travail, le pratiquant vise donc à faire récupérer aux patients les trous de mémoire ainsi que les correspondances ratées dans le dessein de leur permettre de récupérer leur neuroplasticité, et les réponses aux symptômes et aux souffrances quotidiennes.

Selon lui, les soins actuels donnés pour prendre en charge la démence manquent considérablement de ces moyens qui actualisent la dynamique d'éveil de la personne souffrante. Il considère qu'il faut en priorité aller à la rencontre d'éléments plus nets et de leurs conséquences, dans le but d'aider le patient à améliorer ou à garder son autonomie. « On doit se concentrer sur le fait que la personne garde son autonomie psychophysiologique et pas uniquement psychologique », explique Joe Akoury.

 

(Lire aussi : Alzheimer : la découverte de mycoses relance la piste infectieuse)

 

Libanais déjà déboussolés
Par ailleurs, le psychologue associe certaines pathologies au contexte particulier du pays, car la génération des 50-70 ans, âge auquel apparaissent généralement les premiers symptômes de la maladie, sont des personnes qui ont connu la guerre civile, suivie d'un enchaînement de crises dans le pays.
« Les confusions, les oublis répétés et les coupures mnémoniques font partie des interruptions de la dynamique de vie au quotidien pour un nombre croissant de Libanais déjà déboussolés dans le chaos de leur propre pays, avance-t-il. Ces vécus reflètent souvent les habitudes de la distanciation, du sentiment d'impuissance, de l'isolement et de la culpabilité. »
La mémoire est entre la maintenance du passé et du présent. Il estime que la situation au Liban depuis l'indépendance est en régression. Elle implique un va de soi individuel et la baisse des élans positifs au niveau de l'inconscient collectif.
« Entre 50 et 70 ans, on est à un âge de chevauchement, du dernier parcours professionnel au cours duquel on réaffirme ses compétences, note Joe Akoury. Le Libanais est davantage familier au processus de déni. En perpétuelle stagnation du point de vue formel et politique, à l'instar de la Constitution et de la politique du pays, il fait taire aussi les problèmes de mémoires. »
La Gestalt-thérapie est une approche humaniste de la psychologie que Joe Akoury considère ici comme essentiellement complémentaire aux soins médicaux. Dans ce cadre, le spécialiste franco-libanais organise régulièrement des formations à l'adresse des médecins et du corps paramédical.

 

Lire aussi

Alzheimer : une maladie mieux connue, mais toujours incurable

« La vieillesse est impitoyable », disait Jean de La Fontaine. Une parole pessimiste, mais certes prophétique quand avec elle surviennent régulièrement des oublis répétés, des inconsciences momentanées, des égarements et un vocabulaire de plus en plus haché. Ces signes, souvent vécus honteusement, sont des symptômes courants de la maladie d'Alzheimer, qui touche selon...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut